Publié il y a 4 h - Mise à jour le 08.06.2025 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 196 fois

NÎMES EN FERIA Daniel Luque et Clemente, esthétisme et empaque

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)

Sortie en triomphe de Daniel Luque et Clemente (Photo Anthony Maurin)

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque (oreille et deux oreilles), Juan Ortega (salut et silence) et Clemente (deux oreilles et oreille).

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Un exemplaire, le premier de Clemente, de Victoriano del Rio (Photo Anthony Maurin)

La corrida des artistes, un dimanche matin de feria, est un lieu de rendez-vous pour un moment de pèlerinage. Certes, le pèlerin ne marche ou ne se meurtrit pas, mais il peut être actif.

La solennité de la messe artistique n’est pas la même que l’on peut avoir dans une enceinte sacrée ! Non, ici, dans les arènes qui sont un amphithéâtre construit pour le spectaculaire, les chasses de l’époque antique ont été substituées par celles aux mouchoirs blancs.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Sortie en triomphe de Daniel Luque et Clemente (Photo Anthony Maurin)

Avec trois toreros artistes dans l’âme, l’aficion était réunie pour assister à un grand même avec des toros qui assurent le triomphe des piétons s’ils s’y prennent comme il le faut.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Pecho de Daniel Luque (Photo Anthony Maurin)

Il a pris son alternative ici, il y a 18 ans, et sa carrière n’a cessé de tutoyer les sommets de la planète des toros. Daniel Luque, natif de Gerena, est dans une période de sa vie de torero où il domine sa profession. Artiste sans l’être réellement, il a sans doute envie qu’on le range aussi dans cette case d’illuminés. Daniel Luque n’a pas franchement la bouille des grands jours mais on le connaît et l’aficion sait qu’un bougon, parfois, ça pète un plomb. Pour le plus grand bonheur des amateurs de susceptibilité bien sûr ! Mais, Daniel Luque, c’est aussi et surtout un immense professionnel qui touche un Victoriano un poil violent. Il le canalise un chouïa, il le colle dans la muleta, fait ce qu’on attend de lui mais ne peut pas faire plus. Une belle et bonne épée, une oreille pour lancer la course.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Daniel Luque termine par une série de Luquecinas (Photo Anthony Maurin)

Rappelez-vous d’un Luque s’envoyant six toros de La Quinta en septembre dernier. Sa sortie en triomphe avait été mesuré mais indéniable. Avec son deuxième Victoriano del Rio, Daniel Luque fera tomber deux pavillons du palco. Comme piqué à vif, le natif de Gerena monte d’un cran et ne veut pas partir sans passer par la Porte des Consuls. Alors il prend ses grands airs et pim, pam poum. Douceur et volupté en cette matinée des artistes, notamment à gauche. Luque est aérien et son toro, pourtant bravito, reste le mufle dans l’étoffe rouge. Comme c’est à lui qu’on doit cette passe, il termine par une série de Luquecinas et une lame rapidement concluante. Les tendidos sont heureux, pétition, deux oreilles.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Juan Ortega à l'aise à droite avec son premier de chez Vicrtoriano del Rio (Photo Anthony Maurin)

Juan Ortega… On en parle beaucoup mais ses trois paseos nîmois ne sont pas encore restés dans les mémoires. Ce quatrième ballet avait une belle chance d’entrer dans la légende mais pour cela, le Sévillan devait se mettre devant deux toros au milieu d’un cartel de renards. Hier un peu léger avec son coche de cuadrilla qui a failli partir en fourrière, le maestro est aujourd’hui les deux pieds dans le sable de l’amphithéâtre pour une matinée qui lui sied à merveille. Hélas, même s’il pèguera des passes au ralenti et à l’esthétique plaisant, on ne peut pas sortir grand-chose de cet affrontement. Salut.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)5Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Juan Ortega à droite (Photo Anthony Maurin)

Cinquième toro de la matinée et second duel pour Ortega. Enrique Ponce et José Maria Manzanares étaient là le jour de son alternative. L’ascendance semble logique et Nîmes a su aduler Ponce et adore Manzanares. Pourquoi n’y aurait-il pas la place pour un Juan Ortega ciseleur de talent et orfèvre de génie ? Hélas pour lui ça ne va pas s’arranger avec un toro encore plus faible, limité en noblesse et sans vraiment de race. Ortega réitère les mêmes bricoles que son premier et écoute le silence à l’issue de son combat.

Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
L'esthétisme de Clemente à la barrière en entame de faena (Photo Anthony Maurin)

Enfin, Clemente. Drôle de journée pour le natif de Bordeaux, car, en plus de la course matinale, il double et remet l’habit de lumières cet après-midi dans ces mêmes arènes. Deux courses le même jour, quatre toros pour marquer les esprits, des instants pour un avenir qu’il veut brillant. Son premier toro sera un exemplaire d’intérêt, mobile, à la charge plaisante, empli de transmission. Clemente sait parfaitement se lier à ces toros qui peuvent être dangereux. Le public voit ce que le jeune veut faire, il l’encourage, Clemente poursuit et, dans son sillon, la gloire se dessine en même temps que les courbes tracées sur le sable. Il domine son opposant, il le mène où il veut et se positionne dans les terrains les plus intéressants pour le public, le toro, et le torero. Une belle lame et deux oreilles à la clé.

5Corrida de Victoriano del Rio pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente (Photo Anthony Maurin)
Clemente et un final propre à faire frissonner les étagères (Photo Anthony Maurin)

Dernier de la matinée et Clemente enchaîne. N’oublions pas que ses souvenirs de novillero dans ces arènes ne sont pas bien glorieux… Alors, ce deuxième contrat en tant que matador de toros doit plus ressembler à sa triomphale sortie de 2024 qu’au cauchemar de 2014. Après avoir assuré son rang en terre madrilène pour sa confirmation d’alternative, le voilà essayant de chatouiller les mains nîmoises afin qu’elles s’activent de manière frénétique. Maintenant, le passé restera le passé. Clemente coupera une nouvelle oreille, synonyme de puerta grande au sixième toro de la tarde ! Encore une fois dominateur sans tomber dans la vulgarité, Clemente apporte de la simplicité, de la sincérité et une bouffée d’air frais au sein de ce genre de cartel. Il se met dans les cornes s’il le faut et n’oublions justement pas qu’il a subi une grosse voltereta alors même qu’il se faisait passer le toro au plus près des cuisses lors d’une série de chicuelinas resserrées. Clemente est grand, il est venu, il a vu, il a vaincu. Oreille et sortie en triomphe par la Porte des Consuls en compagnie de Daniel Luque.

Anthony Maurin

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