La dernière réunion du conseil municipal de Bagnols de l’année se tenait ce samedi matin, avec un menu notamment le vote du budget primitif 2020 et des taux d’imposition. Et à l’inverse de ce qui s’est passé à Pont-Saint-Esprit jeudi soir, à Bagnols le budget est passé comme une lettre à la Poste.
Voire même « comme un pet sur une tringle à rideau », pour reprendre l’expression inhabituellement triviale utilisée par le conseiller municipal d’opposition Serge Rouquairol pour féliciter la majorité au sujet des travaux de la place Jean-Jaurès, qui, d’après l’élu, fluidifient la circulation. Le budget en lui-même, présenté par l’adjoint Michel Cegielski, comporte un fonctionnement en baisse, à 22,39 millions d’euros (- 4,36 %). « Il y a une baisse des charges générales, dues aussi au transfert de la cuisine centrale vers l’Agglo », commentera l’adjoint.
Les charges de personnel baissent aussi, de 2,19 % (à 12,7 millions), et reviennent au niveau de 2018. Côté dette, l’atténuation de l’annuité baisse de 50 000 euros, malgré les emprunts de l’année dernière. Les recettes sont à l’avenant, et permettent de dégager un excédent de fonctionnement de 2,5 millions d’euros, « c’est notre capacité d’autofinancement, ces excédents sont reportés sur l’investissement », précise Michel Cegielski.
Côté investissement, le budget prévoit des dépenses d’équipement de 7,79 millions d’euros, dont 2 millions pour la voirie et les réseaux. « Jamais une telle capacité d’investissement n’a été présentée », soulignera l’adjoint, tout en précisant que dans le tas, « 650 000 euros ne sont pas attribués et seront à disposition de la prochaine équipe municipale. » De quoi tenir quelques promesses de campagne. « C’est un budget toujours volontariste », conclura Michel Cegielski.
« Une opposition constructive »
Du côté de l’opposition, les débats resteront feutrés malgré l’approche des élections municipales de mars. Christian Roux sera le premier à se lancer, pour estimer que les différents dispositifs gouvernementaux dont bénéficie Bagnols dernièrement « s’imposent à la collectivité, la collectivité n’impose pas son analyse des véritables besoins de la population et de la ville » avant de regretter que « sur l’opération Coeur de ville, l’avenue Langevin n’est pas intégrée. » Enfin, comme chaque année, Christian Roux rappellera qu’une partie de l’autofinancement était due « à la hausse des taxes locales engagée il y a trois ans. »
Sa colisitère Claudine Prat interviendra ensuite sur des points techniques, avant que l’ex-FN Jean-Pierre Navarro ne livre son analyse du budget, critiquant notamment l’endettement de la commune, de 1 276 euros par habitant. Serge Rouquairol prendra ensuite le micro pour saluer d’abord le fait que le budget comporte les 650 000 euros non attribués en investissement, avant de souligner « les différents effets d’aubaine » créés par les différents dispositifs arrivés à Bagnols ces derniers temps. Saluant ensuite « les efforts de gestion et la volonté de réduire la dette », Serge Rouquairol fera de même concernant les travaux de la place Jean-Jaurès et le doublement de la vidéosurveillance. « Les efforts effectués m’ont personnellement convaincu, je voterai ce budget », conclura-t-il.
Avant que le maire ne reprenne la parole, le président de l’Agglo Jean-Christian Rey précisera que sur la cuisine centrale, la ville avait certes gagné sur les ressources humaines, mais perdu les rentrées d’argent de l’équipement. « Il n’y a pas d’économie sur le dos des uns et des autres, la cuisine centrale est totalement équilibrée », affirmera-t-il, histoire de répondre à des critiques émises par d’autres élus que ceux du conseil municipal de Bagnols récemment.
« Je vous remercie d’avoir été une opposition constructive », lancera ensuite le maire Jean-Yves Chapelet. Le premier édile répondra dans le désordre aux différentes observations, en « réfutant » le terme « effet d’aubaine » employé par Serge Rouquairol : « c’est le travail en meute qui paie, on s’est mobilisés, il y a eu un boulot de fond. » Sur la critique de Christian Roux, reprise d’ailleurs par Serge Rouquairol, le maire répondra que « est-ce que Bourgneuf, l’église, la Pyramide, le Pôle d’échanges multimodal, la navette urbaine sont du suivisme ? J’ai plutôt l’impression que nous sommes moteurs. » Sur le devenir de l’avenue Langevin, « il faut maîtriser ses dossiers, elle est dans le périmètre de l’opération Coeur de ville. On s’en occupe, mais chaque chose en son temps. »
Et le maire d’estimer que « nous avons une santé financière exemplaire » et de s’appuyer sur le rapport de la Chambre régionale des comptes qui sortira dans les prochains mois pour le dire. « Si je suis encore là, je serai heureux de présenter ce rapport, et si c’est quelqu’un d’autre, j’espère qu’il sera suffisamment honnête pour le faire », ajoutera Jean-Yves Chapelet. Après avoir précisé que les taux d’imposition locale ne bougeront pas, le maire mettra le budget au vote.
Le budget primitif sera adopté avec « seulement » 4 voix contre, Claude Roux et Serge Rouquairol ayant décidé de le voter.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi :
39 millions d’euros pour la rénovation urbaine : la convention de renouvellement urbain du quartier des Escanaux dans le cadre du Nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU) a été votée à l’unanimité. En tout, 39 millions d’euros sur la période 2019-2024 sont prévus, dont 9 millions pour des actions directement portées par la Ville dans le quartier. Répondant aux questions de l’opposition, le maire précisera qu’il s’agit « principalement de déconstruction, pas de reconstruction de logements sociaux sur le territoire de la commune. Nous en avons déjà reconstruit, et dans le cadre du Programme local de l’habitat, il y en aura sur l’ensemble de l’Agglo. » Et le maire de rappeler qu’il a « piqué un coup de gueule » l’été dernier devant l’inertie du projet de renouvellement urbain, coup de gueule « qui a servi d’accélérateur », commentera le conseiller municipal et député Anthony Cellier. « Nous avons même eu un peu plus que ce qu’on attendait », se félicitera le maire. La convention du NPNRU sera signée officiellement le 29 janvier prochain.