Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.04.2023 - La rédaction - 9 min  - vu 2737 fois

ÇA RESTE ENTRE NOUS Les indiscrétions de la semaine spécial Porto

C'est dimanche. Il est 12 heures. Place à la coulisse politique gardoise en direct au coeur de la délégation nîmoise au Portugal !

Un seul être vous manque… Un voyage dans un pays étranger avec une délégation nîmoise révèle forcément les personnalités des acteurs politiques. Impossible de jouer la franche camaraderie pendant plusieurs jours sans trahir une froideur naturelle. Ou des tensions. Rien à l'horizon, les politiques présents ont, semble-t-il, éprouvé du plaisir à passer ces quelques jours ensemble. Ce séjour a au moins eu le mérite de répondre à la question que se pose inlassablement et depuis si longtemps une bonne partie de la Ville : qui dirige véritablement les affaires nîmoises ? Et quel est le poids d’un certain conseiller spécial ? C’était un secret de Polichinelle mais après plusieurs jours passés à observer le maire de Nîmes, il est évident de constater que Gerardo Marzo tient une place singulière. À ses côtés en toutes circonstances, il est beaucoup plus que le bras sur lequel se repose Jean-Paul Fournier pour marcher dans les rues de Porto. L’aide dont il bénéficie pour monter ou descendre des escaliers étroits dans les restaurants ou les marches hautes des bus de la ville portugaise. Il est celui qui passe du temps à échanger de tout et de rien. Au petit déjeuner, quand tous les élus dorment. À raccompagner le maire jusque dans sa chambre le soir. Quand d’autres préfèrent goûter aux plaisirs nocturnes de la deuxième ville du Portugal. À mettre à disposition sa tablette et ses écouteurs quand le maire trouve le temps long d’un trajet aller où pour embarquer dans l’avion de la compagnie irlandaise, il a fallu patienter plus de cinq heures. À veiller et anticiper ses besoins. Prévenant pour faciliter la vie d’un maire qui approche bientôt les 80 printemps. Un ami fidèle. Probablement le fils que le maire n’a pas eu, lui qui a eu le bonheur d’avoir trois filles. Il est évident qu’ils ne sont plus, tous les deux, dans une relation professionnelle mais dans quelque chose qui dépasse le cadre même de la politique. Et c’est ce qui peut d’ailleurs irriter, désespérer les prétendants au fauteuil de la rue Dorée. Pour avoir les faveurs du maire, il est clair comme l'eau de roche qu’il faut surtout s’éviter les foudres de l'homme lige du maire. Les deux hommes n’ont même presque plus besoin de parler. Un regard suffit pour s’accorder. Pour être en phase. Même si, malgré ce que beaucoup pensent, c’est bel et bien Jean-Paul Fournier qui décide. Bien sûr, son conseiller spécial ne se gêne pas pour donner son avis à tort et à travers, sur tout et n'importe quoi. Ce dernier n’hésitant même plus à distribuer les bons et mauvais points des agissements de Julien, de Xavier, de Teddy, d’Antoine, et même de Franck, en toute liberté et devant n’importe qui. C’est dans sa nature. Mais ce pouvoir immense ne s’est pas dessiné tout seul. Il a pris du temps, beaucoup de temps... Militant nîmois du parti de la Droite depuis le début des années 1980, Gerardo Marzo a participé à la défaite de 1995 et aux victoires successives depuis 2001. Une confiance aujourd’hui, depuis hier et certainement demain. Est-ce que ce duo prendra fin à l’issue du quatrième mandat de Jean-Paul Fournier en 2026 ? Le maire ne partira pas, si son conseiller spécial ne part pas avec lui. Qui sera alors maire de Nîmes si les deux ne sont plus là ? Poser la question à Marzo, il a déjà sa petite idée. Et le voyage à Porto l’a probablement conforté dans son choix…

Le choix du maire. Franck Proust est libéré depuis la décision de la Cour de cassation qui a cassé le verdict de la cour d’appel de Nîmes et lui assure un avenir plus dégagé à la tête de l’Agglomération nîmoise. Même s’il devra passer sous les fourches caudines de la cour d’appel de Montpellier dans plusieurs mois. Reste à savoir quelle décision aurait pris le maire si son ami de 30 ans avait été empêché de poursuivre son mandat. Jean-Paul Fournier renvoie un sourire mais ne répond pas quand on l’interroge. Mais au restaurant, au fin fond de Porto, dans un moment plus détendu, après légère insistance, il reconnaît à demi-mot qu’il aurait fait probablement le choix de la continuité. Comprendre celui de Bernard Angelras… Ce dernier n’avait pourtant pas fait acte de candidature. À la différence de son premier adjoint, Julien Plantier, qui s’était déplacé sur son lieu de villégiature en mars pour le convaincre de le choisir en cas d’empêchement du président de l’Agglo. Aujourd’hui se pose légitimement la question de l’avenir de Julien Plantier dans ce nouveau contexte inédit, lui qui rêve d’être maire de Nîmes en 2026, quoi qu’il en coûte. « On vient de le voir, la politique ce n’est jamais écrit d’avance. Julien jouera son rôle dans trois ans. Il sera de toute façon difficile de faire sans lui », pense l’un de ses proches. Il sera surtout difficile pour la Droite de s’imposer face au leader communiste, Vincent Bouget, si une deuxième liste dissidente à celle des LR s’engage dans la bataille…

