Publié il y a 1 an - Mise à jour le 25.08.2023 - Corentin Migoule - 6 min  - vu 1037 fois

ALÈS/SAINT-HILAIRE-DE-BRETHMAS La visite de courtoisie du ministre de la Santé s'achève sans artifice

Aurélien Rousseau

Aucune annonce majeure n'a été opérée par le ministre de la Santé ce vendredi.

- Corentin Migoule

Au centre hospitalier d'Alès dans la nuit de jeudi à vendredi, puis à la clinique Bonnefon et à Saint-Hilaire-de-Brethmas aujourd'hui, Aurélien Rousseau s'est montré à l'écoute des acteurs de la santé d'un territoire qu'il connaît et n'a pas l'intention d'oublier, sans pour autant se laisser aller à des annonces croustillantes. 

Un coup pour rien, serait-on tenté de dire. On aurait aimé vous annoncer le maintien des services des urgences de Bonnefon, vous confirmer le projet d'extension des urgences du centre hospitalier d'Alès ou n'importe quelle autre mesure concrète illustrant l'engagement de l'État en faveur de la santé sur le territoire, mais il n'en sera rien. L'idée qu'une visite d'un ministre serait souvent assortie d'annonces est d'ailleurs "old school" aux yeux du nouveau ministre de la Santé, lequel s'est davantage offert une visite de courtoisie sur ses terres natales auxquelles il tient toujours.

Après une rencontre nocturne du personnel du centre hospitalier d'Alès la veille (relire ici), le successeur de François Braun revenait à Alès ce vendredi matin après avoir pris part à la cérémonie d'anniversaire de la libération de la ville de Nîmes. À 10h57, avec trois petites minutes d'avance donc, le véhicule dans lequel se trouvait Aurélien Rousseau se garait devant l'entrée principale de la Nouvelle clinique Bonnefon. Accueilli par Christine Cancel, directrice du territoire Gard/Vaucluse du groupe Elsan, propriétaire de la clinique, et par Floriane Nambert, directrice de Bonnefon, le ministre de la Santé a déambulé dans les locaux de l'établissement de santé, d'abord à travers le "gros pôle orthopédie".

Rousseau
Aurélien Rousseau est arrivé à la clinique Bonnefon peu avant 11h. • Corentin Migoule

Parce qu'il concentre "plus de 80% de l'activité chirurgicale", le service de chirurgie ambulatoire a lui aussi été brièvement visité. Après avoir reçu un appel du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin l'obligeant à s'isoler un instant, l'ancien directeur de cabinet d'Élisabeth Borne invitait la délégation du jour à le suivre jusqu'à la salle de conférence de la clinique où des échanges avec le personnel l'attendaient. Le tandem Christophe Rivenq-Max Roustan, le député Rassemblement national Pierre Meurin, le directeur départemental de l'Agence régionale de santé (ARS) Claude Rols, une infirmière, une aide-soignante, des médecins et la directrice des soins de la clinique composaient notamment l'auditoire. 

"Je suis là pour qu’on se parle très librement et très directement sur les trucs qui coincent, les attentes et les innovations possibles", a embrayé Aurélien Rousseau, tout en reconnaissant que la santé se trouve "dans une situation difficile", de sorte qu'on "ne peut pas se permettre de frottement entre le privé et le public". Une référence à peine voilée aux querelles d'antan opposant la clinique et l'hôpital. Elles seraient aujourd'hui révolues si l'on en croit le président d'Alès Agglomération, lequel se réjouit à l'idée de voir ces deux entités collaborer sainement. 

Aurélien Rousseau
Aucune annonce majeure n'a été opérée par le ministre de la Santé ce vendredi. • Corentin Migoule

"On travaille pour essayer de créer une passerelle entre la clinique et la médecine de ville. Je pense qu'avec des coopérations avec l’hôpital, la clinique a toute sa place", a d'ailleurs poursuivi la directrice des lieux. Et David-Emmanuel Broche, chirurgien-gynécologue, d'enfoncer : "Le bassin d’Alès a tout intérêt à avoir deux services d’urgences." Puisque la parole circulait librement dans les rangs du personnel, Olivia Beraru, médecin de médecine polyvalente, y est aussi allée de sa remarque. La dernière nommée voit défiler "des patients de plus en plus jeunes avec des maladies incurables" et estime donc que "la médecine préventive a tout son rôle".

Patricia, aide-soignante à la clinique depuis 1983, fait de son propre aveu "un peu partie des meubles". "C’est fort dommage que beaucoup de personnes ne veuillent plus faire ce métier", a-t-elle regretté tout en mentionnant son imminent départ à la retraite. "Vous voulez qu’on repousse encore un peu ?", a ironisé le ministre au sujet d'une réforme ayant poussé les syndicats dans la rue des mois durant. "Je pense que j’ai donné", lui a rétorqué l’aide-soignante. Les échanges se poursuivaient à bâtons rompus avec Sabine André, directrice des soins de la clinique, laquelle a mis le doigt sur une autre problématique : "On a une importante offre de soins ici avec énormément de spécialités, ce qui est très intéressant. En revanche, on rencontre beaucoup de difficultés de recrutement. Faire venir les gens sur Alès, c’est difficile. Les garder ça l’est aussi !"

