Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 03.08.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 2149 fois

FAIT DU JOUR Oignons doux AOC : une récolte abondante et "magnifique"

Les terrasses de Gaël Martin se vident petit à petit de leurs oignons

- François Desmeures

La vallée de Taleyrac, à Saint-André-de-Majencoules, a lancé la récolte de l'oignon doux des Cévennes d'appellation d'origine protégée (AOP). Après une campagne 2022 perturbée par le manque d'eau et partiellement abîmée par la cicadelle, celle de 2023 renoue avec les rendements antérieurs grâce à une pluie tombée opportunément. Mais l'eau est fortement souhaitée pour l'automne. 

François Desmeures

"La récolte est magnifique. On avait déjà vu ça il y a deux ans, alors qu'une récolte comme ça, on l'espère tous les dix ans." Alors qu'il effectue, en tracteur, les rotations entre les terrasses cultivées et son entrepôt, le président de l'appellation d'origine protégée oignons doux des Cévennes a le sourire. On est loin de la crainte évoquée début mai, quand le repiquage avait commencé sur un sol désespérément sec (relire ici). "Mais il a plu par dessus, puis il a de nouveau fait sec en juillet." À peine les pluies de juin auront-elles fait craindre un peu de mildiou. Le temps de sec de juillet n'a vidé la bassine de 2 500 m3 du Gaec Mas figuier de la famille Martin qu'à moitié. 

La récolte est abondante et la qualité optimale cette année • François Desmeures

"Vu les rendements, on sera à peu près à 2 000 tonnes pour la coopérative", évalue Gaël Martin. Environ 80% de la production d'oignons doux des Cévennes est commercialisée par la cooopérative Origine Cévennes, à Saint-André-de-Majencoules, au bord de la départementale qui monte à l'Aigoual. Une coopérative qui avait décidé, cette année, d'enlever neuf hectares de production en raison de la tension sur la ressource en eau. "Les rendements de cette année vont permettre de compenser cette perte", avance même Gaël Martin. 

Gaël Martin  a trouvé "sur le tard" de la main d'oeuvre pour la récolte • François Desmeures

Et l'adjectif "magnifique" ne s'attache pas qu'au rendement de l'année. Gaël Martin insiste aussi sur la qualité exceptionnelle du millésime. "Sur toutes les parcelles, c'est joli. Notre technicien est passé hier et, a priori, tout va bien." Le seul véritable problème s'est posé pour trouver de la main d'oeuvre disposée à ramasser. "Mais on a trouvé sur le tard." Gaël a pu faire appel à ses enfants, réquisitionnés, des jeunes en stage de réinsertion provenant du centre éducatif et professionnel de Salagosse, "des jeunes de Valleraugue, pour qui c'est parfois la première paie", et quelques récolteurs venus d'Espagne. 

François Desmeures

De quoi contenter des marchés, qui n'ont pas disparu malgré une récolte bien inférieure en 2022. "Les clients ont même hâte que ça commence", se réjouit Gaël Martin tandis que le directeur de la coopérative, Thomas Vidal, prépare les premières expéditions d'oignons doux, sans appellation d'origine, dès ce lundi 7 août. Environ cent tonnes à écouler, avant que les premiers oignons AOP prennent la route, sans doute le 22 août. 

L'arrivée des oignons à la coopérative • François Desmeures

Ensuite, la profession espère de l'eau, afin que les nappes se remplissent. Car, si la pluie a assuré l'arrosage, elle fut insuffisante pour garantir un stockage. "On a eu une réunion en sous-préfecture le 20 juin sur les questions de ressource en eau, raconte Gaël Martin, avec la sous-préfète, la DDTM, l'Agence de l'eau, le Département, mais étonnament pas la Région, qui n'avait pas été invitée. Sur le constat de récupérer une part des eaux de ruissellement, on est tous d'accord. Mais il n'y a aucun financement." Raison pour laquelle Gaël Martin s'étonne de l'absence de l'institution régionale, la plus à même d'intervenir pour aider aux infrastructures, avec l'État.

En attendant, le prochain comité sécheresse aura lieu le 8 août en préfecture, à Nîmes. La récolte sera en cours, les agriculteurs ne manifesteront donc pas dans les rues du Vigan comme ils le firent le 25 août dernier. Même si l'inquiétude perdure pour les pommes, cette année (lire encadré), et globalement pour les années futures. Le plaisir de la dégustation des oignons de la fin de l'été ne se fera pas sans anticiper les prochaines récoltes. 

À la coopérative, une inquiétude pour les pommes

Les oignons n'ont pas manqué d'eau, ce n'est déjà pas le cas des pommes, deuxième marché pour la coopérative Origine Cévennes. "On attend de voir comment ça va se passer, confie le directeur, Thomas Vidal. En alternant sur l'arrosage, on devrait pouvoir s'en sortir." Si la réunion du comité sécheresse venait à passer le secteur en crise, aucun arrosage ne serait possible. Thomas Vidal n'y croit pas mais souligne aussi que certains vergers ont été touchés par la grêle, à la fin du printemps. L'année devrait également consacrer la part de moins en moins importante que prend la Reinette du Vigan dans le total de production. "Elle s'amenuise d'année en année, constate Thomas Vidal. Elle est même en soins palliatifs, on compte de moins en moins d'arbres." En cause, le réchauffement climatique qui pousse certains producteurs à lâcher la variété, ou carrément le métier. La dalinette "marche bien" comme variété, souligne Thomas Vidal. Ainsi que les autres. Une compensation, alors que la coopérative a dû faire face à une explosion des coûts de l'énergie, cette année, ou à 40% de hausse du prix du carton en deux ans. La belle récolte d'oignons de l'année est donc plus que bienvenue.

Les premières bottes, vendues à la coopérative • François Desmeures

François Desmeures

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