Le copyright à la sauce Fortuna-Deschamps. La maire de Vergèze, présidente de Gard Tourisme, avait le sourire jusqu’aux oreilles jeudi en début d’après-midi au moment du départ pour Porto. Elle a vite déchanté après cinq heures d’attente liées à la grève des contrôleurs aériensqui s'est enchainée par une panne d’avion. Qu’importe, le lendemain, après une bonne nuit de sommeil dans la résidence hotellière Mercure de Porto, où toute la délégation nîmoise était descendue pour quelques jours, elle était en grande forme pour rencontrer les acteurs locaux. Mais lors de la conférence de presse face à la presse portugaise, son discours a résonné aux oreilles des convives. Notamment ceux qui avait déjà participé au voyage de presse à Édimbourg, il y a quelques mois. Pascale Fortuna-Deschamps, qui avait dû adorer son discours chez les Écossais, ne s’est pas emmerdé avec les détails. Un petit copier-coller et le tour était joué. Toutefois, rassurez-vous, elle a pris soin quand même de modifier toutes les anecdotes écossaises. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse…

Tout avait mal démarré. Le programme était alléchant pour ce voyage de presse dans la deuxième ville du Portugal à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle ligne aérienne Nîmes-Porto. Mais dès le départ, le jeudi en début d’après-midi, on comprend que quelque chose ne va pas se passer comme prévu. Deux heures de retard liées à la grève des contrôleurs aériens à Montpellier. « Ce sont encore nos amis de l’aéroport de l’autre côté du Vidourle qui nous veulent du bien », lance l’un des membres de la délégation. Le maire s’agace, mais tout le monde est à ses petits soins. C’était sans compter sur la mauvaise nouvelle d’une panne sur l’avion, découverte après l'embarquement de tous les passagers. Allez, tout le monde redescend. « Le maire ne va pas rester des heures encore à poireauter. Hors de question qu’il remonte une nouvelle fois pour redescendre ensuite », fait savoir Gerardo Marzo. Il suffisait de voir les grosses gouttes sur les visages de Proust, du directeur de l'aéroport, Grégory Merelo, et de Xavier Labaune, directeur de l'office de tourisme de Nîmes, à l’initiative et à l’organisation de ce déplacement, pour comprendre que le moment était un peu difficile. Puis enfin, la délivrance, le décollage s’opère. Le lendemain, après la conférence de presse, l’équipe de Nîmes tourisme propose une balade dans la Ville. Sous la pluie. « Mais qui a organisé ce voyage ? », lance l’un des membres de la délégation. « On n’est pas responsable de la pluie », tente de se justifier Franck Proust. Mais du choix d’une balade en bateau sous la pluie, avec de la buée partout peut-être… « Je ne reviendrai plus », s’énerve un des voyageurs. Puis finalement, au restaurant le soir, la pluie arrêtée, tout le monde retrouve ses esprits. C’était sans compter sur les blagues lourdes de certains à destination de l’office de tourisme de Nîmes. « Préparez-vous à rechercher un nouveau boulot lundi si demain c’est pareil », lance taquin l’un des convives. Plus de peur que de mal, le soleil brillait à nouveau hier samedi sur Porto… Et le maire avait le sourire des grands jours !

Douais la balance ? Durant le séjour à Porto, une question est revenue chez les proches de Franck Proust : Xavier Douais, participant au voyage et proche de Julien Plantier, s’est-il transformé le temps du séjour à Porto en "œil de Moscou" ? Après chaque repas, chaque visite, chaque réaction ou chaque attitude de l’adjoint au Tourisme, un petit coup d’œil régulier et une attention particulière sur son téléphone portable. Vérification faite, pendant les déplacements où la presse était présente, Xavier Douais n’a pas utilisé son téléphone de manière compulsive. Mais rien ne dit qu’il ne s’est pas rattrapé le soir dans sa chambre d’hôtel. Il a en tout cas joué les bons camarades, Gérardo Marzo n'hésitant pas à le transformer en "adjoint à la Valise" de Jean-Paul Fournier. Avec Franck Proust, il a joué sa partition, l'assurant de sa fidélité et de sa volonté à travailler avec lui. Pas fou ! 2026 ouvre le champ de tous les possibles pour les lieutenants du président de Nîmes métropole. Et les nouveaux qui tapent à la porte maintenant que la Cour de cassation est passée…

