DÉPARTEMENT La gestion du président Denis Bouad à la loupe
Les élus ont examiné, ce matin, le rapport de la Chambre régionale des comptes sur la gestion du Département ces cinq dernières années. Hasard du calendrier, celui-ci tombait lors de la dernière séance publique présidée par Denis Bouad, élu au Sénat.
Un rapport de la Cour des comptes comme cadeau de départ ? Passant au crible la gestion du Département, les juges n'ont pas été très sévères sur la gestion de Denis Bouad, même si, quelques recommandations ont été formulées. L’examen du rapport, ce matin, n’était pas anodin. Ce dernier tombait lors de la dernière séance publique présidée par Denis Bouad, contraint de démissionner le 27 octobre après son élection au Sénat en raison de la loi contre le cumul des mandats.
Une démocratie qui marche bien
Le rapport a passé en revue la gestion de la collectivité, ces cinq dernières années, en matière de gouvernance, finances, ressources humaines, dépenses sociales, et exploitation des routes. En matière de gouvernance, la directrice des services, Virginie Paquien, a expliqué que « les juges ont salué la transparence avec l’organisation de nombreuses séance publiques, 8 à 10 par an, mais aussi le lancement des audits. »
« Merci qui ? », questionne l’opposant nîmois, Laurent Burgoa. Une intervention qui rappelle à la majorité relative de Gauche que ce rapport, c’est aussi un peu le leur. « Vous serez tentés de dire que vous n’avez pas eu besoin de nous… Mais en opposition constructive, nos propositions ont soigné la collectivité », ajoute le centriste, Thierry Procida. Le président, Denis Bouad, n’entend pas se faire piquer la vedette : « L’audit financier que vous aviez demandé n’avait aucun intérêt sans l’audit organisationnel et patrimonial que nous avons réalisé. Il a permis de diminuer nos dépenses et d’apporter de meilleurs conditions de travail à nos agents ! »
Une gestion du personnel perfectible
Les agents, parlons-en justement. Dans son rapport, la Chambre a estimé que la masse salariale avait était « contenue mais pas diminuée en raison notamment de l’évolution de carrière des agents que la collectivité supporte », rapporte la directrice. Une remarque à l’image de l’ensemble des dépenses de fonctionnement qui sont restés dans les clous du Pacte de Cahors, limitant les dépenses à 1,2% sous peine de pénalités.
Des remontrances ont également été faites sur l’absentéisme des agents avoisinant les 7%. « Aujourd’hui, on voit que l’absentéisme représente 76 911 jours en 2016 soit une moyenne de 23 jours par agent ! Quel est le coût pour notre collectivité ? », peste Laurent Burgoa. À défaut du coût, Denis Bouad avait prévu le coup : « À la ville de Nîmes où vous êtes élu, l’absentéisme est à plus de 7% ! Quand je me compare, je me rassure. »
L’élu communiste, Jean-Michel Suau, invite l’assemblée à réfléchir autrement : « Aujourd’hui bon nombre de postes ouverts sont non pourvus dans social, notamment des médecins. Ils ne viennent pas car on ne les rémunère pas assez ! » Son camarade et président de groupe, Christian Bastid, alerte lui sur « le niveau élevé du reste à charge pour le Département sur les allocations de solidarité (RSA, APA…) soit plus 612 M€ sur sept ans. Il est temps de mettre fin à cette situation ! Nous n’avons pas du tout été laxistes ! »
Des routes mal entretenues
Sur la question des investissements, la Chambre pointe le manque d’entretien des routes sur un tiers du réseau. Une remarque qu’expliquent les élus et notamment le vice-président en charge du dossier, Martin Delord : « L’entretien sur notre réseau existant est considéré comme des dépenses de fonctionnement et non d’investissement. Il serait bon que l’État change cette réglementation qui n’est pas conforme à la réalité du territoire. D’ailleurs, si ce réseau était mieux entretenu, il y aura sans doute moins de dégâts pendant les inondations. »
Une justification que fustige Thierry Procida, gardant toujours en travers la hausse des impôts en début de mandat. Denis Bouad persiste et signe : « J'ai bien fait ! Le Gouvernement vient de décider que nous ne lèverions plus une grande partie de nos impôts pour nous les compenser avec de la TVA… On sait bien que les compensations ne sont pas équivalentes. Si j’avais baissé les impôts, nous serions dans une situation encore plus compliquée. » Et de conclure : « Ce rapport, moi je le pense et je le dis : c’est un excellent rapport ! »
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
Et aussi :
Élisabeth Montez à Habitat du Gard. Lors de cette dernière séance, les élus de la majorité comme de l’opposition ont salué le travail de la directrice de cabinet qui a évolué cinq ans aux côtés de Denis Bouad. « Vous avez su mettre de l’huile dans les rouages », a lancé le président. « Merci d’avoir répondu le dimanche ! », a renchéri Thierry Procida. Agent de la collectivité, Élisabeth Montez ne reprendra pas ses fonctions au Département. Elle part à Habitat du Gard pour participer à la mise en place de la démarche RSE (Responsabilité sociale et environnementale). Et à ceux qui auraient pu lui prêter de futures ambitions politiques, « c’est non ! », répond l’intéressée.
Passe d’armes sur les mineurs étrangers. Après l’effroyable assassinat du professeur Samuel Paty, l’ensemble des élus du Département lui ont rendu hommage. Reflet de la société, le débat sur les mesures à apporter clivent les élus. le militant Rassemblement national Nicolas Meizonnet a insisté sur l’accompagnement des mineurs étrangers qu’il faut « durcir », assurant que « les Barbares sont à nos portes. » Des propos qui font bondir le communiste Jean-Michel Suau : « Vous savez qui est Lassana Bathily ? C’est lui, Malien, musulman, qui a caché les otages de l’attentat de l'Hyper Cacher ! » Enfin, le président Bouad, a appelé « à avoir un côté humaniste et à ne pas généraliser. »
Le Schéma départemental des collèges validé. La vice-présidente chargée de l'Éducation, Nathalie Nury, a présenté le document de planification des collèges 2020-2023. Bonne nouvelle selon elle, « ces cinq prochaines années, nous n’aurons pas besoin de construire d’autre établissement » même si, une rénovation de ceux de Salindres, Saint-Gilles, Pont-Saint-Esprit ou une extension du réfectoire de celui de Villeneuve sont nécessaires. « Nous, nous ne voterons pas ce rapport, a rétorqué l’élu RN Nicolas Meizonnet. Il n’y a rien sur la sécurité. » Une intervention reprise de volée par Nathalie Nury : « Nous avons mis 1 M€ dans les alarmes anti-intrusion. Nous avons mis une personne dans chaque collège formée en cas d’intrusion ou d’incendie. Alors, quand on veut participer à un débat, encore faut-il connaître les dossiers ! »
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