Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 16.07.2025 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 4 min  - vu 902 fois

GOUVERNEMENT Discours de François Bayrou : les réactions des politiques

François Bayrou

François Bayrou

- DR/Flickr

Le Premier ministre a dévoilé, ce mardi, les pistes d’économies contenues dans la prochaine loi de finances 2026 de l’État. Qu’en pensent les responsables politiques du Gard et arlésiens ? 

Vincent Bouget, candidat de Gauche aux municipales à Nîmes : "François Bayrou avait annoncé un langage " clair et vrai". Ce fut le cas : ce fut le langage de l'austérité tous azimuts, pour les salariés, les chômeurs, les services publics, les collectivités locales, et l’ensemble des classes populaires, ponctionnées et culpabilisées. Ce budget de 48 milliards d’économies, hors budget militaire évidemment, tourne le dos aux exigences sociales et écologiques, aux besoins d'investissements dans tous les services publics, l’école, la santé, les transports, etc. L’évasion fiscale et les grandes fortunes sont, malgré quelques effets de manche, épargnées. Il tourne le dos à l'expression et aux attentes des Français lors des législatives de 2024. Il revient à la gauche de se rassembler pour résister à cette politique et gagner une autre majorité pour une autre politique. Enfin, professeur d’histoire, je suis scandalisé par la décision de supprimer deux jours fériés dont celui du 8 mai. Un pays ne peut progresser en s'attaquant à sa mémoire. Il y a là un signal insupportable envoyé à l’extrême droite et un encouragement à ceux qui tentent de récrire l’histoire.

Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard : "J’ai écouté le discours de François Bayrou. C’est un discours de responsabilité dont je partage totalement l’état d’esprit. Il revient maintenant au Parlement de prendre sa toute sa part aux différents débats. Je constate que le sérieux du Sénat a été mis en avant par plusieurs reprises. À nous, parlementaires de terrain, de jouer tout notre rôle dans le choix des mesures et de leur portée en garantissant que l’effort soit bien réalisé équitablement.

Yoann Gillet, député RN du Gard : "Aucune économie sur l’immigration, aucune baisse de la contribution française à l’Union européenne : rien ne répond aux attentes des 11 millions de Français qui ont voté pour le Rassemblement National en 2024. Il est utile de rappeler que le long bilan – catastrophique – présenté par le Premier ministre est celui de sept années de macronisme. Mais aussi de plusieurs décennies de gestion par la gauche et la droite, qui ont conduit au déclin de notre pays. Les prétendues « solutions » avancées ne sont qu’un recyclage de politiques déjà éprouvées… et qui ont échoué. La suppression de deux jours fériés est inacceptable. Quant à « l’année blanche » – c’est-à-dire la hausse de l’impôt sur le revenu couplée à la stagnation des prestations sociales – elle ne servirait qu’à financer l’augmentation de la contribution française à l’Union européenne. Cela aussi est inacceptable. François Bayrou et Emmanuel Macron doivent revoir leur copie. Dans le cas contraire, le Rassemblement National prendra ses responsabilités pour protéger les Français, en censurant le gouvernement."

Denis Bouad, sénateur PS du Gard : "Les propositions budgétaires annoncées par le Premier ministre s’inscrivent dans la continuité des politiques menées depuis 2017. Alors qu’en 2017, le déficit public était proche de 3 %, ce sont ces politiques qui ont conduit au grave dérapage des comptes publics que nous connaissons. Flat tax, suppression de l’ISF, rejet de la taxe zucman,… un véritable déséquilibre fiscal s’est installé au profit des français les plus aisés. En 10 ans, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes est passé de 200 Milliards d’euros à 1 200 Milliards d’euros. Dans ce contexte, il ne me semble pas acceptable de demander un effort à tous les français (y compris les plus modestes), de rogner sur les services publics et notre système social et de santé, de contraindre toujours plus les collectivités, sans mener un travail en profondeur sur la question de la justice fiscale !"

Patrick de Carolis, maire d'Arles et président de la Communauté d'agglomération Arles Crau Camargue Montagnette : "Comme beaucoup d’élus locaux, j’ai pris connaissance hier soir des propos de François Bayrou suggérant la suppression de deux jours fériés, à savoir le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette proposition, bien qu’elle parte d’une volonté de répondre aux défis économiques du pays, interroge profondément. Si je comprends la nécessité, pour l’État, de réaliser des économies, celles-ci ne sauraient se faire au détriment des territoires, de ce qui fait leur vitalité, et de celles et ceux qui y travaillent au quotidien.

À Arles, le lundi de Pâques n’est pas un jour ordinaire c’est le point d’orgue de notre feria, événement central pour notre identité, notre attractivité et notre économie locale. Comme d’autres territoires en France, nous avons structuré notre calendrier autour de ces week-ends prolongés, devenus des temps forts de cohésion sociale, de vie culturelle et de développement économique. Les supprimer, c’est fragiliser un équilibre local construit depuis des années.

Quant au 8 mai, il porte en lui une mémoire nationale, un héritage républicain que nous devons continuer d’honorer. Oui, il faut maîtriser les dépenses publiques, mais pas au prix de notre histoire, de nos valeurs, ni de la vitalité de nos territoires. Il devient donc urgent d’adopter une réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus. Plutôt que des mesures ponctuelles, telles que la suppression de jours fériés, il est nécessaire d’engager une remise à plat sérieuse des priorités de l'État pour répondre véritablement aux enjeux budgétaires actuels. Une telle réforme devrait permettre une gestion plus efficace des ressources publiques, garantir une répartition juste des efforts et préserver la vitalité de nos territoires.
»

Propos recueillis par Coralie Mollaret

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