CORCONNE Le réseau d'eau s'étend mais pas de permis de construire avant plusieurs années
Le village - ainsi que Liouc et Brouzet-lès-Quissac - est en train de revoir intégralement son adduction d'eau car la ressource, insuffisante, est pompée dans les alluvions du Vidourle, ce que ne veut plus l'établissement gestionnaire. Côté Quissac, la pose de nouveaux tuyaux a lieu sous la départementale. Côté Sauteyrargues et Claret (Hérault), un puits a été trouvé en hauteur, sur la commune de Corconne, qui, grâce à un forage de 300 mètres, peut couvrir une ressource abondante pour Corconne, mais aussi Quissac et Sauve. Sauf qu'il manque des financements. Si les permis de construire reviendront, ce ne sera pas avant la fin de la décennie...
Six ans, désormais, qu'aucune maison n'est sortie de la terre de Corconne. La faute à la ressource en eau, jugée insuffisante, et au captage ne répondant plus aux exigences environnementales de notre époque. "On est alimentés par un puits dans les alluvions du Vidourle, à côté de Quissac, explique Bernard Guyez, président du syndicat intercommunal d'adduction d'eau potable (SIAEP) de Corconne, Liouc et Brouzet-lès-Quissac, et deuxième adjoint de Lionel Jean à Corconne. Mais c'est un forage auquel nous n'avons plus accès quand le Vidourle est en crue."
Un forage qui n'a, finalement, jamais été validé par une déclaration d'utilité publique (DUP) au début de son exploitation, en 1939. La guerre était devenue prioritaire... "En fait, on pompe en deux fois, détaille Bernard Guyez. Une première fois jusqu'au réservoir de Cauvessargues, sur la commune de Liouc. Puis, on repompe jusqu'à Corconne. Mais les tuyauteries sont vétustes, on compte une dizaine de casse par an." Sans compter que celles-ci sont en amiante-ciment... Et qu'elles traversent des terrains privés, "parfois sous des lotissements. Mais, heureusement, ça n'a jamais cassé sous une maison."
"À 150 m3/ heure, on représente environ 1% de la ressource disponible."
Bernard Guyez, président du syndicat intercommunal d'adduction d'eau potable de Brouzet-lès-Quissac, Corconne et Liouc
"Et, de toute façon, poursuit Bernard Guyez, l'EPTB (établissement public territorial de bassin) Vidourle ne souhaite plus qu'on pompe dans les alluvions du Vidourle. Et notre autorisation est de 600 m3 par jour. Il arrive qu'on consomme plus que ce qu'on pompe." Constatant que ce dépassement devenait régulier, "on a pris la décision de ne plus faire de raccordements. Et, donc, il n'y a plus eu de constructions depuis 2018." Ce qui freine le développement communal et "affecte le budget assainissement". Pour autant, un renouvellement de population a lieu et la commune envoie à peu près le même nombre d'enfants, chaque année, au regroupement pédagogique départemental qui existe avec Brouzet-lès-Quissac et Carnas.
Depuis 2018, un schéma directeur a été écrit, pour donner des axes de substitution. "Dans le même temps, on a cherché une autre ressource en faisant un premier forage de reconnaissance, il y a une dizaine d'années. Mais il ne donnait pas satisfaction." Le SIAEP tente alors du côté du bois des Rabassières, en direction de l'Hérault, pourtant plus haut, en altitude, de 50 mètres par rapport au village. "Les premiers essais se sont révélés satisfaisants, on l'a équipé de façon définitive."
Le forage est opérationnel et fournit une eau abondante et claire, même si une station pour lever la turbidité doit être implantée à proximité. "On a fait des essais de pompage longue durée. À 150 m3/ heure, on représente environ 1% de la ressource disponible." Mais il reste, au SIAEP, à obtenir la DUP nécessaire à l'exploitation du forage, de la part de l'Agence régionale de santé.
D'autant que l'intérêt du forage dépasse très largement celui de ses trois communes, étant donné les débits constatés. Quissac dispose d'un forage, proche du forage actuel du SIAEP, mais profond, ce qui ne pèse pas de la même façon sur la rivière et assure un bien meilleur approvisionnement. Néanmoins, la ressource découverte dans le bois des Rabassières pourrait venir compléter ce dont Quissac bénéficie. Mais c'est surtout Sauve qui attend la DUP : la commune tire également son eau d'un pompage qui descend de la mer de rochers et atterrit dans le Vidourle.
"Il faut donc une nouvelle adduction entre le puits de Quissac et le réservoir de Cauvessargues, poursuit Bernard Guyez. L'eau est actuellement pompée vers chez nous. Elle prendra le chemin inverse quand le forage sera actif." C'est le sens des travaux d'enfouissement de tuyaux menés actuellement sur la route départementale, entre Quissac et Corconne. Une phase qui coûte 4 millions d'euros et pour laquelle le budget a été bouclé, entre SIAEP et la commune de Quissac.
Une fois la DUP obtenue - "on dépose le dossier sans doute à la fin du mois", espère Bernard Guyez - il faudra alors songer à la canalisation entre Rabassières et Cauvessargues estimée, elle, à 10 millions d'euros. Et le budget sera plus difficile à réunir. D'autant que le projet percute un autre calendrier, celui du transfert de la compétence eau et assainissement à l'intercommunalité, avant le 1er janvier 2026. Alors même que la DUP ne devrait pas intervenir avant mi-2025. "On veut donc aller le plus loin possible avant le transfert de compétence", espère le président du SIAEP. Et pouvoir, enfin, reprendre une vie communale, qui inclut l'accueil de nouvelles populations par l'extension du village.
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