Publié il y a 3 h - Mise à jour le 18.07.2025 - Anthony Maurin - 7 min  - vu 103 fois

VERGÈZE Lancement d’Agrivair Garrigue pour protéger l’eau et défendre la biodiversité

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)

Joffrey Léon, Laure Goutagneux, François Negro et Cyrille Sabran (Photo Anthony Maurin)

Agrivair Garrigue est l’entité qui devra faire en sorte de protéger les ressources en eau et la biodiversité locale.

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
 (Photo Anthony Maurin)

Dans le « Parc Agro » de 20 hectares attenant à l’usine Perrier, le lancement de la nouvelle entité Agrivair Garrigue est désormais acté. Dédiée à la protection de la ressource en eau et de la biodiversité, la structure veut que sa démarche repose sur une collaboration étroite avec les acteurs du territoire.

« La sécurité alimentaire et la composition minérale des eaux Perrier, Contrex et Hépar ont toujours été garanties. Elles peuvent être bues en toute sécurité. Ces eaux comportent une dénomination « Eau minérale naturelle », alors qu’elles sont susceptibles de ne pas en constituer, selon l’analyse par l’État de leur taille de microfiltration et ce jusqu’à ce que les conditions de production soient pleinement mises en conformité avec le cadre réglementaire. »

En effet, les préfets du Gard et des Vosges avaient d’ailleurs notifié à Nestlé Waters une demande de retrait de la microfiltration à 0,2 micron considérant que cette taille de microfiltration ne satisfait pas aux exigences requises pour l’emploi de la dénomination « eau minérale naturelle ». Nestlé Waters s’est conformée à cette décision et a retiré la microfiltration à 0,2 micron.

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
Au cœur du parc qui jouxte le site industriel, c'est sous cette tente qu'élus, associations, acteurs du territoire et Nestlé Waters ont lancé les ateliers d'Agrivair (Photo Anthony Maurin)

« De nouvelles solutions techniques ont été proposées pour continuer à exploiter ces eaux sous l’appellation « eau minérale naturelle ». Dans un dialogue constant avec l’administration, Nestlé Waters sollicite en conséquence les autorisations administratives nécessaires, en vue d’assurer la mise en conformité avec le cadre réglementaire. Nestlé Waters s’engage à continuer d’informer ses consommateurs de l’évolution de la situation et de la validation par les autorités. »

Voilà le petit bilan de ces dernières semaines, mouvementées, pour Perrier. Aujourd’hui ? Nestlé-Waters l’assure, « à Vergèze, lieu de naissance de l’eau minérale naturelle Perrier, nous soutenons des agriculteurs locaux dans le développement de pratiques agricoles bio et durables. Ainsi, le territoire compte plus de 600 hectares certifiés Agriculture Biologique autour de la source. »

Suite à des recommandations faites par les hydrogéologues agréés dans leur rapport sur les forages dédiés à la production de Source Perrier, Nestlé Waters renforce ses engagements en faveur de la protection de la ressource en eau, avec des investissements à hauteur de 25 millions d'euros sur cinq ans, soit près du triple des montants investis ces cinq dernières années.

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
Joffrey Léon, Laure Goutagneux, François Negro et Cyrille Sabran (Photo Anthony Maurin)

Cette démarche se traduit par des actions visant à préserver la biodiversité, protéger les sols et améliorer la qualité des écosystèmes aquatiques. Ces différentes mesures vont être regroupées prochainement sous l’égide d’une structure dédiée, nommée Agrivair Garrigue, permettant, comme c’est déjà le cas pour le site Nestlé Waters des Vosges, de décupler leur efficacité. Il faut reverdir l’image et essayer de retrouver une confiance peut-être perdue à jamais…

Avec 6 000 hectares à proximité du site industriel de Vergèze, les biens fonciers de Nestlé Waters s’étendent quasi jusqu’aux eaux du Scamandre. De nombreuses choses dans de nombreux domaines sont à faire.

Pour Laure Goutagneux, directrice générale de de Nestlé Waters France : « Nestlé Waters annonce un investissement de 25 millions d'euros sur cinq ans et la création d'Agrivair Garrigue, une démarche collaborative destinée à soutenir la protection des ressources naturelles dans le Gard, berceau des marques Perrier et Maison Perrier et terre d'accueil de ce patrimoine depuis 160 ans. Ce programme vise à agir collectivement avec les acteurs du territoire, partenaires publics et privés, pour contribuer à préserver ses ressources naturelles aujourd'hui et pour les générations futures. »

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
La vaste zone sur laquelle pourrait agir Agrivair (Photo Anthony Maurin)

Agrivair ? L’originalité d’Agrivair consiste à lever les freins au changement, en totale collaboration avec les parties prenantes, en conseillant, proposant, convainquant, sans jamais rien imposer.

