Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.12.2022 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1229 fois

FAIT DU SOIR Près de 100 000€ déboursés pour une maison jamais construite

Séverine Mazière

Séverine Mazière a déboursé près de 100 000€ pour une maison qu'elle ne verra jamais.

- photo Marie Meunier

L'histoire de Séverine Mazière, médiatisée par l'émission Ça peut vous arriver de Julien Courbet, a ému beaucoup de Bagnolais. La Gardoise de 51 ans a été victime d'une escroquerie. Elle a déboursé près de 100 000€ pour une maison qu'elle ne verra jamais sortir de terre. 

Séverine Mazière a longtemps habité en Normandie avant de s'installer dans le Gard, plus précisément à Alès, en 2008. Elle travaille en tant qu'assistante dentaire dans un cabinet à Bagnols-sur-Cèze. "J'en avais marre de faire les allers-retours depuis dix ans. Maintenant que mes enfants sont grands, j'ai décidé d'acheter un terrain à Bagnols fin 2021, à 700 mètres de mon travail, pour y construire ma maison", retrace-t-elle. 

Elle a opté pour une maison préfabriquée en ossature bois, qui devait être livrée pour mars 2022. Nous sommes désormais en décembre, aucune trace de la maison. Seul un trou et un peu de béton sont visibles sur le chantier. Malgré des appels à répétition, le promoteur chargé de livrer la maison de Séverine ne répond plus. Cette dernière a très vite compris qu'elle a été victime d'une escroquerie. Elle a porté plainte comme trois autres personnes contre l'entreprise, basée dans la banlieue de Rouen.

Un crédit de 500€ par mois sur 20 ans

"Ils (le promoteur et son équipe, ndlr) sont descendus exprès dans le Sud pour me faire signer les papiers de vente. Ils m'ont pressée, sans me laisser le temps de vérifier que le dossier que j'avais entre les mains était le même que celui que j'avais reçu par mail", relate-t-elle. Ce n'est qu'après qu'elle découvre des incohérences : "Les numéros de SIRET étaient différents, la garantie décennale ne sont pas valables... Quand je le leur faisais remarquer, ils avaient réponse à tout. Ils embobinent très bien." Au final, Séverine a versé deux acomptes pour un total de 96 000€ sur les 123 000€ que coûte la maison. Somme à laquelle s'ajoute l'achat du terrain pour 90 000€. 

Sauf qu'aujourd'hui, la Gardoise n'a toujours pas de maison alors qu'elle rembourse un crédit à 500€ par mois sur 20 ans : "Il n'existe pas d'assurance pour ce genre de chose..." Elle a fait venir un huissier en juillet pour constatation d'abandon de chantier, et a aussi mené sa petite enquête pour en savoir plus sur le gérant de la société. Elle a découvert que les maisons n'étaient pas construites en France mais au Kosovo : "Apparemment, ma maison est prête dans ce pays, mais l'entreprise refuse de prendre à sa charge les frais liés au transport.

Obligée de vivre dans sa caravane pendant plusieurs mois

Sévérine s'est alors retrouvée sans toit. À cause de son emprunt, elle n'a plus les finances nécessaires pour payer un loyer. Elle a vécu dans sa caravane jusqu'en octobre : "L'été, ça allait. Mais il a commencé à faire froid. Je devais ma douche dehors. Ce n'est pas pratique en hiver. Mon fils a aussi dû aménager sa voiture pour dormir dedans jusqu'en septembre..." Aujourd'hui, les deux grands enfants de Séverine ont un logement et elle est hébergée par Valérie, une ancienne collègue, dans un village voisin jusqu'au printemps. Un ami lui prête également un hangar où entreposer ses affaires en attendant. 

Aujourd'hui, Séverine aimerait construire une petite maison sur une bande de son terrain à Bagnols-sur-Cèze. Juste pour avoir un petit chalet en dur afin d'être au chaud. Elle a demandé un permis de construire en urgence qui "aurait été refusé", selon elle.

"Ça me fait mal au cœur, c'est toute une vie qui part"

Dans l'impasse, la Bagnolaise est passée une première fois dans l'émission de Julien Courbet Ça peut vous arriver en septembre. Elle a refait un passage il y a une semaine, grâce à l'insistance d'un de ses proches. Suite à cela, une cagnotte en ligne a été créée par sa fille pour lui venir en aide, car Séverine a presque tout perdu : "Ça me fait mal au cœur, c'est toute une vie qui part. Mais je veux médiatiser mon histoire pour alerter les autres, pour que ça n'arrive pas à quelqu'un d'autre."

La quinquagénaire doit en plus affronter une autre épreuve. Elle a appris il y a un mois qu'elle avait une tumeur de 20 cm dans l'abdomen. La douleur est tellement forte que le moindre geste du quotidien est devenu compliqué. "Je bouquine, je regarde la télévision, je ne fais plus rien. C'est très énervant pour quelqu'un qui a l'habitude de beaucoup bouger. Jusqu'à ce qu'on me prescrive un nouveau médicament, je n'avais même pas la force de me faire à manger", déplore-t-elle. Son état de santé la freine beaucoup dans ses démarches pour espérer construire sa maison. Elle croit profondément en l'entraide pour passer ce cap difficile. 

Pour aider Séverine Mazière, vous pouvez donner sur la cagnotte en ligne créée par sa fille en cliquant ici. 

Que dit la mairie de Bagnols-sur-Cèze ?

Contactée, la mairie de Bagnols-sur-Cèze assure qu'elle a elle-même pris contact avec Séverine Mazière il y a un mois et demi, après avoir été avertie par un de ses employés municipaux. Touché par sa situation, Jean-Yves Chapelet indique tout de même : "En tant que maire, je n'ai pas le pouvoir d'obtenir une dérogation pour construire une maison. Je dois suivre le droit de l'urbanisme." Et il assure ne pas avoir reçu de nouvelle demande de permis de construire de la part de Séverine Mazière pour l'heure : "Il faut absolument qu'elle le fasse pour qu'on puisse l'instruire."

Marie Meunier

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