FAIT DU SOIR Désertification médicale et redevance incitative préoccupent les habitants de Pont-Saint-Esprit
Durant le deuxième semestre 2023, la municipalité a interrogé les habitants sur plusieurs thèmes comme le cadre de vie, la santé, la culture, le mieux vivre ensemble... Environ 90 personnes ont assisté à la restitution de cette concertation citoyenne et ont pu poser leurs questions. Elles étaient essentiellement tournées vers la désertification médicale et la redevance incitative.
Un premier apéro de quartier a été organisé en juillet cet été avec les habitants du centre-ancien, trois autres réunions ont suivi avec les résidents des autres zones de Pont-Saint-Esprit. Au total, 131 personnes y ont participé, en comptant aussi les questionnaires en ligne. La concertation portait sur quatre thèmes : mieux vivre ensemble, cadre de vie, santé, culture et festivités. L'idée était de mieux cerner le ressenti des habitants, d'identifier les sujets qui les préoccupent ou ternissent leur quotidien.
Les résultats de cette concertation ont été présentés à la salle des fêtes, mardi soir, en présence de la maire, Claire Lapeyronie, d'une partie des élus municipaux et du sous-préfet chargé de la politique de la Ville, Mathias Nieps. Il ressort que le sentiment de bien-être des habitants dans leur quartier est plus mitigé pour ceux du centre historique qu'ailleurs dans Pont-Saint-Esprit. Les habitants du centre-ancien sont globalement insatisfaits de leur cadre de vie et pointent principalement la sécurité, la propreté, la circulation et les espaces verts.
"Il y a une inégalité en fonction de l'endroit où on vit"
Un sentiment qui s'est bien vérifié au moment des questions à la fin de la présentation. Dans une ambiance tendue, beaucoup d'habitants présents dans la salle ont parlé de la redevance incitative (RI), le nouveau système de collecte des poubelles nouvellement instauré dans le Gard rhodanien. Dans le centre-historique de Pont-Saint-Esprit, la transition est difficile comme en témoigne le premier adjoint, Daniel Mouchetant : "Une équipe de deux agents ramasse une à une tonne et demi de sacs noirs déposés à côté des points d'apport, c'est-à-dire dans des zones où on ne devrait pas les trouver."
Au niveau de l'Agglomération, les chiffres de l'année test de la RI sont pourtant encourageants. Le chargé de mission, Thomas Perez-Ortiz, indique que 13 000 tonnes d'ordures ménagères ont été produites en 2023 contre 19 000 tonnes l'année d'avant, quand le nouveau système n'était pas en place. "Les ordures ménagères ont diminué de 30 %", assure-t-il.
Mais son enthousiasme ne convaincra pas vraiment les habitants présents dans la salle, nombreux à critiquer la RI. Une femme se plaint : "Il y a des ordures ménagères de partout. Notre cadre de vie se dégrade, on n'a plus envie d'habiter ici pour tout dire." Une autre témoigne : "Il y a une inégalité en fonction de l'endroit où on vit. Cette redevance est pensée pour les personnes qui disposent d'un extérieur. Dans le centre-ancien, on a de gros problèmes de propreté à cause des dépôts sauvages, mais j'en ai aussi chez moi. Ne pouvant jeter mes poubelles qu'en nombre limité, ça entraîne des problèmes d'odeurs, et même des asticots l'été. Nous n'avons pas de jardin où stocker, pas de poules." Un projet de composteur collectif serait étudié dans le centre-ville. Thomas Perez-Ortiz a longuement détaillé des informations se trouvant dans le guide de la RI édité par l'Agglomération : www.gardrhodanien.fr/wp-content/uploads/2024/01/Guide-de-la-redevance-incitative-2024.pdf
Un travail coordonné pour trouver des médecins
L'autre sujet qui a suscité beaucoup de questions et d'inquiétudes, c'est la santé. Quand on regarde les résultats de la concertation, on remarque que 15 % des personnes interrogées dans le centre-historique ont un médecin traitant contre 41 à 50 % ailleurs à Pont-Saint-Esprit. Un écart qui pourrait encore se cristalliser alors que cette ville de 10 600 âmes ne compte plus ou quasi plus de généralistes. Pour tenter de remédier à cette situation, la Ville a noué un partenariat fort avec la CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) Vallis Bona. Il s'agit d'une association regroupant des professionnels de santé qui "essaient de trouver ensemble des solutions pour limiter la désertification vécue au quotidien", explique Graziella Legros, la coordinatrice.
Un homme tranche dans la salle : "Est-ce qu'en 2024 on aura un ou plusieurs médecins à Pont-Saint-Esprit, oui ou non ?" La coordinatrice répond : "On y travaille." La maire rappelle que la compétence "Santé" est celle de l'État et admet : "Il faut accepter que les choses prennent du temps. C'est une cause nationale. (...) La réponse ne peut être que concertée et collective. Les hôpitaux de Bagnols et de Pont travaillent main dans la main pour arriver à une réponse coordonnée. On ne peut pas mentir aux gens en disant que demain, il y aura un médecin généraliste, sinon c'est la surenchère entre les territoires. Combien de communes ont déroulé le tapis à des médecins qui ne seront restés que deux ans?" La construction du Pôle de santé, attenant au centre hospitalier, devrait débuter cette année et "accueillir des médecins salariés de la Région", une fois terminé, précise la première magistrate. Face aux contestations et à un ras-le-bol ambiant, Graziella Legros assure : "On n'a jamais laissé un patient sans soin, jamais."
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