AU PALAIS Elle poignarde celui qui la battait : 3 ans de prison

Dans un contexte d’alcoolisation et de violences répétées, une quinquagénaire a porté un coup de couteau à son compagnon.
« Je reconnais les faits et la gravité de mon geste. J’ai failli le tuer et je dois être punie pour ça ». D’emblée, Carine démontre qu’elle a compris les enjeux de son procès qui s’est tenu vendredi matin devant le tribunal correctionnel d’Alès.
Le 11 mai 2017, à son domicile du Vigan, elle a poignardé au thorax son compagnon de boisson. « On avait une relation d’alcooliques », dira-t-elle. C’est peut-être à cause des nombreux verres de vin blanc que les versions des deux protagonistes ne concordent pas. La victime, Alexandre, a concédé pendant l’enquête avoir tenté d’étrangler Carine, avant de revenir sur ses déclarations, et finalement de déclarer aux enquêteurs de choisir celle qu’ils préfèrent ! Carine, elle, a toujours affirmé avoir été étranglée et avoir réagi en conséquence : « J’ai eu peur, j’étais en train de manquer d’air. Je l’ai frappé avec le couteau. Pourquoi ? Je ne sais pas, je ne peux pas l’expliquer ».
Légitime défense ?
Ce qui ne plaide pas en la faveur de Carine, c’est que son casier judiciaire compte deux condamnations, dont une pour des violences sur son fils. L’alcool déjà… « Je suis alcoolique depuis 2001 », reconnait la quinquagénaire, marquée. De plus, alors qu’elle avait bénéficié d’une libération sous contrôle judiciaire en attendant son procès, elle a retrouvé Alexandre pour boire avec lui, ce qui lui était formellement interdit.
Pour le procureur, François Schneider, Carine a frôlé les assises : « Le cœur a été touché. C’est un miracle qu’il soit encore en vie ». Geste à l’appui, il tente enfin de démontrer que la version de l’accusée sur la manière dont elle a porté le coup de couteau est physiquement impossible. Il requiert alors deux ans de prison dont six mois avec sursis. Un réquisitoire plutôt clément dans la mesure où la prévenue a déjà fait 15 mois de détention.
Pour la défense de Carine, maître Sophie Bonnaud plaide la légitime défense : « Elle se sentait en danger de mort. Ce jour-là, elle a répondu instantanément à cette attaque. La réponse était proportionnée ». Le tribunal n’a pas apprécié la scène de la sorte puisqu’il a été plus sévère que le procureur : trois ans de prison dont un an avec sursis.
Tony Duret