Publié il y a 28 jours - Mise à jour le 13.09.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 1037 fois

NÎMES 17 ans sans sa fille : malgré les décisions de justice, il ne connaît pas son enfant

Photo B.DLC/ le lundi 9 septembre au tribunal correctionnel de Nîmes. Clovis recherche sa fille depuis 17 ans.

Justice. Une mère de famille a été condamnée à 2 ans de prison et à un mandat d'arrêt pour une non présentantion d'enfant. L'enfant de ce couple séparé est âgé de 17 ans. 

Il se bat mais il a l’impression d’être seul face à une vague qui l’a submergé. Pourtant ce père de famille a actionné le bouton Justice il y a près de 17 ans, mais rien n’y fait malgré les décisions qui lui sont favorables. Il engage des procédures, les cumule même, et obtient des résultats sur le papier. Dans la réalité, pourtant, rien n'avance. Il a engagé sa première action judiciaire en France alors que sa compagne venait d’accoucher et de s’enfuir avec l’enfant, c'était en 2008.

Son ex-compagne, qui est partie il y a 17 ans alors qu’elle était enceinte de trois mois, ne donne plus signe de vie, ne répond pas aux questions de cet homme et surtout ne répond jamais aux sollicitations de la justice française. Et les décisions s'accumulent. « Mais elles ne m’apportent rien. 17 ans après je ne connais pas ma fille, je n’ai jamais entendu le son de sa voix, je ne sais même pas si elle sait que j’existe », déplore avec émotion ce père de deux autres enfants, qui n’a jamais baissé les bras pour un jour pouvoir embrasser sa fille. Son ex-compagne a depuis longtemps deux mandats d’arrêt internationaux sur le dos. Mais réfugiée un temps en Afrique où elle n’a pas donné signe de vie, elle a été retrouvée aux États-Unis, probablement marié à un Américain avec un titre de résidente permanente aux USA depuis plus de dix ans.

« Toutes mes plaintes, toutes mes procédures, et toutes les décisions de justice qui me sont favorables ne me font pas avancer. Aujourd’hui encore, ni moi, ni la Justice ne peut me dire où est précisément ma fille et si je la verrai un jour. Elle va bientôt avoir 18 ans et je ne la connais pas », complète Clovis qui ne croit visiblement plus aux décisions judiciaires françaises.

« Je comprends votre sentiment, mais l’État français ne peut pas contraindre un état étranger », indique le président du tribunal correctionnel de Nîmes.

« Il montre son désarroi, son impuissance, mais aussi et il ne faut pas avoir peur de le dire l’impuissance des autorités françaises qui ne peuvent pas faire appliquer des décisions de justice », plaide Maître Marion Deler pour le papa. D’autant que, dès août 2013, un premier mandat d’arrêt avait déjà été lancé à l'encontre de la mère de famille, une décision sans effet qui prenait en compte des faits de non représentation d’enfant de 2008 à 2011.

« Personne ne peut se réjouir d’une telle situation », reprend le procureur à l’audience du tribunal correctionnel ce 9 septembre 2024. Il réclame 18 mois de prison et le maintien en vigueur du mandat d’arrêt international décerné en 2022.

« Il peut y en avoir cinquante des mandats d’arrêt internationaux, rien ne changera. En fait mon regret est d’avoir fait confiance à la Justice, j’aurai dû procéder de manière plus forte, en allant chercher moi-même ma fille lorsqu’elle était enfant. Pour moi c’est une grande, une immense désillusion, je sais que si je n’agis par par moi-même je n’aurai jamais gain de cause. Si j’attends l’application des décisions qui me sont favorables, je ne connaîtrai jamais ma fille », explique le Clovis à bout psychologiquement à la fin de l’audience judiciaire de Nîmes ce lundi 9 septembre qui a une nouvelle fois condamné la mère de sa fille. Elle écope de deux ans de prison et d'un nouveau mandat d'arrêt. Mais pour quel résultat...

Boris De la Cruz

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