Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 03.01.2024 - Corentin Corger - 5 min  - vu 2503 fois

FAIT DU SOIR Benoît Saint-Denis : ce Nîmois devenu star du MMA

Benoît Saint-Denis est surnommé God of War, le dieu de la guerre.

- © Collection privée Benoît Saint-Denis

Né à Nîmes, Benoît Saint-Denis s’est engagé jeune dans les forces spéciales pour effectuer des missions au Sahel. Aujourd’hui âgé de 28 ans, il est la nouvelle star montante de l’UFC, la plus grande fédération de MMA (Mixed Martial Arts) et fait partie du Top 15 dans la catégorie des poids-légers, la plus relevée. Cet article est issu du numéro 61 du magazine Objectif Gard paru en janvier 2023.

Avec un nom de famille associé au saint patron des rois de France et utilisé comme cri de guerre, "Montjoie ! Saint-Denis", Benoît était forcément destiné à devenir un combattant. D’autant plus lorsqu’on voit le jour près d’un amphithéâtre bimillénaire réputé pour ses combats de gladiateurs. « Je suis né à côté des arènes et j’étais un petit gamin heureux », se souvient Benoît Saint-Denis lorsqu’il évoque Nîmes, sa ville natale.

Fils d’un militaire engagé au 2e REI, Benoît est donc né dans la cité des Antonins et a effectué ses premiers pas à Marguerittes. Un court passage avant de partir dès l'âge de 6 ans du côté de la frontière franco-allemande mais pour toujours il est lié au Gard. « J’aime beaucoup la région », confie-t-il au sujet de son itinéraire personnel englobant également Montpellier, où habite ses grands-parents et où il s’est marié l’an dernier, une semaine avant son combat à Paris. De quoi faire le plein d’émotions en peu de temps.

Baigné dans un univers militaire, l’adolescent est déjà sûr de ce qu’il veut faire : intégrer les forces spéciales de l’armée française. Après avoir obtenu sa ceinture noire de judo à seulement 16 ans, il arrête cette discipline pour se préparer aux examens physiques. « C’est un sport très restrictif avec énormément de règles qui changent quasiment chaque année », regrette-t-il. À 18 ans, le Nîmois est accepté dans les forces spéciales au sein du 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine qui se déploie principalement au Sahel (Nigeria, Mali, Burkina Faso).

À Paris, le Nîmois a battu Gabriel Miranda dès le début de la deuxième reprise. • © Collection privée Benoît Saint-Denis

« Les gars là-bas me trouvaient fou d’arrêter »

Parmi ses diverses missions, la protection rapprochée de personnalités comme lors de la venue du Président François Hollande en 2016, mais aussi la libération d’otages et la capture de terroristes. « À l’époque, on luttait contre la branche Touareg de Daech », explique l’ex-militaire qui a donc vécu la guerre de très près pendant cinq ans, de 18 à 23 ans. C’est assez rare de voir un si jeune homme intégrer une telle section d’élite mais ce dernier a ça dans le sang. Il semble donc parti pour épouser une belle carrière mais il décide, contre toute attente, de quitter l’armée en mars 2019.

Pourquoi ? « Même les gars là-bas me trouvaient fou d’arrêter alors que sur une soixantaine, on n'avait été que dix à être reçu. Mais je m’étais remis à pratiquer un sport de combat et je voulais m’y engager totalement. » Il suit d’abord des cours de jiu-jitsu brésilien et de pancrace, qui était la version autorisée du MMA (arts martiaux mixtes) en France avant qu’il ne soit légalisé en février 2020. Il s’agit du sport de combat le plus complet, autorisant les coups de pied, poing, coude, genou, les soumissions et la bagarre au sol dans une cage grillagée en forme d’octogone. Pour Benoît, tout commence par un tournoi amateur en décembre 2018 en Espagne. Il survole la compétition et bat un combattant professionnel en finale.

