Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 12.11.2023 - Propos recueillis par Louis Valat - 6 min  - vu 567 fois

L'INTERVIEW Le Comte de Bouderbala : "Le public est notre premier patron"

Comte de Bouderbala La Grand-Combe

Le Comte de Bouderbala se produira sur la scène de La Grand-Combe le samedi 18 novembre 2023.

- Photo DR

Sami Ameziane, plus connu sous le pseudonyme du Comte de Bouderbala, a rassemblé plus de 2 millions de spectateurs en deux tournées seulement. Le standupper se produira samedi 18 novembre sur la scène du 4e Festival du rire de La Grand'Combe, avec un nouveau spectacle plus intime que jamais. Interview.

Objectif Gard : Pouvez-vous nous ramener à vos débuts et nous partager votre parcours assez atypique pour celles et ceux qui pourraient ne pas vous connaître ? 

Le Comte de Bouderbala : En effet, moi j'ai commencé par le biais du basket. J'en ai fait à partir de mes 11 ans jusqu'à mes 28 ans et en parallèle j'ai toujours été passionné par l'écriture mais j'étais bien trop timide pour me rendre sur scène. Donc cela s'est fait de façon exponentielle, je dirais. J'ai commencé dans un premier temps par une petite troupe de théâtre amateur, ensuite j'ai bifurqué vers le slam. Et enfin, du slam je suis passé au stand-up. Toujours en jouant au basket à côté. J'ai joué au sein de toutes les divisions en France, N1, N2, N3, Pro B sauf la première. J'ai également joué en équipe nationale d'Algérie jusqu'au jour où j'ai fait un programme universitaire d'échange franco-américain. J'ai alors atterri dans l'équipe de basket de l'université du Connecticut qui était championne en titre à l'époque, en 2004.  Et c'est en rentrant des États-Unis que je me suis lancé dans le one man show. 

On a pu lire que votre ami Grand Corps Malade vous a tendu la main au début de votre carrière. Quel rôle a joué et joue toujours le slameur français dans votre parcours ?

En fait, Grand Corps Malade est un ami d'enfance, on se connaissait depuis que l'on avait 11 ans. On s'est un peu perdu de vue depuis un petit moment maintenant, mais il m'a effectivement tendu la main, il m'a offert toutes ses premières parties à l'époque. Le rôle qu'il a joué est énorme, il m'a porté, c'était un grand soutien pour moi. 

Pouvez-vous nous expliquer le choix de votre nom de scène ?

Ce choix de nom de scène, c'est une histoire très simple. À l'époque où je faisais du slam avec mes camarades, ils avaient tous des pseudonymes. Et nous, n'étant pas plus bête que les autres, on voulait avoir nos propres pseudonymes, nous aussi. Donc mon ami s'est fait appeler Grand Corps Malade, un autre ami John Pucc Chocolat et moi j'ai pris Le Comte de Bouderbala puisque 'bouderbala' en arabe signifie les haillons, les guenilles, les vêtements un peu dégueulasses. Et Le Comte parce que venant de la ville de Saint-Denis, avec la Basilique Cathédrale où tous les Rois de France sont enterrés, c'était une métaphore sympa. Une espèce de faux noble, un "aristo crasseux" comme j'aime bien dire. C'est un pseudo qui me va plutôt bien. 

Pour ceux qui vont potentiellement découvrir votre style “piquant”, "sarcastique" sur la scène du Festival du rire, comment le définiriez-vous vous-même et en quoi est-il dénonciateur ?

Ce n'est pas toujours évident de définir son style d'humour mais moi j'aime bien charrier, en effet. Je suis un enfant de la balle, de la "rue" ou du vestiaire. J'ai toujours aimé piquer les autres. Et puis, ayant grandi dans une famille kabyle (Sami Ameziane est franco-algérien, NDLR) où il y avait beaucoup de chambrettes, j'ai été affuté à la vanne. Mon style est un peu sarcastique, il peut être bon enfant, bienveillant, ironique, cynique mais sur certains sujets en effet j'essaie toujours de dénoncer oui, mais sans faire la morale. Je préfère pratiquer un humour fédérateur pour que l'on se retrouve tous ensemble, le temps d'une soirée et qu'on évite une guerre intestine que nous offre la vie. 

Sur certains sujets, j'essaie toujours de dénoncer, mais sans faire la morale.

Le Comte de Bouderbala

 

Comment choisissez-vous les sujets que vous abordez, des sujets régulièrement liés à l’actualité mais que l'on trouve peu dans d'autres spectacles ? 

J'essaie d'intemporaliser les sujets d'actualité parce que l'on se rencontre qu'en France c'est un peu toujours les mêmes sujets, les mêmes thématiques, depuis on va dire 30 voire 40 années. Mais ma forme d'humour, ma forme d'expression humoristique qu'est le stand-up c'est vraiment un point de vue. On essaie de décaler les sujets et de les traiter, par le biais d'un point de vue, de manière très personnelle.  

