L’Amérique a rendez-vous avec son histoire. Qui deviendra le 47e président des États-Unis ? Personne ne peut le prédire d’avance car les derniers sondages sont très serrés entre les deux candidats que tout oppose. D’un côté, Donald Trump, un ancien président conservateur, en poste de 2017 à 2021, et controversé, déterminé à réinvestir la Maison Blanche. De l’autre, Kamala Harris, démocrate et vice-présidente du président sortant Joe Biden, qui a su gravir les échelons pour devenir pourquoi pas, dans un peu plus de 24h, la première femme américaine de l’histoire présidente de son pays. 

Kamala Harris : la candidate des "classes moyennes"

Un sacré challenge à relever pour la Californienne, se revendiquant comme la candidate “des classes moyennes”, soutaitant mettre en place une "économie des possibles". Devancant Donald Trump d’une courte tête d’après les estimations, avec 49,1 % des intentions de votes, la femme politique de 60 ans peut compter sur le soutient de Julie de Rouville, Américaine installée à Uzès depuis 13 ans. Adaptée à la culture gardoise - ces trois filles sont scolarisées à l’école bilingue Montesseri -, cette traductrice et éditrice de profession, “démocrate depuis toujours”, garde un œil sur son pays d’origine et suit avec attention ces élections présidentielles indécises.

Les états pivots, un rôle déterminant dans les résultats 

De retour d’un séjour en Pennsylvanie, l’un des sept “swing states” (les états pivots) avec le Texas, la Floride, l'Ohio, la Géorgie, la Caroline-du-Nord, l'Arizona et l'Iowa, celle-ci donne ses impressions, partagée entre l’espoir de meilleures conditions de vie et la crainte d’un futur qui empire, en cas de retour au pouvoir de Donald Trump. 

Pour rappel, le collège électoral aux USA est composé de 538 grands électeurs. L'un des deux candidats en lice doit obtenir le soutien d’au minimum 270 d’entre eux pour remporter ces présidentielles scrutées dans le monde entier. 78 millions d’américains ont déjà exprimé leur choix de manière anticipée, par voie électronique, alors que quelque 244 millions d’habitants sont appelés aux urnes. 

Objectif Gard : Quel candidat à l’élection présidentielle soutenez-vous et pourquoi ? 

Julie de Rouville : Je soutiens Kamala Harris. Le Parti démocrate croit au rôle du gouvernement, dans le peuple, dans la gestion des problèmes et crises publiques par des personnes élues qui servent leur pays. 

Quels sont les commentaires des habitants en Pennsylvanie ?

Les réactions des amis et de ma famille dépendent d’où ils habitent. Les chrétiens pratiquants de la campagne voient Kamala Harris comme une extra-terrestre, d’un autre pays, avec une morale douteuse et des objectifs suspicieux. On entend qu’elle va changer le pays mais pas dans le bon sens. Les panneaux pour Trump sont d’une simplicité criante : “Trump : impôts plus bas, Kamala : impôts élevés”, “Trump : frontières fermées, Kamala : frontières ouvertes”. Mes amis de Gauche sont horrifiés par Trump, le traitent d’idiot, de vilain et le considèrent comme un ennemi du peuple. 

Regardez-vous l’actualité politique américaine depuis Uzès ? 

Oui je lis régulièrement le New York Times, ProPublica, qui est un site de journalisme d’investigation, NPR, le journal public, un peu moins souvent CNN, et certains autres sites qui servent plutôt à divertir. 

Considérez-vous que cette élection présidentielle est capitale pour votre avenir et celui de votre pays ? 

Les deux candidats emmèneront le pays dans deux directions différentes. Trump va démanteler le gouvernement. Des institutions déjà décimées le seront d’autant plus. Des Américains pensent que le système privé est plus sûr. De l’autre côté, Kamala ne fera pas de révolution mais elle essaiera de remettre sur les rails le pays et de redresser l’économie pour la classe moyenne.  

Quelles mesures sont les plus importantes à mener aux USA ? 

Nous sommes tellement loin d’une Amérique plus juste socialement, avec une éducation supérieure moins chère, des emplois pour tous, des soins à des prix abordables. Le plus urgent à mon avis, c’est l’éducation, à la fois civique et morale, que nous enseignons en France. Au sens large : pourquoi et comment le marché et le gouvernement fonctionnent, les conditions de vie, les salaires… 

Allez-vous suivre ces élections en direct et quel est votre sentiment à la veille du scrutin ? 

Je suivrai les élections avant de me coucher. Je n’aurai pas le courage de rester debout jusqu’à la fin. Je suis plutôt craintive. Il y aura très peu d’écart. Si Trump gagne, la gauche acceptera mais cela sera horrible de l’avoir à nouveau comme président. Si Trump perd, la droite n’acceptera pas et ce sera violent.