"En 30 ans, nous avons autant avancé que depuis la préhistoire, mais le chemin est encore long". Avec encore près de 150 faits de violences conjugales et intrafamiliales sur sa circonscription d'Alès en 2025, le commissaire Dumas se bat chaque jour contre "ce fléau" avec son service de police nationale.
Dans le Gard, comme en France et dans le monde, ces faits sont encore trop nombreux, sans oublier ceux qui sont dissimulés, par peur ou menace. En ce sens, l'association RESEDA organise son premier colloque ces jeudi 27 et vendredi 28 novembre, 'Violences conjugales : familles, traumatismes et santé', à l'IMT Mines Alès, faisant suite à la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes du 25 novembre.
L'égalité, pour tous, par tous et partout
L'école d'ingénieurs a tenu à recevoir ce colloque car "ce sujet fait partie de nos responsabilités collectives, les violences ne s'arrêtent pas aux portes du campus", assène la directrice Assia Tria.
Isabelle Fardoux-Jouve, conseillère départementale en charge de l'égalité hommes-femmes a elle énuméré les dispositifs mis en place par le département : observatoire, violentomètre, concours, réseau départemental, charte, maison des femmes, etc.
"Ayons la faiblesse de croire que nous sommes sur le bon chemin"
1 740 femmes ont été victimes de violence cette année dans le Gard : "Les progrès des 80 dernières années, comme l'égalité salariale et le droit de vote, sont juste du rattrapage", déplore d'entrée Jérôme Bonet. Mais, le préfet assume "avoir la faiblesse de croire que nous sommes sur le bon chemin", notamment sur la "capacité à libérer la parole", rappelant que "les autorités ont une responsabilité, certes, mais le premier responsable reste l’auteur des violences".
En ce sens, le commissaire Dumas rappelle qu'il y a quelques années, "au mieux, on raccompagnait poliment les femmes plaignantes. Et pour un homme, on croyait d'emblée à une caméra cachée". Après 10 ans de hausse, les services de police constatent une "légère baisse des faits depuis deux ans". Une bonne nouvelle qui peut s'expliquer par le délitement des paroles mais aussi par le travail d'associations comme RESEDA, qui planche sur le sujet depuis plus de 20 ans : "40 à 50 % des violences conjugales débutent à la grossesse, et dans 10% des cas, la violence s'abat sur les enfants", préviennent ses représentants.
Parler pour mieux comprendre et agir
Ce travail conjoint entre associations et forces de l'ordre "permet aux enquêteurs de se concentrer sur les preuves, explique le commissaire Dumas. Les intervenantes sociales nous aident à délier les victimes, ce qui est particulièrement utile quand on interpelle et qu'il n'y a pas de preuve sur place."
Présent en ouverture du colloque avec "autant de tristesse que d'honneur", le maire alésien Christophe RIvenq en a profité pour annoncer une "future convention qui va créer des lieux de parole pour mieux entendre les victimes" et compléter, entre autres, le dispositif Angela.
Programme de ce vendredi ICI