Rousseau à Bonnefon
Aurélien Rousseau a visité le service de chirurgie ambulatoire de la clinique.  • Corentin Migoule

La dernière nommé a ainsi pointé "la concurrence du public et des Ehpad" qui auraient le bénéfice d'une "rémunération plus attractive". Ce que n'a pas manqué de souligner Bérangère, infirmière aux urgences : "On aimerait que nos grilles salariales soient réévaluées au moins à hauteur de celles du public car nous avons le même engagement auprès des patients." Ce qui a occasionné l'un des rares engagements du jour de la part du ministre : "La compensation de l’inflation est une priorité pour nous. Le débat doit être posé au sujet des grilles. Je souhaite rencontrer les patrons des principaux groupes privés pour en discuter."

Et Aurélien Rousseau d'ajouter : "On est au temps des preuves. Le diagnostic on l’a posé. On a toute une palette de solutions. Il faut qu’on sorte collectivement de cette idée que c’est impossible." À David-Emmanuel Broche revenait le mot de la fin : "On compte sur vous pour mettre en pratique les solutions que n’ont pas trouvé vos prédéceseurs !" Midi venait de sonner et c'est à l'Atome que l'ancien directeur de l'ARS Île-de-France allait poursuivre sa visite alésienne. La presse n'a pas été conviée à cette réunion de travail au sujet des États Généraux de la santé initiés par Christophe Rivenq, laquelle a duré un peu plus d'une heure. "La plupart des orientations dont on a discuté ont son assentiment. Le ministre s'est engagé à être présent pour la restitution des travaux", a précisé le président d'Alès Agglomération.

Rousseau et Perret
Jean-Michel Perret a retrouvé "son" conseiller municipal. • Corentin Migoule

C'est désormais une quesiton d'agenda pour le ministre de la Santé qui pourrait donc revenir à Alès "fin octobre, début novembre". Une journée au cours de laquelle le nouveau centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas pourrait être inauguré en présence de la présidente de Région Carole Delga. C'est d'ailleurs à quelques encablures du centre, au cœur de la salle climatisée du conseil de la mairie saint-hilairoise que celui qui est toujours élu municipal était reçu en début d'après-midi par son maire, Jean-Michel Perret. Avec 16 conseillers municipaux présents pour l'occasion, "le quorum est atteint" a suggéré le dernier nommé, qui a même organisé un "mini-conseil municipal extraordinaire" en invitant les médias à quitter la pièce. 

"C’est émouvant d’être ici ! Je me sens très coupable de ne pas être très présent", avait avant ça commenté Aurélien Rousseau. "Depuis la canicule de 2003, il y a une culture de la prise en charge collective", a remarqué le ministre, tout en saluant "la coopération assez remarquable" entre les acteurs du territoire pour mettre en œuvre les conditions d'accueil des personnes fragiles. Pour autant, depuis lundi, "aucune demande particulière pour se mettre au frais" n'a été formulée par les habitants de la commune, "rodés aux fortes chaleurs". "On a l’habitude de profiter de l’inertie thermique pour rafraîchir nos logements la nuit", a expliqué l'édile saint-hilairois.

Celui qui s'est engagé depuis plusieurs années dans la mise en œuvre du concept urbanistique de la ville du quart d'heure était venu avec "une idée" à soumettre au ministre de la Santé, laquelle faisait écho au premier confinement pendant la pandémie au cours duquel des difficultés en matière de recensement des publics fragiles avaient éclaté. "Au même titre qu’EDF qui nous envoie régulièrement le nom des personnes qui ont des impayés durables, je pense que le corps médical pourrait faire des signalements de personnes fragiles auprès des personnels communaux, tout en respectant le secret médical, de sorte d’avoir un recensement vraiment exhaustif des personnes fragiles de la commune", a-t-il lancé. 

Aurélien Rousseau à Saint-Hilaire
Photo de famille pour le conseil municipal saint-hilairois. • Corentin Migoule

"J’ai présenté en conseil des ministres avant-hier le fait qu’on doit refonder totalement notre manière de repérer les citoyens fragiles. Dès la fin de l’épisode canicule, on activera une cellule interministérielle d’anticipation pour exploiter les fichiers. C’est donc validé monsieur le maire !", s'est fait un plaisir de lui répondre Aurélien Rousseau. Un "micro tendu" en extérieur avec la presse faisait office de conclusion de cette première sortie officielle du ministre sur ses terres. Après quatre minutes de questions, à l'initiative de ses collaborateurs, l'échange médiatique prenait fin. Plusieurs interrogations majeures restaient donc en suspens, dont celle relative à la possible fermeture du services des urgences de Bonnefon. La dernière communication officielle à ce sujet faisait en effet état d'une prolongation du service jusqu'au 31 août (relire ici), soit dans six petits jours... 

Joint par téléphone au terme de la visite du ministre, le président d'Alès Agglomération a accepté de se livrer davantage en nous offrant un complément d'informations : "On continue au-delà du 31 août. Il y aura dans tous les cas un service d'accueil de soins non-programmés. Dans l'été, il y a eu des échanges entre le centre hospitalier et la clinique qui ont permis de maintenir le service des urgences. Des choses vont se mettre en place dans les prochains jours. Il y a une volonté du groupe Elsan de poursuivre l'activité au maximum. L'idée c'est d'avoir un lieu ouvert 24 heures sur 24 pour que les personnes qui n'ont pas de médecin traitant ou des problématiques puissent se rendre. Depuis qu'on a tapé du poing sur la table, il y a la volonté de mener un travail de coopération. Ce qui est sûr, c'est que l'habitant du bassin d'Alès ne verra pas de changements majeurs dans son besoin quotidien d'accès aux soins." On ne demande qu'à voir !

Corentin Migoule

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