© Collection privée Benoît Saint-Denis

« Je suis passé d’un salaire net de 2 200 euros à 400 euros »

À cette occasion, il tape dans l’œil de Daniel Woirin, un entraîneur réputé de la discipline, qui lui fait passer un test... concluant. « Il m’a dit que le jour où j’arrêterai l’armée, il me prendrait dans sa salle. » Le Nîmois comprend donc qu’il a un potentiel et veut l’exploiter à fond. « Je suis passé d’un salaire net de 2 200 euros à 400 euros pour mon premier combat après plus deux mois de préparation. Je me suis laissé deux ans pour percer et intégrer l’UFC », confie l’intéressé. En tant que débutant, il commence sur le circuit européen en février 2019. Après quatre victoires, il intègre la Brave, une organisation de MMA classée dans le top 15 mondial. Le Gardois y gagne en visibilité médiatique. Après un premier combat déclaré sans décision à la suite d’un choc de têtes involontaire, il gagne les quatre confrontations suivantes.

De manière inattendue, il fait ses grands débuts à l’UFC (Ultimate Fighting Championship) le 30 octobre 2021. Le Français est choisi à la dernière minute pour affronter le Brésilien Elizeu Dos Santos et s’incline au troisième round. « C’est une fierté car ce n’était pas ma catégorie. Huit kilos nous séparaient. J’ai quand même rivalisé et je me suis dit que du coup j’étais capable d’affronter les meilleurs en dessous », commente l’intéressé. Depuis, son adversaire a été suspendu pour dopage et, malheureusement, Benoît n'a pas obtenu la victoire par disqualification qui aurait remis son compteur de défaite à zéro.

Une victoire à Paris devant 15 000 personnes

En dépit de cette entame compliquée, il signe sa première victoire en juin 2022 avant d’entrer, déjà, dans l’histoire le 3 septembre 2022. Le Nîmois est tout simplement devenu le premier Français à s’imposer en France lors d’un événement organisé par l’UFC. Devant plus de 15 000 personnes en délire à l’Accor Arena (ex-Palais omnisports de Paris-Bercy), le poids-léger (moins de 70,5 kg, NDLR) bat le Brésilien Gabriel Miranda. « Les gens attendaient avec impatience l’arrivée du MMA en France, il y a un vrai engouement », assure le jeune homme. 

En attendant, en plus d’avoir contribué à populariser ce sport, considéré encore par beaucoup comme violent, Benoît a marqué les esprits et se place comme la future vedette de cette discipline par son style agressif et spectaculaire dans la cage. « Le plus gros fléau dans les sports de contact sont les contusions et dommages au cerveau. Depuis que je pratique, je n’ai jamais perdu connaissance. C’est plus fréquent au rugby. On combat 15 minutes - 3 round de 5 minutes -, deux ou trois fois dans l’année. » Le Gardois a fait de l’étranglement une de ses spécialités pour faire abandonner ses adversaires.

© Collection privée Benoît Saint-Denis

Trois victoires en 2023 et entrée dans le Top 15

Passionné de romans épiques, il est surnommé God of War en lien aussi avec son passé de militaire : « Ce surnom colle bien à mon image de guerrier. » Un athlète qui aime mettre la pression et profiter de la moindre faille de son adversaire pour le mettre en difficulté. L'année 2023 a été celle de la confirmation pour le Nîmois même si pourtant, elle démarrait mal. En effet, BSD a dû annuler son combat face à l'Américain Joe Solecki, initialement prévu en février, à cause d'une blessure à la cheville. 

Peut-être un mal pour un bien puisqu'il est revenu en juillet pour battre le Brésilien Ismaël Bonfim avant de triompher deux mois plus tard, devant son public à l'Accor Arena, face à un autre Auriverde : Thiago Moisés. Ce chevalier des temps modernes continue de faire parler de lui et le 11 novembre dernier, il marque encore plus les esprits. En seulement 90 secondes, à New York, le Français martyrise le local Matt Frevola et gagne son ticket pour intégrer le Top 15 de la catégorie des poids-légers, la plus relevée de l'UFC. 

Avec désormais 13 victoires au compteur, pour une défaite, Benoît Saint-Denis rêve de ceinture et pourquoi pas dès 2024. Il devrait avoir encore l'occasion de montrer son talent dans l'octogone avant de pourquoi imaginer un jour un show dans les arènes de Nîmes ? « Ça peut correspondre aux attentes de l’UFC », conclut le jeune papa qui apprécie de pouvoir descendre de temps en temps dans le Sud. 

Corentin Corger

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