Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.03.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1988 fois

FAIT DU SOIR À Saint-Geniès-de-Comolas, des habitants s'opposent à la démolition d'un bâtiment

collectif agora saint geniès de comolas

Le collectif L'Agora de Saint-Geniès-de-Comolas s'est monté il y a un peu moins d'un mois. 

- photo Marie Meunier

Il y a un peu moins d'un mois, le collectif l'Agora a été créé et une pétition a été lancée à Saint-Geniès-de-Comolas. Dans cette commune de 2 000 âmes entre Bagnols-sur-Cèze et Roquemaure, l'incompréhension règne entre des habitants et la mairie, autour d'un projet urbain sur le double-virage de la route de Bagnols. 

Lorsqu'Olivier Jouve a adressé ses voeux le 28 janvier dernier, il a présenté à la population ses projets, notamment celui de l'aménagement urbain du virage de la RD980 faisant face à la place du 8-Mai. L'annonce a alerté l'oreille d'Yves Heraud. Cet habitant, qui a toujours vécu à Saint-Geniès-de-Comolas, s'est alors intéressé au sujet de plus près.

En remontant le fil des conseils municipaux, il s'est aperçu que la municipalité avait acheté trois bâtiments route de Bagnols, en 2013, 2019 et 2022. Il a découvert que derrière ces acquisitions, il y avait un projet d'élargissement du virage "pour le sécuriser de façon pérenne", comme il est mentionné dans le compte-rendu de séance du conseil municipal du 30 novembre dernier. Et pour élargir le virage, "il convient donc de procéder à la démolition des bâtiments", est-il écrit juste après.

"Il y a des problèmes de circulation et de sécurité évidents"

Il faut dire que la courbe offrant peu de visibilité est difficile à aborder, surtout pour les bus et les poids lourds. "Il y a des problèmes de circulation et de sécurité évidents, notamment le matin et le soir entre 16h30 et 18h30. Ce sont 42 lignes de bus, hors cars scolaires, qui transitent par-là", rappelle le maire. Quand deux bus ou véhicules lourds se croisent, c'est encore plus compliqué.

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Comme Roquemaure, le village de Saint-Géniès-de-Comolas est traversé par des poids-lourds. Sauf que les routes ne sont pas du tout faites pour...  • photo d'archives Olivier Jouve

Il arrive que des véhicules de gros gabarit restent coincés. Ils passent fréquemment par là car le village se trouve sur l'axe reliant le Gard au Vaucluse. Ce virage est aussi traversé par un passage piéton qui dessert d'un côté de la route la place du 8-Mai avec La Poste, le centre de loisirs, le foyer municipal et les salles associatives, et de l'autre la mairie, l'ancienne cure, l'église et des commerces. 

Pour toutes ces raisons, il est "essentiel" d'élargir et sécuriser ce virage "extrêmement dangereux" aux yeux du conseil municipal. Un premier montant estimatif a été établi à 460 286 € HT, comprenant aussi la création d'un îlot de verdure de 100 m2. Les élus ont aussi demandé à travers cette délibération une subvention à l'État à hauteur de 40 %. 

Une pétition avec plus de 260 signatures

Lisant le mot "démolition", Yves Heraud alerte alors les autres habitants. Il est inimaginable pour lui de voir disparaître le plus notable des trois bâtiments, celui qui fait le virage en face de la place du 8-Mai. Pas classée, la bâtisse de deux étages datant des années 1800 présente néanmoins un certain attrait architectural. "On ne doit pas adapter le patrimoine au trafic routier. Ce bâtiment montre le caractère de notre village, il pourrait être mis en valeur", argue Yves Heraud. Le collectif l'Agora est créé le 24 février et compte aujourd'hui une quarantaine de membres. Le même jour, une pétition en ligne est lancée et compte un peu plus de 260 signatures désormais. Dedans il est demandé s'il ne serait pas envisageable d'implanter deux panneaux d'interdiction aux poids lourds, sauf desserte locale pour résoudre le problème. 

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Cette bâtisse datant des années 1 800 est inocupée depuis longtemps mais présente un certain attrait architectural.  • photo Marie Meunier

Le collectif goûte peu aux arguments du maire. "Moi ça fait 55 ans que je prends cette route, je n'ai jamais vu d'accident à cet endroit", lâche Florent. "Si on agrandit, tous les camions vont passer par là. Alors qu'ils peuvent passer par Saint-Laurent-des-Arbres", rebondit Isabelle, qui considère ce bâtiment comme "un ralentisseur naturel" comme peut l'être l'escatillon à Roquemaure. La riveraine préfèrerait préserver le bâtiment et y voir des logements. "C'est loin d'être une ruine, même s'il y a du boulot", estime Florent. 

"Rien n'est acté, loin de là"

Voyant la polémique enfler sur les réseaux sociaux, la mairie a adressé le 1er mars une lettre ouverte aux habitants pour répondre "aux propos incomplets, mensongers et insultants tenus". Dans le texte, la municipalité assure "que l'aménagement routier du double virage n'a pas pour but de faciliter et d'intensifier le passage des poids-lourds" mais de veiller à "la quiétude des riverains" et à "la sécurité des piétons". Conscient de la valeur architecturale de la bâtisse, le conseil municipal dit souhaiter "la conservation d'une partie de la maison et la reconstruction d'un bâtiment adapté à la réglementation et à l'usage de notre époque."

Devant ce terme de démolition partielle, les membres du collectif restent perplexes. Ils rencontreront le maire le 23 mars pour comprendre davantage le projet. Contacté, le maire, Olivier Jouve, garantit que "rien n'est acté, loin de là". Pour l'heure, la commune a seulement postulé au Fonds vert (mis en place par l'État) mais aura besoin d'autres partenaires financiers pour se lancer dans ce chantier. La commune a acquis les différents bâtiments pour avoir une vision d'ensemble mais il n'y a pas encore de plan, affirme le maire. 

Une bâtisse dégradée

L'édile clarifie : "Dans beaucoup de villes, on déconstruit pour reconstruire en choisissant bien les matériaux, en respectant l'architecture générale. On a la chance d'avoir le foncier, on va voir si le projet est éligible au soutien de l'État, du Département etc. S'il ne l'est pas, on laissera tomber car la commune seule, n'a pas la capacité financière pour porter ce projet." Olivier Jouve veut réhabiliter le virage mais "ne veut pas faire de verrue ni tout détruire." Il tient aussi à aménager un espace de verdure, même petit, pour créer un point de fraîcheur et favoriser la baisse des températures l'été. 

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Olivier Jouve est maire de Saint-Geniès-de-Comolas. • photo Thierry Allard

Il a déjà pensé à réhabiliter la bâtisse mais elle est en plus mauvais état que ce qu'elle laisse paraître : "On a travaillé avec le CAUE (Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement) qui a fait estimer le coût. On est à 1,2 million d'euros". Bien plus cher que les 460 286 € annoncés (*)...

Pétition à consulter en cliquant ici. 

(*) Somme à laquelle il faut ajouter l'achat des bâtiments. La bâtisse qui fait l'angle du virage est devenue propriété de la mairie pour 103 000 €

Marie Meunier

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