UZÈS Point final pour la librairie le Parefeuille
Après une dernière journée d’ouverture ce samedi, l’emblématique librairie de la place aux Herbes, à Uzès, a définitivement fermé ses portes.
« On a déjà débouché quelques bouteilles de champagne » : la librairie le Parefeuille s’arrête, certes, mais dans la bonne humeur. Après quarante ans de métier à Uzès, place Dampmartin dans un premier temps puis sur la place aux Herbes depuis 1987, Monèle et Yves Mandagot ont tourné la page ce samedi. Et ils l’ont fait avec certains clients fidèles, qui ont tenu à arroser ça.
« On devait fermer jeudi soir, mais on s’est dit que le samedi étant le jour de marché, les gens allaient venir », explique Monèle Mandagot. Ce samedi, ça a un peu été leur « journée bonus », la dernière pour vendre le stock de livres qui leur reste avant de renvoyer les invendus chez les éditeurs. Alors ce samedi, pour la dernière fois « on a essayé de remettre le livres en situation, de boucher un peu les trous dans les étagères pour que les gens soient contents de promener et de découvrir certains auteurs », explique Monèle Mandagot.
Les clients étaient au rendez-vous de cette dernière journée du Parefeuille. « Certains passent pour nous donner le bonjour, il y en a même une qui nous a apporté des chocolats ! », lance-t-elle, en montrant le ballotin offert par la cliente. La fin d’une belle histoire débutée en décembre 1980 lorsque ces deux Parisiens d’origine, après avoir fait des études de sociologie pour elle et d’architecture pour lui, décident de changer de vie et de monter leur librairie à Uzès.
Une librairie avec « une identité », revendiquent-ils à l’heure de la fermer. « Nous voulions créer une librairie telle qu’on l’imaginait, d’offrir des choix, de faire découvrir des choses à notre clientèle », explicite Yves Mandagot. Cela signifie un choix minutieux des livres mis en boutique, une place raisonnable aux « blockbusters » en refusant systématiquement les présentoirs, la place faite aux livres d’architecture et de photo ou encore aux romans graphiques. Pour autant, le Parefeuille n’était « pas sectaire ni élitiste, mais nous n’avions pas envie de simplement poser des livres pour les vendre », résume Monèle Mandagot, qui estime qu’« une librairie c’est une promenade, et ça commence par la vitrine. »
Il leur a fallu batailler pour imposer leur vision des choses aux éditeurs, avant de gagner leur confiance et de nouer des relations durables avec eux, tout comme avec leur clientèle et leur ville. « Nous sommes fiers d’avoir accompagné et contribué à l’essor de la ville », affirme Yves Mandagot, qui a aussi organisé avec son épouse le festival de la BD d’Uzès durant plus de vingt ans. Le dernier en date s’est tenu cet été, malgré le contexte sanitaire.
C’en est donc fini du Parefeuille, nom venu des pavés de terre-cuite qu’on mettait sous les tuiles dans nos contrées pour empêcher les feuilles mortes de rentrer dans le grenier. Après avoir vidé les vitrines dès ce samedi soir, les Mandagot vont s’atteler dès lundi à faire les cartons pour faire place nette à « la Librairie de la place aux Herbes », qui reprendra le flambeau en mars prochain.
Quant à Monèle et Yves Mandagot, ils vont « profiter un peu du temps », selon les mots du libraire. Les livres à lire ne manquent pas.
Thierry ALLARD
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