Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 05.02.2024 - Propos recueillis par Abdel Samari - 3 min  - vu 598 fois

L'INTERVIEW Samuel Chatard, Territoire Energie Gard : "Déjà 1 500 points de recharge publics et privés"

Photo DR Objectif Gard

"Le maillage territorial est très fort et on bosse depuis longtemps pour ne pas perdre de temps. À ce jour, nous avons environ 1 500 points de recharge publics et privés dont 400 appartenant à Territoire Energie Gard."

Samuel Chatard est le directeur général des services chez Territoire Energie Gard, syndicat mixte d'électricité dans le Gard en charge de l'aménagement énergétique du territoire. Alors que les voitures électriques débarquent en masse sur notre territoire, sommes-nous en capacité d'accueilir cette demande nouvelle et forte ?

Objectif Gard : Y a un boom des voitures électriques. Est-ce que le Gard est prêt pour accueillir toute la demande ?

Samuel Chatard : Nous avons mis en place un schéma directeur pour l'intégralité du futur besoin gardois avec une ambition jusqu'en 2028. Le maillage territorial est très fort et on bosse depuis longtemps pour ne pas perdre de temps. À ce jour, nous avons environ 1 500 points de recharge publics et privés dont 400 appartenant à Territoire Energie Gard. Je rappelle qu’une borne comprend généralement deux points de charge. Nous avons l’ambition de doubler les nôtres d’ici 2025.

Et ce sera le cas sur tous les territoires du Gard y compris en zone rurale ?

Encore davantage j'ai presque envie de vous dire car l'État vient en financement de façon quasi intégrale grâce à divers dispositifs. On intervient aussi sur des zones attractives ou à forte densité touristique comme par exemple le Pont du Gard où d'ici juin prochain, on devrait avoir installer une vingtaine de bornes de recharge situées au niveau du parking. Je pense aussi au littoral gardois qui va accueillir l'été prochain un nombre élevé de véhicules électriques. Après, nous sommes stratégiques en fonction des zones près des autoroutes ou encore en prenant en compte les installations privées pour éviter de faire doublon. C'est une question d'économie sur l'argent public.

Est-ce que chez Territoire Energie Gard, vous êtes bon élève en roulant en électrique ?

Nous sommes l'autorité organisatrice de la distribution électrique et de la mobilité électrique dans le Gard. Je vous confirme que nous montrons l'exemple. Personnel comme direction roulent en électrique aujourd'hui. Et c'est l'occasion de dire aux gardois qu'il y a suffisamment de bornes aujourd'hui pour rouler sans difficulté et risque de panne électrique. Après, comme vous le savez, la réglementation est évolutive sur la question et tous les logements neufs doivent prévoir des aménagements de bornes. Les parkings souterrains également. Et de nombreux particuliers installent une borne électrique à la maison.

Cette consommation supplémentaire d'électrique ne risque pas d'entraîner des difficultés demain ? Nous l'avons vu il y a un an avec la crise énergétique...

À l'horizon 2035, Enedis prévoit en effet un besoin de 30% en plus malgré les économies d'énergie en oeuvrent aujourd'hui dans différents domaines. Il faut donc que le réseau soit dimensionné pour accueillir cette hausse. Il y a un enjeu que nous ne maîtrisons pas, c'est celui du nucléaire. Par contre, un autre va prendre de plus en plus de places, c'est l'énergie verte. Et de ce point de vue là, nous avons une carte à jouer dans le Gard.

À quoi faites-vous référence ?

Au photovoltaïque avec le niveau d'ensoleillement dans le département. Nous allons créer une société d'économie mixte (SEM) et nous allons travailler de concert avec les collectivités pour les accompagner. On a déjà signé un partenariat avec le Conseil départemental du Gard et la Société d'Aménagement et d'Equipement du Gard (SEGARD) pour évaluer les capacités pour les collèges, le SDIS ou encore les bâtiments qui appartiennent au Département. Par ailleurs, pour les communes du Gard, nous faisons déjà des notes d'opportunités sur la faisabilité et le prix. Car, le principal frein aujourd'hui, c'est les capacités d'investissement des communes, surtout les plus petites. Notre idée : faire des groupes de projets pour monter des dossiers de financement avec levée de fonds. Notre objectif principal : aider les communes à faire des économies et leur permettre, à terme, de produire de l'énergie verte.

Une SEM, c'est une société. Sa vocation est donc de faire des bénéfices. En venant en concurrence avec des entreprises, vous pouvez finir par être en position de force non ?

Nous sommes là pour conseiller les communes, leur éviter de faire des erreurs stratégiques sur des investissements à long terme sans capacité de retour sur investissement. Oui, nous sommes comme une société mais avec du financement public, notre vocation n'est donc pas de faire des bénéfices à tout prix mais de ne pas perdre d'argent, c'est évident. Et c'est plutôt sain comme approche pour les finances publiques. Un exemple : en 2023, nous sommes à l'équilibre sur un buget de 800 000 euros, investissement non compris. Aujourd'hui, c'est nous qui assumons l'installation. La maintenance et le fonctionnement étant assurés par un opérateur privé. Demain, notre modèle sera différent. On pourrait fonctionner sur une concession avec une redevance fixe versée par le délégataire et une partie variable sur le chiffre d'affaires ou la production de kilowatt. Ainsi, la commune gardoise ne supporterait pas le financement au départ et récolterait directement les bénéfices de sa production. Tout le monde est gagnant. Et à la fin, c'est bon pour la planète surtout car il s'agit, je le rappelle, d'une énergie verte.

Propos recueillis par Abdel Samari

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