Un homme pénètre dans cette ancienne fabrique de vélos et tend une rose blanche à chacune des artistes. Elles échangent un regard et un sourire lumineux. Avant sa reconversion en logements prévue en 2027, l’ancienne usine de vélos Tendil, adossée au musée des Beaux-Arts, devient un lieu de création. Sous l’impulsion de la directrice d'Habitec, l’espace accueille les œuvres de Nicole Bousquet et Estelle Contamin, deux artistes nîmoises aux univers sensibles et complémentaires. Toutes les deux peignent dans leur atelier à quelques pas du lieu d’exposition.
Apparitions
Nicole Bousquet explore la matière et la couleur à travers un travail tout en nuances, mêlant profondeur et légèreté. Son art invite à la contemplation et à l’émotion intérieure. L’artiste nîmoise expose notamment un ensemble de portraits sur lesquels s’accumulent des effacements.
Elle peint des femmes que l’histoire a reléguées. Camille Claudel, enfermée malgré elle dans un asile psychiatrique près d’Avignon. Maria Callas, Frida Kahlo, Amy Winehouse, Suzanne Valadon ou encore Elsa Triolet mais également des visages anonymes. Ces figures sont à la base de chaque toile qu’elle peint de façon classique à l’acrylique, à l’huile ou au fusain, avant un long processus de recouvrement. « J'aime bien prendre toutes les techniques qui sont à ma portée », confie Nicole Bousquet.
Elle peint un portrait complet, puis ajoute, couche après couche, une matière claire qui atténue progressivement les traits de ses personnages. L’œil doit s’adapter. Les formes se révèlent à mesure que le regard s’installe. Finalement, ces femmes réapparaissent. L’artiste a installé des bancs afin que le public puisse rester plusieurs minutes devant les œuvres pour en découvrir les traits. Un homme entre alors et offre une rose blanche à chacune des artistes.
Figuratif suggéré
Estelle Contamin façonne un langage visuel poétique où formes et textures dialoguent avec douceur. Son approche intuitive crée des œuvres vibrantes, empreintes d’une grande délicatesse. L'artiste présente une série qui traverse vingt ans de pratique. Elle partage son temps entre un atelier voisin et son travail dans une agence d’architecture. Estelle peint depuis le collège.
Son espace présente trois ensembles distincts. D’anciennes toiles abstraites qui datent de ses débuts. Des œuvres figuratives reposant sur des photographies qu’elle réalise elle-même à la volée. Et une série récente de paysages sur papier, montés ensuite sur toile. Son travail circule d’un registre à l’autre. Du figuratif, du suggestif et du figuratif suggéré. Des grands formats qui lui permettent d’entrer physiquement dans le tableau. À voir absolument.
Rendez-vous jusqu’au 20 décembre au 23 rue Ruffi, Nîmes
Du mardi au vendredi de 17h00 à 20h00,
Le samedi et dimanche de 15h00 à 18h00.