AUTOUR DES ARÈNES Frédéric Fabre, arbitre, animateur et ambassadeur des traditions

Chaque vendredi de l'été, Objectif Gard & Arles vous emmène à la rencontre de ces femmes et hommes qui font battre le cœur de la tradition camarguaise. Pour ce troisième volet, rencontre avec une voix des arènes gardoises, Frédéric Fabre, président de course, speaker et garant du respect des traditions, comme de leurs ambiances.
Il est le timbre, mais aussi le reflet et l'écho de nombreuses traditions dans le Gard. Depuis des années, Frédéric Fabre sillonne les arènes gardoises, du Grau-du-Roi à Alès, pour présider et/ou animer abrivado, bandidos, courses camarguaises et toropiscines, animés par sa fé di biou, cultivée durant son enfance dans les gradins des arènes d'Alès et de Moussac, aux côtés de son oncle.
Pour ce faire, il a adressé une lettre de candidature à la Fédération française de course camarguaise afin de suivre une formation de trois ans : "On commence par des tests écrits sur le règlement, comme le temps de course et l'âge d’un taureau, qu'il soit en course de ligue ou aux As, etc, détaille celui qui fait le lien entre le délégataire des arènes du Tempéras et la mairie alésienne. Si l'on réussit, on passe la première année aux côtés d'un président titulaire sur les courses de ligue ou de taureaux jeunes, puis on poursuit avec la formation du trophée de l'avenir en deuxième année, et enfin, si l'on veut, on s'aligne sur le trophée des As".
Un homme, plusieurs casquettes, mais "pas de recette magique"
Après avoir fait un crochet au club taurin de La Grande Motte à la fin du XXe siècle en parallèle de ses études à Montpellier, le Cévenol est revenu sur ses terres, où il conjugue aujourd'hui ses "deux passions : le foot et les taureaux". Également responsable administratif et juridique de l'Olympique Alès en Cévennes, il oscille ainsi entre arbitre, speaker et président de courses, selon l'animation taurine du jour : "En tant qu'arbitre, il faut surveiller ce qu'il se passe en piste, les raseteurs, les tourneurs, les taureaux, etc. En tant qu'animateur, il faut essayer de transmettre au maximum ce qu'il se passe en piste pour que le public puisse réagir à bon escient et reparte des arènes content, notamment pendant les toro-piscines où il faut avoir le courage de prendre le micro et faire participer le public."
Mais alors comment trouver le juste milieu entre divertissement et sérieux ? "Chacun le gère du mieux qu'il peut, il n'y a pas de recette magique, ça dépend aussi des arènes et des communes. Certaines sont vraiment connaisseuses, d'autres plus touristiques. Le but est aussi de faire découvrir quelque chose, que les débutants remettent les pieds dans les arènes un jour, de leur transmettre nos traditions. Il faut savoir jouer avec, en considérant aussi le format de la course."
"Être acteur, mais pas l'acteur principal"
Non affecté à un club taurin, le quadragénaire fait régulièrement entendre sa voix à Alès, mais aussi Uzès, Saint-Chaptes, Le Grau-du-Roi, les Saintes-Maries-de-la-Mer ou même Uchaud, un plaisir pour lui car "toutes les arènes ont leur spécificité".
Le dénominateur commun reste la nécessité de "ressentir au mieux la course et de prendre du plaisir", notamment pour compenser la "pression" d'arbitrer des courses à enjeux : "Je dois être acteur de la course, mais pas l'acteur principal. Il faut vite réagir et calmer les choses quand arrive la pagaille, jusqu'à parfois sanctionner pour remettre de l'ordre, ça fait partie aussi de notre rôle, assume Frédéric Fabre. On est aussi attentif au respect entre les raseteurs, les tourneurs, les taureaux et même le public, qui peut parfois faire des siennes."
La façon d'officier dépend aussi bien sûr du type de tradition commentée. L'accent est ainsi mis sur la vigilance lors des abrivado/bandido et sur les règles de la course camarguaise. Lors des toro-piscines, il préfère "donner du courage à tous ces jeunes et trouver celui qui va en motiver d'autres à descendre en piste, notamment en jouant avec le public pour que ce soit au moment assez festif que les touristes assurent eux-mêmes le spectacle".
Pression et expérience
Frédéric Fabre prend en tout cas toujours un moment pour s'isoler en amont de l'évènement, avant de récupérer la liste des annonceurs et l'ordre de courses, en plus de saluer les protagonistes. Il garde toujours en tête "des annonces qui vont dans toutes les arènes, comme les partenaires, la presse et la fédération" pour les moments tendus, d'autant plus que l'erreur n'est pas permise au vu des enjeux financiers et de classement.
Une pression qu'il a particulièrement ressentie lors de son premier Trophée des As, dans sa ville natale : "J'ai fait en sorte de le vivre du mieux possible, surtout que j'étais assisté d'un assesseur. Ça s'était plutôt bien passé. Depuis, à force d'en faire, j'ai pris une certaine confiance, mais je reste toujours vigilant."
"Chahutés mais reconnus"
Régulièrement dans les arènes, au contact des acteurs des traditions, mais aussi des spectateurs, Frédéric Fabre constate que ces dernières "attirent de plus en plus de monde". À la feria d'Alès, les arènes du Tempéras étaient ainsi "quasiment pleines" pour le Trophée des As et les spectateurs plus nombreux que l'année dernière pour la course du vendredi du Trophée de l'Avenir, grâce, entre autres, aux "animations pédagogiques dans les écoles et collèges" et les tarifs avantageux proposés aux jeunes, "ceux qui vont permettre de perpétuer nos traditions".
"Manadiers, raseteurs, public, présidents de course, délégués, il faut tous être soudés pour faire perdurer nos traditions. On est pas mal chahutés, mais on a aussi la reconnaissance nationale sous l'égide du ministère des Sports", rappelle le président de course. À ce titre, et rappelant que ces manifestations "font travailler l'économie locale, les hôtels, les restaurants, etc", il "respecte et défend aussi les traditions landaises et espagnoles, elles aussi attaquées un peu de partout."
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