Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 14.10.2020 - corentin-migoule - 3 min  - vu 1366 fois

ALÈS Le double champion du monde Amine Feddal met la lumière sur la boxe française

Ben Feddal (à gauche), et son fils Amine qu'il a lui-même en partie formé. (Photo DR)

Dans l’ombre de la célèbre boxe anglaise et moins en vue que le très en vogue MMA, la savate boxe française est une discipline tout aussi exigeante, alliant pieds-poings, et dans laquelle l’Alésien Amine Feddal excelle depuis plusieurs années.

Il aurait pu choisir la plus médiatique boxe anglaise, ou le judo qu'il a éliminé après un essai non concluant marqué par une déculottée dont il se marre encore, mais Amine Feddal se tourne très vite, dès l’âge de 8 ans, vers la savate boxe française. Il commence les combats en 2009 et atteint déjà la demi-finale du championnat de France Espoirs qui laisse entrevoir un avenir doré. L’année d’après, passé chez les Juniors, il devient champion de France à domicile, grâce à une victoire en finale au Parc des expositions de Méjannes-les-Alès.

Les portes de l’équipe de France s’ouvrent alors, et avec elles, les championnats d’Europe où il décroche une médaille de bronze. Après plusieurs échecs en quart puis en demi-finale, il devient champion de France Élite en 2017. Comme chez les Feddal la boxe est une affaire de famille, c’est face à son petit frère qu’il s’est retrouvé en finale. « Il a beaucoup de talent mais c’est un fainéant. Moi je n’ai pas le talent mais je suis un gros travailleur donc je compense », résume humblement Amine, éraflant au passage son cadet qui a arrêté la boxe il y a un an après un K.O dévastateur.

"Toto" Mastropasqua, l'homme providentiel

La même année, en décembre, il devient champion du monde à Toulouse en battant un Croate coriace au cours d’un meeting organisé par son nouveau club, celui du tremplin, le Toulouse Multi-Boxe. « En boxe française pure, c’est le meilleur club du pays et même le meilleur club du monde », indique l’Alésien qui, après des résultats prometteurs avec son club de Saint-Hilaire-de-Brethmas, a véritablement explosé avec la structure toulousaine.

L’émulation de groupe qu’il n’y avait pas lors de ses années de transition au centre de ressources d’expertise et de performance sportive (CREPS) conjuguée au savoir-faire de "Toto", alias Antonio Mastropasqua, son nouvel entraîneur, ne sont évidemment pas étrangers aux bonnes performances répétées du boxeur longiligne. Car du haut de son mètre quatre-vingt-huit, et même si son poids de forme est plus proche de 70 kilos, Amine Feddal a choisi de concourir dans la catégorie des moins de 65 kilos : « Une catégorie où je performe, dans laquelle je me sens bien », justifie l’intéressé, qui profite aussi d’une allonge supérieure à ses adversaires.

La souplesse qu’il juge comme la qualité principale pour un pratiquant de ce sport de percussion n’est paradoxalement pas la sienne : « Je ne lève même pas la jambe jusqu’au visage », s’amuse l’athlète, qui considère être dans ses plus belles années sur le plan sportif. Ce manque d’élasticité ne l’a pas empêché de devenir champion du monde pour la deuxième fois de sa carrière, le 30 novembre 2019, jour de son vingt-huitième anniversaire, en terrassant un Russe déjà vaincu quelques mois plus tôt en finale des championnats d’Europe.

La quête d'un troisième titre mondial

La pandémie est depuis passée par là, éloignant Amine Feddal des rings. L’occasion de se consacrer à son projet professionnel, qu’il a tenu à garder secret pour que la boxe reste malgré tout au centre du propos. La famille, si importante aux yeux du boxeur, a donc reçu des visites plus fréquentes du champion, qui n’a pas oublié de faire un détour par la nouvelle salle Alès MMA, où son infatigable papa, Ben Feddal, avec lequel il entretient une relation fusionnelle, donne des cours de pieds-poings.

Le double champion du monde, qui regrette le manque de considération de sa discipline, où les primes de la fédération internationale à destination du champion du monde sont dérisoires (600 euros), aura-t-il un jour l’envie de transmettre son art en endossant le costume de coach ? « Pour l’instant non. Je veux me consacrer à ma carrière de compétiteur et récupérer mon titre de champion de France en 2021, que j’aurai perdu cette année puisque je ne vais pas y prendre part », rétorque le boxeur réputé pour son fair-play.

La coupure semble avoir galvanisé l’Alésien, à nouveau prêt à se faire mal à l’entraînement deux fois par jour, à la quête d’un troisième sacre mondial, avant une possible transition vers le kick-boxing : « La différence avec la boxe française c’est que ça se pratique pieds nus. Il n’y a pas la chaussure qui protège le pied donc les coups font plus mal. J’ai envie d’essayer. »

Corentin Migoule

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