Publié il y a 3 h - Mise à jour le 10.11.2025 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 54 fois

NÎMES Il aurait eu 2 000 ans !

Ici, Antonin l'empereur aux ascendances nîmoises (Photo ArAnthony Maurin).

Titus Aurelius Fulvus, vous connaissez ? C’est un peu normal, car il s’apprête à fêter son 2 000e anniversaire ! Comment est-ce possible ? Qui est-il ?

Le Square Antonin que l'on ne peut dissocier de belle Faustine... Si vous y allez, regardez dans la direction du bras tendu de l'imperator, vous y verrez, à l'angle de l'immeuble qui lui fait face, sa douce et belle qui est représentée et qu'il salue (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Nous sommes aux alentours de l’an 25. Pas 2025, non, 25 tout court. Il y a 2 000 ans, la cité des Antonin n’avait pas encore ce surnom. Proche d’Auguste, Nemausus voit naître un homme qui va changer sa vie.

Auguste est encore maître du monde occidental quelques années avant la naissance d’Aurelius Fulvus. L’imperator (on parle toujours d’auguste et pas de l’hôtel) finira son long règne qui a fait basculer la République romaine vers un Empire qui marquera l’histoire mondiale.

Titus Aurelius Fulvus ne va pas connaître Auguste mais verra évoluer, de loin, Claude ou encore Néron. À une époque durant laquelle la Grande Rome se bâtit doucement mais sûrement, la politique a besoin de stabilité, d’intérêts communs à viser et d’un vaste réseau structuré qui parcourt l’Empire et en lequel on peut avoir confiance pour avancer.

Les armoiries de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Titus Aurelius Fulvus enchaîne les bons rôles et les conseils avisés. Il est légat (chargé de mission) de Néron du côté de l’Arménie puis dans les Balkans. Dans les années 70, lui ou ses fils (on y reviendra) deviennent patriciens. Changement de paradigme pour la famille qui appartient désormais, par sa naissance, à la classe supérieure ancienne et traditionnelle de Rome. Celle qui, par ce rang, détient plusieurs prérogatives politiques et religieuses et, surtout, les patriciens se distinguent à Rome du reste de la population, la plèbe.

Rappelons ici que sous l'Empire, aux élections se substitue une ratification formelle, faite par le Sénat, des candidats recommandés par l'Empereur en personne. Le consulat devient donc un titre honorifique qui ne dure que peu de temps au vu de la multiplication des consuls remplaçants, les suffects, comme lui.

Antonin le Pieux n'aurait pas encore 2 000 ans mais son grand-père nîmois, si (Photo Archives Anthony Maurin).

Il reçoit les ornements consulaires. Cette distinction était parfois décernée, sous la République, à des rois amis que le Sénat voulait honorer. Attributs prestigieux, ils s’accordent au début de l’Empire à des chevaliers occupant des postes particulièrement importants. Il est probable que Titus Aurelius Fulvus y ait eu droit après ses victoires contre les Sarmates ou par le choix qu’il a dû faire entre deux potentiels empereurs, Aulus Vitellus et Vespasien en qui il verra finalement le bon cheval. D’où la proximité avec la dynastie de Flavien qui commence justement avec Vespasien pour s’achever avec Domitien.

Titus Aurelius Fulvus est devenu consul éponyme… En fait, si un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois, le consul restant organise une élection intermédiaire ou désigne un consul suffect. Ce consul entre immédiatement en fonction, avec les mêmes pouvoirs que le consul remplacé, mais seulement pour la durée du mandat restant à couvrir. La nomination d'un consul suffect n'entraîne pas de changements du nom de l'année, le consul ordinaire remplacé restant éponyme. Titus Aurelius Fulvus a porté ce costume avec Marcus Asinius Atratinus.

Emblème de la cité des Antonin, l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Titus Aurelius Fulvus sera même nommé gouverneur d’une province d’importance, la tarraconaise puis, en 85, il deviendra préfet de Rome sous Domitien, dernier représentant de la grande lignée flavienne. Le monde bouge…

Les archives ne sont pas épaisses mais quelques informations sont parvenues jusqu’à nous, lointains « descendants » de l’illustre bonhomme. Il se marie avec Boionia Procilla avec qui il a deux fils qui réussiront.

Le premier se nomme Titus Aurelius Quietus et sera consul suffect. L’autre, reprend le tria nomina du père. Ce sont les trois noms de l’homme libre romain. Le pranomen qui a donné notre prénom, le nomen, vous avez deviné qu’il s’agit du nom de famille ou du patronyme et, enfin, chose toujours sympa à décrypter, le cognomen, le surnom, car oui, les Romains avaient de surnoms pour y voir plus clair dans leurs appellations !

Né en 76 ap. J.-C., empereur romain de la dynastie des Antonins, Hadrien est un bon administrateur, lettré et helléniste. Veillant au maintien de la paix, il sillonne son empire qui s’étend de l’Écosse à la Syrie. En 122, il est de passage à Nîmes. Il décide d'y construire une basilique en l’honneur de l’impératrice Plotine, veuve de Trajan, qui lui a permis d'accéder au trône impérial. Il offre de grands jeux à cette occasion... Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard.

Titus Aurelius Fulvus (fils), épouse à son tour un bon parti avec Arria Fadilla, la fille d’un consulaire connu, Cnaeus Arrius Antoninus… vous voyez la chose venir ? Cnaeus Arrius Antoninus est, lui aussi, passé par la case des consuls suffects en 69 puis en 97. La femme de cet homme politique n’était autre qu’une amie de Pline le Jeune, une certaine Servilia Plotia Isaurica.

La lignée familiale va de l’avant, poursuit son chemin et se fraie un passage vers la gloire éternelle car de ce couple va naître un unique enfant, Titus Aurelius Fulvus Boionius Arrius Antoninus, le 19 septembre 86, dans le Latium, non loin de Castel Gandolfo. Nous y voilà. C’est celui-là qui sera, dans quelques années, l’empereur qui verra l’apogée de l’Empire romain tel qu’on l’imagine et le connaît.

Ici, Antonin l'empereur aux ascendances nîmoises (Photo ArAnthony Maurin).

Comme cela se faisait à l’époque, Antonin et tous ces prénoms et noms sont élevés par son beau-père et ses grands-parents. On pense que notre Titus Aurelius Fulvus, a eu le temps de voir naître ce futur empereur d’exception, dont le grand-père était donc bel et bien Nîmois !

Une dernière preuve de l’attachement d’Antonin a son aïeul gardois et à ses origines ? Pendant son règne, il demande l’érection de statues décernées à ses ancêtres ! Elles n’ont peut-être pas traversé le temps mais le souvenir reste et Antonin a toujours son square dans la cité qui porte son surnom, non loin d’un temple d’Auguste et de l’amphithéâtre de Domitien.

Toute une histoire en quelques mètres.

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