GARD Deux pièces et deux livres pour un été sublimé

La nuit des Camisards et Élise, la colère de Dieu parus aux éditions Alcide (Photo Anthony Maurin)
Deux pièces de théâtres deviennent des livres indispensables parus chez Alcide.
Élise, la colère de Dieu constitue avec, La nuit des Camisards, un groupe de deux pièces dont les intrigues peuvent former une suite, mais que l'on peut voir ou lire indépendamment.
Elles sont conçues pour être jouées au désert, en des lieux écartés et sauvages, semblables à ceux où se tenaient les assemblées clandestines (en référence à la traversée du désert de Moïse, le « Désert » évoque la clandestinité des protestants restés en France pendant les persécutions religieuses, entre la révocation de l'édit de Nantes (1685) et l'édit de Tolérance de Versailles (1787).
Après le succès de La nuit des Camisards, Lionnel Astier aborde le temps de la guerre. Rythme effréné, rebondissements, suspense, l'auteur entraîne son public aux côtés de personnages précipités dans le chaos de l'Histoire, entre engagement, résistance, violence... ou pas.
Bien qu'inspirée de personnages, de lieux et d'événements réels, Élise, la colère de Dieu est une totale fiction. Plus précisément, une fiction historique, genre qui situe le récit dans le cadre historique précis d'un passé proche ou lointain. Mais remontons un peu le temps…
L’histoire
Le 18 octobre 1685, la révocation de l'édit de Nantes conclut une période de terreur par laquelle Louis XIV, dans sa volonté d'unité, a obtenu la conversion des protestants de France au catholicisme. Cet acte parachève presqu'un siècle de dissuasions, d'intimidations, de spoliations et pour finir de persécutions du peuple réformé. Le décret commande, entre autres, l'interdiction des assemblées, la démolition des temples, le départ des pasteurs hors du royaume, l'interdiction de quitter le pays sous peine de confiscation de biens, de galères, de prison ou de mort, l'obligation d'assister à la messe, le baptême romain pour les enfants et leur éducation dans les préceptes de la religion catholique.
Le royaume de France se compose désormais d'anciens catholiques et de récents : les Nouveaux Convertis. Ces derniers doivent renoncer à leur foi, croire autrement et admettre que leur dieu n'était pas le bon. René Allio, réalisateur du film Les Camisards en 1972, parlait « d'une entreprise de déculturation ».
Conscient que cette génération persécutée, « convertie par la bouche et non par le cœur », ne sera jamais tout à fait acquise au catholicisme, le pouvoir fonde ses espoirs sur la génération suivante qui, éduquée dans la « vraie religion », devrait donner des catholiques acceptables.
En pays de Cévennes, les choses vont autrement.
Si les enfants Nouveaux Convertis reçoivent bien une éducation catholique au grand jour, les parents les maintiennent, la nuit venue, dans la religion à laquelle ils sont restés secrètement fidèles. C'est ainsi que dix-sept ans après la Révocation, en juillet 1702, éclate la révolte des Cévennes, menée par de jeunes paysans gorgés de bible et de colère. Ils prêchent, prophétisent en état de transe et affrontent les troupes royales dans une guérilla d'inspirés avec, pour unique revendication, la liberté de conscience.
On va bientôt les appeler « Camisards ».
La nuit du 24 juillet 1702 fut la nuit la plus longue pour l'abbé du Chaila. La nuit où ses prisonniers recouvrèrent la liberté. La nuit où il rendit son âme au dieu qu'il avait servi avec ferveur. La nuit où il fut élevé au rang de martyr. La nuit qui déclencha la fameuse guerre des Cévennes pour la liberté de conscience. La nuit des Camisards.
Le récit
« La pièce de Lionnel Astier, La nuit des Camisards, a conquis près de 50 000 spectateurs. Voici la suite, Élise, la colère de Dieu, qui sera jouée dans la région à partir de juillet » explique l’éditeur et fondateur de la maison d’édition nîmoise Alcide.
Acteur et auteur, Lionnel Astier a joué dans plus de soixante-dix pièces de théâtre abordant tous les genres, de La mort de Danton de Büchner ou Bérénice de Racine à Drôle de Genre de Jade-Rose Parker mais aussi dans une centaine de films et téléfilms.
Il est connu pour son interprétation de Léodagan dans la série télévisée Kaamelott mais il est avant tout né à Alès et originaire de Lozère.
Il tente de plonger le lecteur et le spectateur dans un monde de certitudes, de doutes, de violence, de failles. Le récit haletant de personnages emportés par une histoire qui les déchire et les transcende tout à la fois.
« Deux mois après l'assassinat de l'abbé du Chaila, nous voici plongés dans des Cévennes en guerre. En pleine guerre des Camisards. Il faut dire, et avec conviction, que la lecture d'une pièce de théâtre est aussi palpitante et plaisante que la lecture d'un roman... surtout quand la pièce est excellente ! Action, humour, rebondissements, suspense et, en filigrane, une réflexion sur l'engagement, la résistance, le choix de la violence ou de la non-violence, mais est-ce un choix ? et les conséquences de ses actes. »
Lionnel Astier, par ses fictions historiques La nuit des Camisards et Élise, la colère de Dieu, a choisi le théâtre pour évoquer ces pages d'histoire du territoire cévenol qui éclairent le présent. « Le texte de Lionnel Astier résonne avec force dans l'Europe d'aujourd'hui. À lire d'urgence avant d'assister aux représentations cet été ! » conclut Yann Cruvellier.
Dans le deuxième ouvrage, le lecteur est avec Élise Bonnal. Elle exècre la guerre qui dévore les enfants. En élevant ses fils dans le récit des persécutions et une double religion (la catholique le jour, la protestante la nuit), elle leur a pourtant insufflé la colère inapaisable qui les consume.
Les troubles lui ont déjà tué un fils aîné et un mari. Alors, lorsqu'Élise apprend que son dernier fils va être exécuté pour avoir prophétisé, elle fait le choix insensé de lui sauver la vie. En Cévennes, à l'automne 1702, toutes les colères procèdent de Dieu et dépenser son sang pour ce que l'on croit juste est devenu la seule raison de vivre.
La nuit des Camisard, 68 pages12 x 17 cm au prix de 10 euros.
Élise, la colère de Dieu, 68 pages12 x 17 cm au même prix de 10 euros.