Publié il y a 10 h - Mise à jour le 07.06.2025 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 4 min  - vu 114 fois

L'INTERVIEW SPORT Brice Lopez, président du Pentathlon Club Gardois : "Demandez à un gamin s'il veut être escrimeur ou chevalier..."

Brice Lopez, président du Pentathlon Club Gardois.

- S.Ma

Ces samedi 7 et dimanche 8 juin a lieu pour la première fois le championnat de France de pentathlon historique à Barberaz en Savoie. L'Arlésien, Brice Lopez, 56 ans, président du Pentathlon Club Gardois, fait partie de la cinquantaine d'athlètes en lice. Il en dit plus sur cette nouvelle pratique multidisciplinaire issue de recherches en histoire du sport.

ObjectifGard : Vous participez cette année au premier championnat de France de pentathlon historique. Comment avez-vous découvert cette discipline, très peu connue en France ?

Brice Lopez : J'ai été sportif de haut niveau en ju-jitsu, il y a très longtemps, éducateur sportif et combattant. Et puis, je me suis intéressé à l'histoire du sport, plus particulièrement aux Jeux Olympiques et au sport dans l'Antiquité. Je suis devenu historien du sport, j'ai écrit plusieurs bouquins, etc. J'ai un ami, Olivier Patrouix-Gracia, maître d'armes, plus spécialiste du combat à l'épée au Moyen Âge. Lui travaillait pour la fédération française d'escrime (FFE) et la fédération française de pentathlon moderne (FFPM). On s'est rencontré il y a une dizaine d'années sur le tournage de la série "Chevaliers". Et puis très vite est venue l'idée de faire reconnaître le pentathlon historique - qui existait en France, mais de manière officieuse - par une fédération officielle pour le développer. On a essayé auprès de la FFE, mais ça n'a pas du tout marché. Puis on a essayé avec la FFPM en montant un programme un peu spécial, pour leur montrer ce qu'on était capable de faire. C'était au Palais des Rois de Majorque à Perpignan, il y a cinq ans. Et là, ça a fonctionné. De là, des clubs ont été créés dans divers coins de France. L'objectif, c'était d'offrir à ces sports un renouveau moderne et non pas d'être dans la reconstitution.

Combien de licenciés regroupe le pentathlon historique ?

B.L. : Au départ, nous étions une soixantaine de licenciés. Et puis, au fur et à mesure, on a fait des formations, donc on a eu de plus en plus de clubs. En 2023, la FFPM a créé une licence de sports historiques. Moi, j'ai porté la flamme olympique pour la fédération en avril 2024 à Font-Romeu... Aujourd'hui on a atteint les 300 licenciés. Après avoir organisé un circuit national pendant deux saisons, pour la troisième, on souhaitait avoir un championnat de France. Ce que la fédération a accepté.

Comment se déroule cette compétition ?

B.L. : Cette nouvelle pratique regroupe cinq disciplines issues de recherches en histoire du sport, dont le saut en longueur avec haltères, le lancer du disque de bronze et de javelot avec propulseur, c'est ce qu'on appelle le bloc triade grecque. Et puis, on a rajouté une course avec un bouclier pour faire le lien avec le pentathlon moderne et le duel à l’épée longue médiévale. Pour moi, c'est une autre façon de faire de l'histoire.

Le Pentathlon Historique

Les épreuves multiples existent depuis les premiers Jeux Olympiques puisque le pentathlon fait son entrée aux jeux en 708 avant notre ère et cette épreuve, restera présente jusqu’à la fin des jeux antiques. Aujourd’hui, de nombreux chercheurs travaillent sur la restitution des pratiques sportives anciennes. Depuis 2019, la Fédération française de pentathlon moderne a créé une commission de sports historiques pour encadrer ces pratiques et créer dans la continuité de l’œuvre de Pierre de Coubertin, un pentathlon historique.

Quel est le prétexte : le sport ou l'histoire ?

B.L. : Je ne peux pas vous dire. On ne demande pas aux licenciés de passer un master en Histoire comme on ne leur demande pas d'être des athlètes de haut niveau. On essaie d'être performants et cohérents avec l'histoire, même si on s'accorde quelques libertés. J'ai toujours allié dans mon parcours, culture et sports. Et puis ce pentathlon historique relève du pratico-pratique, je m'explique. Aujourd'hui, en France, on a un problème dans le domaine du sport, principalement parce qu'on a un problème de structures. Notre saut en longueur avec haltères, par exemple, peut se faire dans une cour d'école, ça ne nécessite pas un bac et ça permet aux enfants de développer des compétences physiologiques et techniques dont la prise d'élan, l'impulsion, la vitesse etc. Des éléments qui peuvent servir dans la pratique du saut en longueur classique. Et puis, demandez à un gamin de 8 ans s'il veut être escrimeur ou chevalier... (Rires) Donc, on a un sport adapté à l'histoire et aux contraintes contemporaines.

Vous êtes le président du Pentathlon Club Gardois, mais aussi le responsable de la commission sports historiques à la fédération. Quels sont les prochains objectifs pour développer cette pratique ?

B.L. : On se fixe des objectifs par olympiade. Jusqu'à 2024, c'était formation des animateurs, développement des clubs. Pour la période 2024-2028, ce sont le championnat de France, la formation des arbitres et la formation sécurité, mais aussi développer la section féminine. Et peut-être qu'en 2032, l'objectif ce sera l'international.

Et les Jeux Olympiques ?

B.L. : Ça sera certainement à très très très ... long terme. Il faudrait une explosion de la pratique, il faudrait que des équipementiers travaillent sur notre matériel, car aujourd'hui, nous fabriquons tout nous-mêmes. Je pense que je ne le verrai pas de mon vivant. Il faut faire les choses petit à petit. Ce qui me rendrait très heureux, c'est de pouvoir organiser le prochain championnat de France à Nîmes l'année prochaine et pourquoi pas avec des épreuves dans les arènes.

Les athlètes du Pentathlon Club Gardois s'entraînent à Nîmes, au gymnase des Bénédictins.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

Beaucaire

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