Comme le rappelle Pascal Gourdel, ex-adjoint aux Finances et soutien de Julien Plantier, « l’inauguration d’un local de campagne est l’un des moments les plus forts d'une campagne électorale ». Un moment crucial même, pour affirmer sa candidature et afficher sa ligne. À cinq mois du premier tour des municipales, l’ouverture du « forum », place Séverine, était attendue. D’abord par l’équipe de Nîmes avenir, nom de la liste de Julien Plantier, désireuse d’afficher sa force dans les tractations avec le candidat LR Franck Proust. Mais aussi par les adversaires, curieux de voir le nombre de personnes présentes et leurs profils.
Autour de 300 personnes réunies
Ce mercredi soir, environ 300 personnes ont répondu présent. Dans la foule : des représentants du bâtiment, des avocats, des professions libérales… L'ensemble des élus du groupe Nîmes avenir étaient là, à l’exception de Nicolas Rainville, retenu à la dernière minute pour arbitrer un match à Munich. « Nous avons choisi ce lieu pour être visibles, il y a beaucoup de passage », explique Julien Plantier. Pourquoi le nom de « forum » ? « Au niveau national, nous sommes dans une forte crise institutionnelle. L’idée est de revenir à la base… Dans la Rome antique, le forum était un lieu d’échange et de débat. On espère donner envie à de nouvelles personnes de nous rejoindre. »
À la tribune, le discours de Julien Plantier est clair, rythmé : « Une page va se tourner. Nous avons un nouveau chapitre à écrire. Nous croyons à une façon de faire autrement de la politique. » Autrement ? À 40 ans, dont 16 ans passés dans l’équipe de Jean-Paul Fournier, Julien Plantier n’a pas le profil d’un révolutionnaire. La politique 'autrement', c’est surtout en opposition avec la désignation de Franck Proust et le refus de ce dernier de partager le pouvoir entre la ville et Nîmes métropole. Sophie Roulle, dont le poste d’adjointe à la Culture a été retiré pour avoir soutenu Julien Plantier, abonde : « Julien Plantier, c’est une politique pour l’intérêt général qui va à la rencontre des Nîmois. C’est peut-être ce qui a manqué… »
Yvan Lachaud, l'invité surprise...
« La société a changé, la politique doit évoluer », martèle le candidat Nîmes avenir. Un discours qui fait écho à celui d’une autre candidate : la tête de liste de « Place aux Nîmois » et présidente de Renaissance dans le Gard, Valérie Rouverand. Son groupe Les Progressistes au conseil municipal s'était d’ailleurs opposé au retrait des délégations de Julien Plantier et de ses soutiens. Sans appeler franchement à une alliance avec Valérie Rouverand, Sophie Roulle envoie un message : « Il faut s’allier avec les gens qui ont les mêmes idées que nous et ne pas faire une alliance politicienne… »
En parlant d'alliance, il y a un responsable politique qui a fait jaser… Le délégué d’Horizons, Yvan Lachaud, a débarqué à l’inauguration, entouré de ses proches. « On ne sait pas ce qui l'anime le plus : faire gagner Julien Plantier ou faire perdre Franck Proust », lâche un participant. Julien Plantier réagit : « Il n’était pas invité. Pour autant, on est sur le domaine public et nous sommes dans une notion d’ouverture. Aujourd’hui, personne n’a la richesse et la prétention de pouvoir refuser des personnes. » Preuve de cette « ouverture », Pascal Gourdel, qui, du temps où Yvan Lachaud était le président de l’Agglo, ne l’avait pas épargné par ses critiques, se montre conciliant : « C’est une personne qui compte sur le paysage nîmois. Il a une expérience, une étiquette. S’il a envie de l’apporter à un candidat, pourquoi pas. »
Le message adressé à Franck Proust
Terminant son discours, Julien Plantier s’est réaffirmé comme « un enfant de Nîmes : de naissance, d’esprit, de cœur ! » Rappelant « qu’à aucun moment mon objectif n’a été de porter atteinte à Jean-Paul Fournier », le candidat l’affirme haut et fort : « Je ne suis candidat contre personne. Je cherche à rassembler et à impulser une nouvelle dynamique. » Habile, il conclut en envoyant un message à Franck Proust : « Je ne suis pas à la recherche du temps perdu… J’en appelle à la responsabilité collective. D’ici à début novembre, il faut que l’union se fasse. » Auquel cas, la droite se présentera en ordre dispersé au premier tour des municipales, le 15 mars.