Publié il y a 12 h - Mise à jour le 02.05.2025 - Coralie Mollaret - 2 min  - vu 1511 fois

EXPRESSO Verrerie de Vergèze : derrière les emplois supprimés, des vies bouleversées

Lors du rassemblement, ce jeudi devant la verrerie, à l'occasion du 1er mai

Lors du rassemblement, ce jeudi devant la verrerie, à l'occasion du 1er mai 

- Coralie Mollaret

Tony, Stanislas, Yoann… Début avril le groupe américain Owens Illinois a annoncé la fermeture de la verrerie de Vergèze, laissant sur le carreau 164 salariés. La plupart d’entre eux se voyaient faire toute leur carrière dans l’usine. 

« Un choc, un drame… » Tony, comme ses collègues, ne trouve pas d'autres mots pour décrire son sentiment depuis l’annonce de la fermeture de la verrerie du Languedoc par le groupe Owens-Illinois. À 26 ans, le jeune homme travaille depuis sept ans sur le site. L’an dernier, il a commencé à rembourser les premières mensualités de son crédit immobilier : « Ma situation personnelle n’est pas catastrophique, mais l’idée de ne plus avoir de travail demain est un vrai choc… Je me voyais rester ici pendant de longues années. »

« On a tous des enfants, une vie de famille »

Stanislas, lui, vit une autre situation. À 48 ans, il incarne l’âge moyen des salariés de l’usine (47 ans selon la CGT). Embauché en 1995, il a perdu un bras dans un accident de moto en se rendant à la verrerie. Aujourd’hui reconnu travailleur handicapé, il confie : « Je pensais finir ma carrière ici. On a un bel outil de production et deux clients à proximité : Perrier à Vergèze et une grande marque de bière à Marseille. » Père d’un adolescent de 18 ans qui souhaite faire des études, Stanislas se dit inquiet : « Mon avenir est un peu délicat à cause de ma situation. On a tous des familles, des enfants… Aujourd’hui, nous n’avons aucune visibilité : y aura-t-il un repreneur ? Quand allons-nous fermer ? »

Aux côtés des salariés, les syndicats (CGT, FO, CFE-CGC…) s’efforcent d’organiser la mobilisation et les négociations avec la direction : « Il faut continuer le rapport de force pour alerter jusqu’au plus haut niveau de l’État », affirme Yoann Goupille, secrétaire de la CGT de la verrerie. Les sénateurs (LR) Laurent Burgoa et Denis Bouad (PS) ont interpellé le gouvernement en début de semaine, mais les réponses n’ont pas été très concrètes. En vertu de la loi Florange et du gel des licenciements pendant l’été, le site devrait rester actif jusqu’en octobre. Et après ? Un repreneur se manifestera-t-il ? Nestlé Waters, peut-être ? Ou les salariés devront-ils partir ailleurs, avec des conditions de départ négociées entre direction et syndicats ?

Un savoir-faire en péril

« Dans notre région, le taux de chômage est déjà élevé… Royal Canin a annoncé des licenciements et le site d’Eminence à Sauve est menacé », poursuit Yoann, 30 ans, dont sept passés à la verrerie au poste de machiniste bout chaud. Et d’ajouter : « Je suis en train de négocier un crédit pour acheter une maison… J’espère que ça aboutira. » Si les plus jeunes ont sans doute plus de facilité à rebondir, tous restent attachés à leur emploi et à leur outil industriel. À côté de Yoann, certains collègues déplorent : « Depuis plusieurs années, on nous promet une rénovation du four, des équipements… Une rénovation qui ne vient jamais, comme s’il y avait une volonté de laisser l’usine se dégrader. »

En attendant, les salariés restent combatifs et mobilisés : « Il faut montrer à un éventuel repreneur que non, l’entreprise n’est pas à l’arrêt. Que nous sommes là, motivés et déterminés. » Les salariés mettent en avant le savoir-faire du « processus de verre en fusion », transmis parfois de génération en génération. Un savoir menacé, lui aussi, par cette fermeture annoncée.

Coralie Mollaret

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