Les négociations autour d’un bon gin. La nuit tombante, le maire et Gerardo couchés, c’est une équipe resserrée qui a navigué dans la Cité de la vallée du Douro. Éric Giraudier, le président de la chambre de commerce et d'industrie du Gard (CCI), qui n’avait pas l’intention de perdre son temps, avait même prévu de valoriser si possible un peu son voyage. Ainsi, dans une discussion avancée avec Jean-Marc Campello, son collègue élu à la CCI et vice-président à l’Agglo, il a tenté un coup de poker. Autour d’un bon verre de gin dans un joli verre à ballon, les deux compères se sont lancés dans une opération séduction pour quelques mètres carrés en location de la future Maison de l’entreprise. Leur objectif : convaincre Franck Proust de délocaliser les services du développement économique de Nîmes métropole. Malheureusement pour eux, il aurait fallu plusieurs verres de cette eau de vie pour convaincre le président de l'Agglo. Gentleman, il a gentiment renvoyé aux calendes grecques ce projet furtif. Non sans fermer la porte totalement.

Les étaliers au menu du petit-déjeuner. Après une première nuit portugaise, c’est au petit matin que le maire a découvert le communiqué de presse adressé par ses services pour répondre aux étaliers des Halles, en colère de ne pas avoir été reçus en mairie. Comme les communications sont au même prix que l’on soit à Nîmes ou au Portugal, les téléphones ont rapidement chauffé pour obtenir quelques explications nîmoises. D’autant que la réunion organisée en l’absence du maire a créé plus de confusion qu’autre chose, les attentes des représentants des étaliers n’ayant pas abouti… Le mal étant fait, certains ont ruminé la matinée avant d’envisager une réunion avec les concernés au retour. Il va y avoir du sport !

Et après on va où ? Vous l’avez bien compris, Franck Proust ne compte pas s’arrêter en si bon chemin concernant les destinations aériennes commerciales. Avec Grégory Merelo, le directeur chez Edeis de l’aéroport de Nîmes Grande Provence Méditerranée, une rencontre doit rapidement avoir lieu avec Ryanair pour statuer sur l’arrivée de nouvelles lignes à partir de 2024. Les cibles prioritaires sont l’Espagne et l’Italie. Vendredi soir, à table, le président de Nîmes métropole expliquait clairement sa stratégie : proposer des destinations différentes des aéroports voisins de Montpellier et Marseille. Forcément, les personnes présentes se sont mélées à la conversation. La Corse pour Gerardo Marzo, le conseiller spécial de Jean-Paul Fournier. « Valence ! » lance Jean-Marc Campello, le vice-président aux Mobilités. Franck Proust travaille surtout sur Cordoue ou Malaga dans le sud de l’Espagne. Et pour l’Italie, c’est Naples qui pourrait être bientôt desservie. Au Nord, c’est Vérone qui a toutes les faveurs de l’ancien député européen. « On a une histoire et c’est une ville jumelée avec Nîmes », commente l’intéressé qui se verrait bien décoller pour la cité de Roméo et Juliette. On a donc pas fini de pouvoir voyager depuis la cité des Antonins.

Frédéric Touzellier, de Générac au Mercure. Drôle de voyage pour le maire de Générac qui, après l'arrivée à Porto, n'a profité que de la première soirée de ce voyage de presse. Le lendemain matin, souffrant, il a dû passer son tour jusqu'à la fin du voyage. "C'est avoir une belle poisse", ont commenté certains. D'autres au contraire ont été à son chevet pour lui permettre de retrouver la forme le jour du départ. Il était bien dans l'avion du retour en meilleure forme. "Probablement l'air de Porto qui ne lui a pas réussi. Mais il aura l'occasion de revenir." En effet, la ligne Nîmes-Porto est bien partie pour durer vu son taux de remplissage exceptionnel alors qu'elle est en place depuis seulement trois bonnes semaines.

Vincent Foucher sur le départ. Le directeur général adjoint aux Finances et au Contrôle de gestion à Nîmes métropole quittera prochainement ses fonctions. Alors qu’il avait été embauché en 2015 par Yvan Lachaud, président de Nîmes métropole à l'époque et ennemi juré du maire de Nîmes, contre toute attente, Franck Proust ne s’en était pas séparé. Probablement parce que Vincent Foucher a toujours été loyal avec ses présidents successifs. C’est d’ailleurs lui qui, en début d’année 2021, quelques mois après l’arrivée du nouveau président de Nîmes métropole, n’avait pas hésité devant le conseil communautaire à détailler le trou de 14 M€ de l’Agglo, en partie dû à la cause de la crise sanitaire, sans oublier d'insister sur le peu de marge de manœuvre laissé par le prédécesseur centriste. Sur sa lancée, le même Foucher avait présenté ses solutions à Franck Proust : une hausse des taxes combinée à une baisse des dépenses. Pourquoi ce départ soudain, alors ? « Il avait programmé son départ depuis quelque temps déjà. Effectivement il part en très bons termes avec nous », fait savoir le cabinet de Proust.

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