Politique
Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 15.10.2018 - abdel-samari - 4 min  - vu 1605 fois

FAIT DU JOUR Olivier Berlioux, le nouvel atout de Jean-Paul Fournier ?

Footballeur de profession, moniteur de sport, directeur de cabinet, Olivier Berlioux a comme on dit déjà eu plusieurs vies.
Le nouveau directeur de cabinet de Jean-Paul Fournier se confie. Photo AS/ObjectifGard

Aujourd'hui, tête pensante politique de Jean-Paul Fournier à la ville de Nîmes, il laisse souvent interrogatif les observateurs de la vie politique sur son sens du collectif, bien loin de la personnalité de celui à qui il a succédé. Portrait.

"J'ai fait un choix de carrière. Je ne suis pas allé au bout de celui d'entraîneur-joueur". C'est en évoquant un immense regret que le nouveau directeur de cabinet du maire de Nîmes démarre le récit de son parcours de vie lors d'une rencontre matinale en ce début du mois d'octobre. Il parle football et Red Star, de Vichy et l'Institut national du football (INF) où il croise Roger Lemaire, l'ex-sélectionneur de l'équipe de France, à l'âge de 16 ans. Il passe de stade en stade jusqu'à atteindre le niveau National. Mais une blessure au genoux et cinq opérations l'obligent à s'éloigner des terrains. Pas pour très longtemps. Il rebondit rapidement en obtenant son diplôme de moniteur de sport.

"Faire et faire-faire", une philosophie de travail et de partage qu'il va continuer à transmettre dans des fonctions plus administratives au sein de collectivités.  D'abord comme responsable des Sports pour la ville de Nogent-sur-Marne, au début des années 1980, jusqu'à la direction des Sports pour la ville de Villeneuve-Saint-Georges, en 1990. Puis ensuite à la direction des Congrès et Spectacles... Créer de l'attractivité et assurer la vision Culture d'une ville : Olivier Berlioux accroche l'attention de ses patrons de l'époque...

Mais c'est en 1996 que sa trajectoire professionnelle prend un nouveau tournant. À Cavaillon il devient directeur de l’association « L’oeuvre des colonies de vacances de Cavaillon ». 25 personnes sous sa responsabilité et près de 400 enfants à gérer. Avant de devenir par opportunité le directeur de cabinet du député-maire de Cavaillon.

Plus beaucoup de place pour soi et ses proches mais un boulot fascinant : "je me suis tout de suite plu dans ce travail. On ne fait jamais la même chose. Il faut à la fois du réalisme et de l'ambition. Le sport m'a beaucoup appris d'ailleurs pour affronter ce nouveau métier. Et je continue chaque jour à prendre des décisions qui s'imposent à travers ma propre expérience."

Raymond Couderc a été maire de Béziers de 1995 à 2014, et sénateur de l'Hérault de 2007 à 2014.

Puis viennent les épopées à Canet-en-Roussillon aux côtés d'Arlette Franco - "une femme avec une personnalité énorme" -, et auprès de Raymond Couderc à Béziers - "j'ai pris un nouvel envol, vécu l'élection régionale face à Georges Frêche, le Sénat où j'ai rencontré Jean-Paul Fournier" -. Suivent les premiers moments difficiles avec la défaite face à Robert Ménard en 2014 : "Couderc avait décidé de ne pas faire un mandat supplémentaire. Son premier adjoint a pris les rênes de la campagne municipale mais s'est isolé. Il s'est détourné des militants, des élus et a perdu."

À Nîmes, c'est avec la mission de rassembler son camp et les élus que le nouveau directeur de cabinet a débarqué. "Je ne vais pas tout révolutionner. Un système était en place depuis longtemps. Je dois faire en sorte de bouger les lignes et de revenir aux fondamentaux."

Des fondations jusque-là solides qui ont vacillé ces derniers mois avec la santé inquiétante du premier magistrat de Nîmes et la guerre avec le président de Nîmes métropole, exacerbée par l'ancien directeur de cabinet de Fournier. Olivier Berlioux le confirme à demi-mot : "je n'avais pas mesuré de l'extérieur la fracture avec le groupe UDI et Yvan Lachaud. Au-delà des idées, c'est un problème de personne aujourd'hui."

Et de distiller la principale rancune de Jean-Paul Fournier à l'encontre du président de Nîmes métropole : "sa plus grande déception, je l'aie à présent compris : il a respecté sa parole et laissé les clefs de l'Agglo de Nîmes à son colistier mais il ne s'attendait pas à cette approche différente de la politique territoriale. Jean-Paul Fournier n'est pas dans le calcul. Il a une vision globale et unitaire du territoire. Ce n'est pas forcément le cas d'Yvan Lachaud qui est dans le clientélisme à coup de fonds de concours."

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (Photo : Coralie Mollaret)

Il va bien falloir pourtant composer jusqu'en 2020 et faire en sorte d'apaiser les tensions : "Jean-Paul Fournier a du caractère car il aime profondément sa ville. Il n'est pas question pour lui de laisser la Ville à un homme qui agirait à l'encontre des Nîmois et du territoire."

Pour y parvenir, tous les moyens sont bons : "Mon rôle est de le convaincre de renforcer sa présence à l'Agglo, de ne pas être dans l'opposition systématique. Car le plus important ce sont les enjeux du territoire, les projets. Il faut travailler de façon constructive et intelligente. Yvan Lachaud ne doit plus être LE problème."

Les Nîmois ne le lui pardonneraient pas... Et le nouveau chef d'orchestre de la politique municipale en sait quelque chose après avoir vu son candidat à Béziers perdre sous ses yeux : "les Nîmois veulent que l'on s'occupent d'eux, de leur problème du quotidien. La seule chose qui compte, c'est le projet présenté en 2014 et les réalisations au bout. Y'a un bilan et il est probant. Appuyons-nous dessus."

Mais est-ce suffisant aujourd'hui ? La Présidentielle et les Législatives sont passées par là. Les Français comme les Nîmois veulent du renouveau. "Jean-Paul Fournier décidera très bientôt. Chaque chose en son temps. Aujourd'hui, un groupe de réflexion est en place pour 2020 qui déterminera les projets que l'on pourrait défendre dans le cadre d'un nouveau mandat. Pour le moment, nous devons mettre en perspective celui qui n'est pas encore terminé."

Ce chef d'équipe, père de trois enfants, veut jouer sa partition et mise sur l'expérience pour accompagner un maire en questionnement.  Et peut-être également sur un probable don familial teinté de créativité. Un talent mis en exergue par ses deux frères, l'un acteur et l'autre metteur en scène. Mais aussi pendant longtemps par son père, architecte de carrière, qui dessinait des monuments historiques comme personne.

D'ailleurs, dans ses cartons de déménagement lors de son arrivée à Nîmes, le nouveau proche de Fournier est tombé sur une oeuvre dessinée par son patriarche représentant la Maison carrée. Une coïncidence de la vie ? Un signe du destin.

Abdel Samari

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