Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 25.04.2021 - tony-duret - 2 min  - vu 2393 fois

AU PALAIS Il frappe sa femme qu’il accuse d’être « alcoolique et fière de l’être »

La salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Alain, un retraité de 68 ans qui vit à Montagnac, était jugé mercredi en comparution pour des violences conjugales sur son épouse. Il avait été condamné pour des faits identiques en 2018.

« Dès qu’elle a bu, elle s’énerve. Elle s’en prend à tout le monde. J’en peux plus ! » Voici l’axe de défense choisi par Alain pour justifier ses excès de violence : sa femme qu’il a épousé en 2014 serait alcoolique. Le sexagénaire ne rencontre aucune difficulté à détailler au tribunal nîmois la consommation de son épouse : « la bière du matin » ou « la bouteille de Pastis à midi ». Il assure même au président de l’audience, Jean-Pierre Bandiera : « Elle le dit haut et fort qu’elle est alcoolique et elle est fière de l’être ! » Seulement, dès qu’il s’agit d’évoquer les faits qui lui sont reprochés, Alain est tout de suite moins loquace, plus succinct. « Je l’ai engueulée et voilà », se contente-t-il de déclarer avant d’être contraint par les questions du juge à revenir plus en détail sur ce « et voilà ».

« On s’est battus et on s’est mis des claques. Je l’ai poussée et je me suis mis dessus pour ne plus qu’elle bouge », commence Alain. Mais les constatations médicales sont bien plus parlantes et précises. La victime a des marques partout sur le corps et plusieurs côtes cassées, ce qui lui a valu dix jours d’ITT. Elle présente même des traces à la poitrine : « Elle m’a serré les parties, c’est pour ça que je lui ai pincé le nichon », se défend Alain. « Vous avez de drôles de jeux… », lui répond le juge.

« L’impression d’un passage à tabac »

À l’invitation du président Bandiera, cette dernière s’avance à la barre pour livrer un triste témoignage de son quotidien : « Autant il peut être très gentil, autant il peut être fou. Tant que ça va dans son sens, tout va bien. Mais quand vous subissez un rabaissement constant pendant des années, quand on vous coupe du monde social, de la famille, des amis, pour être encerclé dans sa vision des choses à lui. J’ai une vie de merde ! »  Son avocate, maître Laura Fabre, reprend : « Elle a une vie rythmée par la suspicion et la jalousie. Elle a vécu un véritable calvaire ». La procureure, Stéphanie Mollard, est du même avis : « On a rarement vu des certificats médicaux comme celui-ci. On a l’impression d’un passage à tabac », constate-t-elle avant de rappeler à l’accusé : « Non, il n’est pas en état de légitime défense et non il n’est pas la victime dans ce dossier ». Elle requiert un an de prison avec mandat de dépôt.

Pour la défense d’Alain, maître Maud Hamza souligne que son client, déjà marié à deux reprises, « n’a jamais eu de problèmes de violence avec qui que ce soit ». Elle propose une peine de sursis avec mise à l’épreuve en suggérant que le tribunal fasse en sorte « que ces deux personnes n’entrent plus en contact ». Elle conclut : « Mon client n’est pas un délinquant, sa place n’est pas en prison ». Le tribunal n’est pas de cet avis et condamne Alain à 18 mois de prison dont la moitié avec sursis probatoire, une obligation de soin et une interdiction d’entrer en contact avec la victime. Un mandat de dépôt a été décerné à l’audience pour la partie ferme de la peine.

Tony Duret

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