Pouvez-vous nous raconter de quoi est-il question dans ce nouveau spectacle, nous donner un aperçu de ce que les spectateurs de La Grand'Combe peuvent attendre de “Le Comte de Bouderbala 3” ?

C'est un spectacle un peu plus personnel que les autres. Nous nous posons les questions de notre utilité sociale après l'épreuve du Covid que nous avons vécue et puis à travers les épreuves à venir. Il est question dans ce spectacle de plein de sujets : des icônes médiatiques à savoir Gad Elmaleh, Nusr-Et, les influenceurs ou encore Thomas Pesquet ; de famille, de parentalité, de famille recomposée ; de tueurs en série. C'est un spectacle qui tourne très bien, cela fait un an que je le joue avec un peu plus de 60 000 spectateurs juste à Paris. J'en suis très fier. 

Quelles sont les raisons qui vous amènent à vous produire en province et dans une "petite" ville comme La Grand'Combe ?

Je joue dans toutes les villes, dans toutes les salles. Vous savez, ce qui m'intéresse le plus c'est de rencontrer les gens, rencontrer le public. En définitive, c'est lui notre premier patron, c'est lui qui nous donne l'opportunité de travailler. Alors je vais là où les gens veulent me voir. Je fais aussi bar-mitzvah, mariages rebeus, circoncision, humoriste de table... (rires) Non, là je plaisante mais j'aime aller partout, à la rencontre des gens.

Quel est votre rapport à ces salles de province quelquefois oubliées par les humoristes “parisiens” et que vous arpentez, vous, de plus en plus ? 

Comme je vous disais précédemment, moi je vais partout. Je ne fais aucune différence entre "gens des grandes villes" et "gens des villes plus petites", plus rurales ou de Province comme vous dites. Je ne fais pas ce distinguo-là. Pour moi, les gens qui veulent passer une belle soirée, qui soient d'Ile de France, d'Oyonnax, de Biarritz, de La Grand'Combe ou autres, c'est exactement la même chose. 

Vous avez aujourd’hui une carrière bien établie avec une certaine longévité, mais comment maintenez-vous la fraîcheur et la vitalité de votre art ? On rappelle que “Le Comte de Bouderbala 1” est sorti en 2009.

Le premier spectacle je l'ai joué sept ans, il avait si bien marché que nous l'avions continué pour asseoir un public. Pour ma fraîcheur et ma vitalité, il faut savoir que c'est un art exceptionnel ! Aller faire rire les gens chaque soir, sur scène, c'est juste du bonheur pour moi. C'est comme si on vous offrait un apéritif géant avec des gens pour rigoler et boire chaque soir, forcément on adore ça ! Pour maintenir ça, je me remets toujours en question pour essayer justement de convaincre le public, de les divertir et faire en sorte qu'ils oublient leurs soucis du quotidien. Être artiste c'est génial. Et puis ce qui me motive, c'est aussi que j'ai la chance de ne pas faire que ça. Je développe d'autres projets en parallèle, que ce soit au cinéma ou au théâtre. 

Vous parlez de projet : avez-vous envisagé de lancer un comedy-club à l'instar de Fary, Jamel ou encore Kev Adams ou ce n’est pas à l'ordre du jour ? 

Je suis passé par les Comedy Club de New York à l'époque où j'ai réalisé, en anglais, toute ma formation d'humoriste là-bas, entre fin et 2006 et 2011. Mais j'en suis rapidement sorti car j'avais d'autres objectifs finalement. J'ai d'ailleurs racheté un théâtre à Paris qui s'appelle Le République où il y a deux grandes belles salles, l'une de 500 et l'autre de 200 places pour, justement, pouvoir être indépendant et proposer mes spectacles à la maison et recevoir le public, à la maison. Je ne voulais et ne veux pas à l'avenir avoir de Comedy Club parce que c'est beaucoup de contraintes, je trouve, pour peu de résultats. Même si l'exercice du Comedy Club est très sympathique, je préfère être dans un théâtre, recevoir les gens dans un lieu comme celui-ci c'est autre chose. Au Comedy Club vous buvez, vous mangez, l'artiste est sur scène et peut éventuellement observer vos "molaires encacahuétées", donc c'est pas très agréable. Moi je préfère l'ambiance théâtrale, c'est plus sympa. (Rires)

Un petit message pour les spectateurs qui vous attendent patiemment ce samedi 18 novembre ? 

Je fais un immense bonjour à mes camarades de La Grand'Combe, je suis ravi de venir vous présenter mon troisième spectacle, on va passer une excellente soirée, faites-moi confiance ! C'est satisfait ou remboursé, je vous embrasse.

Propos recueillis par Louis Valat

Culture

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio