FAIT DU SOIR Vers un avenir mitigé pour les travaux publics ?
La Fédération régionale des travaux publics dans le Gard organisait ses vœux.
Sous les yeux de deux sénateurs, des présidents des deux plus grandes agglomérations du Gard, d’une conseillère régionale, d’un conseiller départemental et du représentant des maires du Gard, sans oublier la présence amicale du nouveau président de la fédération du bâtiment, les vœux de la FRTP étaient importants à plusieurs titres.
Christophe Ruas, président de la délégation gardoise de la FRTP Occitanie a noté une stabilité dans les chiffres 2023 avec une commande publique maintenue et une année plutôt intéressante malgré des disparités géographiques entre la ruralité et les modes de vie urbains. 2024 se profile, selon lui, aussi bien. « Nos carnets de commande sont au moins équivalant à ceux de l’année dernière car nous entrons dans un cycle communal qui arrive à échéance dans deux ans. Il faut donc faire sortir de terre quelques projets ! »
Olivier Giorgiucci, président régional de la FRTP Occitanie est tout aussi emballé. « Nous avons été dynamiques en 2023 et nous allons continuer. Nous sensibilisons et nous formons nos adhérents au virage à prendre sur la transition écologique. »
Pour l’année qui vient de débuter, quelques motifs d’inquiétude reviennent sur le devant de la scène. « La croissance et le retournement du marché de l’emploi. Il y a une crise dans la construction du logement neuf qui implique moins de routes et donc moins d’infrastructures… » Pour le président les collectivités devraient maintenir voire accroître leurs investissements avant les élections mais nous n’avons là que de simples projections. Il en faut plus pour les chefs d’entreprise du secteur. Réduire les émissions de carbone en transformant les infrastructures et en s’adaptant aux changements climatiques semble nécessaire.
« Nous devons soutenir l’investissement local et diversifier nos recrutements pour car nous avons encore beaucoup de mal à recruter correctement. Certains délais cachés de paiement s’allongent un peu trop et la situation redevient comme avant covid. Enfin, maîtriser nos coûts sera un enjeu crucial. Les matières premières n’augmentent plus, c’est maintenant la part salariale qui pèse lourd car en deux ans nous avons augmenté les minimas de plus de 10 % ! » À cette problématique vient s’ajouter celle du GNR, gazole non-routier, dont les avantages fiscaux s’arrêtent peu à peu. D’ici cinq ans, tous les engins devront être changés ou modifiés.
La question sera sans doute abordée lors du "Pop up promotion des métiers des travaux publics" qui aura lieu le 5 mars prochains au cinéma Kinepolis de Nîmes. Représentant le maire de Nîmes, Emmanuel Carrière, adjoint aux Aménagements urbains et à la voirie, est clair : « Avec les grands travaux municipaux qui s’annoncent, nous avons et aurons besoin de vos savoir-faire pour créer un schéma complexe qui améliore le quotidien de nos administrés. Grâce à vous Nîmes a pu se doter d’équipements d’envergure et attractifs avec une résilience face aux changements climatiques. »
Président de Nîmes métropole, Franck Proust y va de son bon mot en émettant quelques réserves sur quelques sujets. « J’espère que 2024 sera une bonne année ! Nîmes métropole n’a pas un budget en adéquation avec les élections à venir mais plutôt avec les dotations que nous recevons de l’État. Nous faisons des efforts pour investir plus de 120 millions d’euros mais nous devons surtout améliorer notre taux de réalisation. »
Franck Proust est inquiet non pas pour 2024 mais plutôt pour les années à suivre. « Nous serons sans doute obligés de trier nos projets et en plus nous devrons nous partager le foncier qui est de plus en plus rare. Comment va-t-on faire ? Je plains les élus qui ne pourront rien faire en 2026 ! »
Son homologue alésien, Christophe Rivenq, met lui aussi la pédale douce sur l’enthousiasme des chefs d’entreprise. « Nous avons le devoir de vous alerter car en se projetant nous devons rendre les choses possibles. Nous ne pouvons plus nous raccrocher aux députés qui ne sont plus dans notre réalité. La France doit s’aménager par et grâce aux collectivités. Nous ne maîtrisons plus nos recettes, nous attendons des décisions et devons faire avec ces contraintes pour anticiper un peu l’avenir. »
Christophe Rivenq a exhorté le public à ne pas rester dans son fauteuil de chef d’entreprise et de se rebeller avec les élus, notamment sur le sujet du contournement ouest de Nîmes et ces 200 millions d’euros. « C’est un problème environnemental, une injonction contradictoire, une de plus ! On n’a plus le courage d’assumer. Mon combat sera sur l’aménagement des territoires à taille humaine, des territoires intermédiaires. »
Le Département prévoit la construction de trois collèges, l’entretien des 4 500 km de route sans oublier de les sécuriser et de doubler voire tripler les budgets qui concernent les déplacements alternatifs. L’industrie, la rénovation et les mobilités promettent d’être d’importants leviers économiques.
« Décarboner la société ? Il nous faut être réactif et s’adapter. Des contraintes s’imposent à nous avec des subventions déjà fléchées vers l’environnement. C’est inquiétant, c’est une entrave à la libre administration d’une collectivité », lance quant à lui Philippe Ribot, président de l'Association des maires et présidents d'intercommunalités du Gard.
Les sénateurs Denis Bouad d’abord et Laurent Burgoa ont eu aussi pris la parole. « Je ne veux pas jouer les chats noirs, note le socoaliste Denis Bouad, mais la dotation que perçoivent les collectivités ne sont pas suffisamment revalorisées. 75 % de votre chiffre vient de la commande publique et les élus devrons faire des choix. Les 25 % issus du privé viennent souvent coller à des constructions publiques donc soyons vigilants. »
« Vous faites partie des syndicats qui n’hésitent pas à nous solliciter, vous êtes dynamiques mais vous savez comme nous que la ruralité souffre car elle est stigmatisée depuis des années. Le parlement ne fonctionne plus, heureusement qu’il y a le Sénat… Depuis 40 ans Berçy veut réduire le nombre de communes », conclut le républicain Laurent Burgoa ajoutant quelques propos sur la loi Zéro artificialisation nette, votée mais qui évolue très bizarrement depuis 2021.
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