ÉDITORIAL Pourquoi le Rassemblement national n'assume-t-il par l'héritage de Jean-Marie Le Pen ?
Il y a quelques années, y compris chez des élus gardois du Rassemblement national, il y avait même une forme de fierté d'appartenir à un mouvement hors système, d'extrême-droite. Pourquoi aujourd'hui le renier ?
À l'appel des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, une marche contre l'antisémitisme est organisée dimanche 12 novembre à Paris. Une initiative louable, républicaine, qui prend tout son sens encore davantage dans notre pays qui abrite l'une des plus importantes communauté juive d'Europe. Et qui légitimement, après la multiplication des actes antisémites, est dans l'inquiétude, si ce n'est dans la peur. Il est donc temps de se lever en France pour refuser cet état de fait. À l'annonce de cette manifestation, la majorité présidentielle autour du chef de l'État Emmanuel Macron, les Républicains comme la Gauche ont immédiatement annoncé leur présence. Un consensus politique au-delà des étiquettes et qui mérite d'être salué. Reste que cet appel tous azimuts a des conséquences sur la présence de l'extrême-droite à ce rassemblement républicain. Y ont-ils leur place ? Puisqu'ils sont autorisés à participer aux élections en France, siègent à l'Assemblée nationale et au Sénat, pourquoi leur refuser ? C'est en tout cas du pain béni pour l'ancienne candidate d'extrême-droite à la présidentielle Marine Le Pen dans sa stratégie de dédiabolisation, qui a fait savoir qu'elle serait là avec ses troupes et ses militants, y compris ceux qui applaudissaient bien fort quand le père fondateur du mouvement était condamné justement pour antisémitisme à plusieurs reprises par les tribunaux français pour ses propos révisionnistes. Mais comme le président actuel du RN, Jordan Bardella a indiqué que Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite... C'est probablement le plus embêtant dans cette polémique. Pourquoi les dirigeants du RN, Marine et ses copains notamment, n'assument-ils pas leur héritage ? Ils sont issus d'un parti raciste et xénophobe. Il y a quelques années, y compris chez des élus gardois du RN, il y avait même une forme de fierté d'appartenir à un mouvement hors système, d'extrême-droite. Pourquoi le renier aujourd'hui ? Sans faire trop de retour en arrière ce matin, rappelons que Jean-Marie Le Pen, en 1996, annonçait : « Je crois à l’inégalité des races, oui bien sûr, c’est évident toute l’histoire le démontre. Elles n’ont pas la même capacité, pas le même niveau d’évolution historique. » Et quand, quelques années plus tôt, un journaliste demandait à l'homme politique s'il était raciste, Jean-Marie Le Pen provoquant le rire de sa fille dans le public, Marine Le Pen, répondait tout de go : « À vos yeux, tant que je ne serai pas peint en noir, je ne serai pas antiraciste. » Ils ont probablement changer la couleur du mur du salon, mais dans les autres pièces, rien n'a vraiment changé. Et dimanche prochain encore moins.
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