« Il était important de franchir cette étape pour renforcer nos actions environnementales. Les ateliers organisés aujourd’hui avec les acteurs du territoire ont été riches en nouvelles idées, il y a une émulation autour de cette collaboration. Perrier est indissociable de son territoire. Contribuer à protéger l'eau, c'est protéger l'équilibre de tout un écosystème. Avec Agrivair Garrigue, nous renforçons notre capacité d'action collective au service d'un patrimoine unique. Nous renouvelons notre pacte avec le territoire, ses habitants, les générations futures et avec les équipes de notre site de Vergèze, profondément attachées à notre territoire. Nous avions déjà des actions, nous accélérons », poursuit Laure Goutagneux.

Au cours des années 80, le territoire autour des sources Vittel, Contrex et Hépar comportait une majorité d’exploitations agricoles de plus en plus utilisatrices d’engrais chimiques, de pesticides et d’herbicides. À terme, le bassin d’alimentation de ces sources courait le risque potentiel d’une pollution telle que la production d’eau minérale en aurait été menacée.

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
L'environnement et l'écologie sont importants aux yeux de Perrier et de Nestlé Waters (Photo Anthony Maurin)

Le développement du tourisme thermal, avec la création de golfs et d’un hippodrome entretenus eux aussi avec des produits chimiques, constituait une contrainte supplémentaire, de même que le désherbage de plusieurs centaines d’hectares d’espaces verts et des voies de chemin de fer réalisé avec des herbicides.

À la fin des années 1980, Nestlé Waters France lança un programme de recherche et d’étude en partenariat avec l’INRA (des équipes pluridisciplinaires impliquant historiens, sociologues, économistes, agronomes et zootechniciens) avec pour objectif d’établir un scénario de protection « zéro pesticide » du périmètre des sources, sans entraver le développement économique local.

L’exigence du moment ? Convaincre les acteurs locaux concernés de l’intérêt collectif à adopter une politique de protection durable. En 1992, Agrivair, filiale de Nestlé Waters Vosges, fut créée afin de mettre en pratique les préconisations des chercheurs.

Agrivair écologie environnement Perrier Nestlé Waters 2025 (Photo Anthony Maurin)
Le lancement d'Agrivair par Nestlé Waters sur le site de Perrier (Photo Anthony Maurin)

François Negro, président d’Agrivair Garrigue, a l’expérience du passé. « Nous allons travailler sur quatre axes. L’eau et sa gestion, l’agriculture, la forêt et l’environnement. Nos actions s’adaptent au territoire et je rappelle que nous ne démarrons rien aujourd’hui, nous sommes dans la continuité de ce qu’il se passait. »

Le modèle alternatif d’Agrivair, aurait ainsi permis de perpétuer une agriculture respectueuse de l’environnement, tout en garantissant le maintien d’un revenu agricole élevé, le développement d’une activité économique et humaine importante (agricole, industrielle et touristique) et la préservation de la qualité et de la pureté originelle des gisements hydrominéraux sur 10 000 hectares et 17 communes.

La démarche collaborative vers le « zéro pesticide » a transformé les contraintes en opportunités via un cahier des charges pour lequel l’agriculteur s’engage contractuellement sur 18 ou 30 ans. 30 exploitations, de 50 hectares et plus, se sont ainsi impliquées au fil du temps.

Vergèze Nestlé Perrier Source Verrerie du Languedoc (Photo Anthony Maurin)
L'entrée du site de Vergèze pour Perrier Nestlé Waters (Photo Archives Anthony Maurin)

Pour les accompagner, Agrivair a mis en œuvre des mesures financières et logistiques : maintien du revenu agricole, rachat d’environ un tiers des terres pour favoriser le désendettement. Ces terres sont intégralement et gratuitement mises à la disposition des agriculteurs partenaires, en échange du respect du cahier des charges. Aujourd’hui encore, Agrivair soutient les exploitations lorsqu’il y a un changement de pratiques et encourage les initiatives qui s’inscrivent dans une logique de développement durable (accompagnement foncier, technique et financier).

L’expérience acquise autour de Vittel, Contrex et Hépar amène aujourd’hui Agrivair à évoluer d’une logique de protection de la nature à une véritable prise en compte des interactions avec celle-ci. Un modèle de gestion durable d’un bassin d’activité, où préservation de la biodiversité et dynamisme économique sont compatibles. C’est à cet effet qu’Agrivair a été labellisé Biodiversity Progress par Bureau Veritas.

