NÎMES EN FERIA Victor a vaincu et remporte la Cape d’Or

Victor sort en triomphe et remporte la Cape d'Or (Photo Anthony Maurin)
Novillada de la Cape d’Or de Talavante pour Eduardo Neyra (oreille et applaudissements) Tomas Bastos (silence et silence) et Victor (deux oreilles et oreille). Le trophée est attribué à Victor.
Qui dit feria de Nîmes pense grandes corridas de gala. Mais, un temple de la tauromachie doit aussi former et voir défiler les futures gloires de demain. C’est ce que veut récompenser la Peña Antonio Ordoñez qui remet un trophée (éponyme) au novillero qu’elle a jugé le plus intéressant.
Nous en sommes à la 64e édition de l’exercice et les noms prestigieux allongent chaque année la liste des récipiendaires. En 2025, le cartel était plutôt bien senti. L’empresa Simon Casas voulait en premier lieu venir en aide à des novilleros dont les pays étaient touchés par la « fin des corridas ».
Autre nouvelle du jour, l’ancien président de la Peña Antonio Ordoñez (1983-2001), Jean Thomas, est décédé. Un bref hommage lui a été rendu au micro en fin de course, juste avant la remise du trophée, un capote de paseo, au vainqueur Victor.
Eduardo Neyra est un Mexicain qui a débuté dans la catégorie avant la période Covid19. Il torée peu donc c’est une découverte pour bon nombre de spectateurs et de professionnels. Quel questionnement doit arriver en tête quand on débarque ici, en feria, dans ce décorum. Le vivre une fois dans sa vie professionnelle fait grandir, c’est sûr. On a pu apercevoir, sans doute pour encourager le torero, une paire de drapeaux mexicains en tribunes. Eduardo Neyra se mettra rapidement dans le bain et parviendra à tirer le meilleur du premier de chez Talavante qui lance parfaitement la course sous un soleil de plomb. Neyra montre de belles choses, notamment sur sa main gauche et arrive tue d’une belle entière. Oreille.
Après un premier duel sur le sable nîmois, le jeune mexicain se sent bien. Les tendidos étaient avec lui, il l’a compris et quand il a vu que le novillo allait permettre, Neyra le balade d’un côté à l’autre, sans trop de perspective mais avec un certain brio et une classe non négligeable. Parfois, le torero se fait déborder, parfois il manque de recul sur le terrain, mais souvent, il tape juste jusqu’à finir en laissant le toro entre les planches et lui et en le toréant proprement. Une épée, des applaudissements et un passage intéressant pour lui à Nîmes.
Venait ensuite un Portugais en la personne de Tomas Bastos. Il est né au pays de Palha et, contrairement à son compagnon de cartel, lui n’est arrivé dans la catégorie qu’il y a quelques mois, pas six ans ! Il a d’ailleurs débuté avec les novillos de Talavante et ses intérêts sont gérés par Cristina Sanchez (et Alejandro Da Silva). Hélas pour lui, son sorteo sera le moins attractif et le pire de la matinée. On peut parler du bon lot envoyé par le maestro Talavante hormis cet exemplaire, peut-être un peu moins mobile et vibrant que ses congénères. Sans aucune transmission, Bastos ne parvient pas à accrocher les gradins. Silence.
En 2024, Bastos a toréé 10 novilladas et a coupé 13 oreilles et un rabo. Il avance sûrement. Il enchaîne avec l’envie de montre d’autres facettes de sa personnalité. Il avait été apprécié par les arènes d’Arles sont d’un joli tercio de banderilles sur un Chaubet tout aussi plaisant. Pour Nîmes, le torero s'en tiendra au capote et à la muleta. Et c’est un novillo jabonero, un peu en dehors du type de la maison, qui déboule en piste et qui, forcément, fait son effet. Plus complexe à décrypter que son mansito premier, le novillo demande les papiers mais Bastos a dû les laisser dans le coche de cuadrilla. Il tente bien quelques bricoles mais rien de transcendant. Silence.
Enfin, le Nîmois Victor faisait lui aussi sa présentation dans les arènes de la ville où il est né. Même s’il habite aux Saintes, Victor connaît Nîmes et compte savourer le moment sans perdre de vue les responsabilités qui vont avec. Il retrouve Tomas bastos avec qui il était, à Arles il y a quelques semaines, lors de son passage dans la catégorie. Pas de quoi rougir, donc. Mais Victor a de quoi rugir ! On ne l’entendra pas mais il a dû rugir fort, très fort car pour son premier paseo de novillero à Nîmes il remporte la Cape d’Or et sort par la Porte des Consuls. Olé ! Et en plus, rien de tout cela n’est usurpé ! Victor a été d’une élégance rare, d’une précision digne d’un horloger suisse et d’un impact aussi puissant que de grands maestros. Victor a trouvé son concept, les arènes le suivent avec enthousiasme, bref à la hauteur de son toreo du jour. Il est certain qu’il est tombé sur un des Talavante les plus intéressants, d’une noblesse rare et qui transmettait en même temps au public. L’émotion, la verticalité, la solennité, la ceinture, le risque, Victor a fait plus que le job et dans l’esprit il ne pourra pas être plus novillero que ce qu’il est. Deux oreilles et la vuelta au novillo. Logique, tout.
C’est le Français qui met en terme à la matinée avec un ultime affrontement. À 18 ans, il coupera une nouvelle oreille d’un dernier de Talavante exigent mais compliqué à comprendre à gauche. Victor fait avec, il s’arrime, et la situation se décante après de nombreux essais plus ou moins infructueux. Le Saintois, même s’il est le plus jeune dans la catégorie par rapport à ses compañeros du jour, a montré une maturité rare devant deux novilleros d’expérience et/ou à l’entourage puissant. Victor peut s’enorgueillir de cette présentation nîmoise, le revoir en septembre paraît obligatoire. Oreille et Porte des Consuls. Victor a vaincu.