L’arbre rend de multiples services pour les sols, l’air, l’eau, la biodiversité, … Pour conforter les mesures touchant les terres agricoles et protéger durablement la qualité des sources d’eaux minérales, Agrivair a déployé une stratégie écologique où le végétal occupe une place centrale. Agrivair poursuit sa coopération avec l’ONF (Office National des Forêts) afin de gérer, sans pesticide, les 300 hectares de forêts possédés par Nestlé Waters France.

Vergeze musee source perrier (yp)
La source Perrier au milieu d'une piscine ferrugineuse • Yannick Pons

Un partenariat unique en France renforcé parallèlement par un projet d’agro-écologie mené avec « Pur Projet ». Vittel est engagée depuis 2013 au sein de Pur Projet, collectif de lutte contre le changement climatique pour réserver la biodiversité en Amazonie grâce à la reforestation. Un million d’arbres ont déjà été plantés entre la Bolivie et le Pérou grâce à l’aide de Vittel.

Cette expertise en milieu tropical donne lieu depuis 2011 à un programme de plantations sur le territoire de Vittel avec les acteurs locaux où 7 000 arbres ont déjà été plantés. L’objectif est d’expérimenter l’agroforesterie avec des plantations d’essences de bois précieux et de taillis pour améliorer la fertilisation des sols, augmenter le réservoir de biodiversité, les réserves en eau et générer un complément de revenu à travers l’exploitation, à terme, du bois ou de ses sous-produits (bois énergie, bois raméal fragmenté) et de l’écotourisme.

Vergeze musee source perrier (yp)
Le musée Perrier • Photo Yannick Pons

Le maire d’Uchaud, Joffrey Léon, est un élu plutôt heureux. « Des actions étaient menées par le passé et Uchaud est composé de 500 hectares de garrigue qui est un patrimoine environnemental et culturel. C’est un parc à ciel ouvert et nous ne voulons pas que cela se détériore. Pour éviter les incendies on pourrait remettre des vigies ou des portiques qui empêchent les véhicules d'aller sur certains chemins... Chacun dans nos domaines, nous avions un raisonnement mais à plusieurs on voit plus loin, plus haut. Nous pourrons avoir les leviers et le temps d’en parler ensemble, y compris parler de la préservation du sous-sol. C’est un pas de plus vers l’avenir et ça va dans le bon sens, je ne peux que m’en féliciter ! »

Dans le Gard

Pour l’heure, l’actualité est à la gestion et suivi des nappes avec 50 ouvrages de suivi et sept stations météo installés sur les communes de Langlade, Vestric, Vergèze, Uchaud, pour mieux comprendre l'impact du climat sur la ressource.

On parle aussi du déploiement de mesures agroécologiques avec 9,6 km de haies plantées et 600 nichoirs et abris installés avec le Centre Ornithologique du Gard, mais aussi protection du couvert forestier avec 112 hectares de garrigues protégés via la première Obligation Réelle Environnementale forestière avec le Conservatoire d'Espaces
Naturels d'Occitanie.

Les actions de sensibilisation environnementale ? L’installation d'un premier parcours pédagogique environnemental à Vestric en 2025.

La rencontre organisée pour lancer Agrivair Garrigue servait aussi à renforcer la coordination territoriale autour des zones à enjeux (forages, alertes accidentelles) en lien étroit avec les communes concernées.

Les protagonistes veulent doubler la surface de garrigue protégée d'ici 2030 (de 200 à 400 hectares), à travers une approche concertée et la mutualisation des expertises locales, tout en contribuant à la prévention des risques incendies.

Il s’est aussi agi de penser à restaurer des corridors écologiques (jusqu'à environ 40 km), de la garrigue aux zones humides de Camargue Gardoise, et protéger les espèces qui les habitent. Les acteurs du territoire désirent également accompagner les agriculteurs, souvent déjà engagés dans une démarche biologique, dans l'adaptation de leurs pratiques aux effets du changement climatique. Enfin, soutenir des actions de sensibilisation auprès des habitants et des jeunes publics à travers des événements pédagogiques annuels est une des priorités de ces actions.

Pour Cyrille Sabran, salarié du Centre ornithologique du Gard : « Le Gard est un des départements importants quand on parle de biodiversité en France. Le Gard est très important. Nous travaillions ensemble depuis 2015, mais nous n’arrivions pas à voir les personnes de Nestlé Waters. Nous avons fait des actions autour des oiseaux, d’abord, puis peu à peu des insectes, chauves-souris, reptiles… Depuis 2023, on a mobilisé 400 gîtes et 200 nichoirs pour les chauves-souris par exemple ! » Cette année, le CoGard va mettre en place 50 nichoirs pour le moineau friquet, espèce plus qu’en danger en France, mais encore visible dans le Gard.

Anthony Maurin

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