Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 30.01.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 680 fois

L'INVITÉ Denis Bouad : « Nous avons un projet pour les jeunes adultes handicapés »

Denis Bouad (Photo : AS / Objectif Gard)

Élu en 2015, le mandat du président du conseil départemental touche à sa fin dans 12 mois. L'occasion de regarder en arrière mais aussi d'évoquer les projets futurs. 

Objectif Gard : Revenons au Département, quel bilan tirez-vous de vos cinq années passées à la présidence ?

Denis Bouad : Un très bon bilan et de belles réalisations. Dès mon élection je me suis engagé à donner un nouvel élan à notre territoire. J’ai défini une méthode de travail, en tenant compte de nos contraintes financières et de la majorité relative (aucun budget ne peut être voté sans l'abstention de la Droite et du Centre, ndlr). Nous avons lancé des audits que nous continuons à mettre en œuvre. Nous avons réalisé plusieurs aménagements à Nîmes, comme le collège du Mas de Mingue et nous lançons le collège de Remoulins. Des projets qui confortent notre politique d’investissement élevée (137 M€ inscrits au budget 2020, ndlr). Un seul exemple en témoigne : le Collège Diderot. Fermer ce collège, on en parle depuis 10 ans, personne ne l'a fait. Dans le cadre du redécoupage de la carte scolaire, avec les difficultés que cela représente, nous avons décidé d'adopter une politique forte. La facilité aurait été de démolir ce collège. 500 000 euros et c'était terminé. J'ai fait un autre choix avec l'installation de 90 travailleurs sociaux, des services de Pôle emploi, de la CAF, de la CPAM, de la Maison de la justice et du droit, et cinq ou six structures de formation. Vous l'avez compris, le Département reste dans ce quartier. Un acte politique fort ! Cette Maison du Département ouvrira en septembre prochain. J'ajoute également la réforme des unités territoriales des routes avec un centre d'exploitation doté à présent de matériel performant et moderne.

Avez-vous des frustrations sur des projets qui n'ont pu aller à leur terme ?  

Des frustrations, je n’en ai pas. La difficulté à laquelle je suis confronté c’est le délai de réalisation des projets. Regardez l’unité de conditionnement de légumes… En début de semaine, j'y suis allé une nouvelle fois. Cet équipement en plein milieu du Chemin-Bas d'Avignon, une réussite. Moi je considère que cet outil tel qui est aujourd'hui doit servir pour d'autres collèges du département. Avec quelques investissements, il peut être en mesure d'en servir d'autres. Nous aimerions servir les 53 collèges, or pour l’instant nous n'en desservons que 26. 

Un mot sur votre colère à l'automne dernier autour des débats autour du financement de l'accueil des mineurs non accompagnés. L'une des séquences la plus difficile de votre mandat ?

Ma colère était honnête. Majorité relative ou pas, à un moment donné, les convictions sont importantes. Moi, je veux de l'accueil de qualité pour ces mineurs isolés. Pendant trois semaines je n'ai appelé personne. La seule chose que j'ai accepté, c'est le comité de suivi. D'ailleurs, je souligne la présence des élus et c'est une bonne nouvelle car nous ne pouvons pas prendre à la légère cette réalité. Sauf peut-être M. Meizonnet qui, lors de la première réunion, est resté seulement dix minutes pour être sur la photo et il est parti. Dommage car dans ce comité, on sort des sentiers battus et de l'affichage politique.

Pour bien comprendre, pouvez-vous expliquer précisément les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ? 

Nous avons des gamins confiés à la ASE (Aide sociale à l'enfance). Quand ils ont 18 ans, ils sortent du dispositif. Ils n'ont donc plus de droits et plus d'accueil. Nous soutenons des structures qui accueillent des sorties d'ASE mais c'est très compliqué au quotidien. Pour certains, ils ont vécu un parcours catastrophique. Quand tu écoutes les témoignages, ça te serre le coeur. Ce que l'on ne comprend pas, moins de 18 ans, je prends en charge et je m'en occupe. Après 18 ans, ce sont les services de l'État qui interviennent. Moi mon problème, c'est de dire qu'il est majeur ou mineur. On est d'ailleurs au tribunal actuellement sur une vingtaine de cas litigieux constatés. Le juge dira. Je comprends que tout cela coûte cher, mais c'est une obligation du Département.

Et vous devez faire face à la réalité du département, l'un des plus pauvres de France...

Exactement, avec un département où le chômage atteint 12%, avec 30 000 bénéficiaires du RSA, il faut prendre en compte cette réalité économique du territoire. C'est un sujet délicat. Je me réjouis toutefois que notre Département ait voté 12 millions d'euros au budget 2020 (cette fois-ci la Droite et le Centre se sont abstenus, NDLR). Le comportement deux mois avant était donc ambigu.

« La digue d’Anduze ne bouge plus » 

Qu’en est-il de la digue d’Anduze ? La circulation est toujours fermée aux poids lourds… 

D’après les dernières informations que j’ai obtenues, la digue d’Anduze ne bouge plus. Il n’y a plus aucune vibration. Nous allons donc faire en sorte que cette route soit rouverte le plus rapidement possible, dès le mois de février.

Vous avez lancé un audit sur le secteur social. Pourquoi et qu’a-t-il révélé ? 

Les syndicats me demandaient plus de personnels. Nous avons lancé un audit externe et plusieurs préconisations nous ont été livrées. Nous avons des gens compétents. Il faut libérer les énergies, leur donner un minimum d’autonomie pour répondre aux urgences sociales.

Où en êtes-vous de la réalisation du contrat de plan État-Région 2015-2020 ? Quand sera signé le prochain ?

J’aimerais bien savoir où il en est ! Concernant la déviation ouest, je ne suis pas d’accord avec l’État qui veut faire une enquête publique pour relier la RN 113 à la RN 106 sans le barreau de Saint-Césaire, laissant donc ces travaux à notre entière charge !  Cette RN 106 tout le monde s’en fout alors que le matin tu peux rester bloquer facilement 30 minutes !

Quels sont vos projets pour l'avenir ? 

Concernant l'insertion professionnelle, les services travaillent sur les possibilités de cumuler RSA et emploi saisonnier. Certains départements l'ont déjà mis en place. Le Gard, qui a besoin de main d'œuvre d'avril à octobre, notamment dans les métiers de bouche, de l'hôtellerie et de l'agriculture, est concerné. Pour les personnes âgées, nous cherchons à pouvoir baisser le "reste à charge" des loyers dans les Maisons en partage. Quand la retraite dépasse difficilement 900 euros par mois, il n'est pas concevable que les loyers atteignent 450 euros !

Concernant le handicap, vous projetez de créer des maisons partagées. De quoi s’agit-il ? 

C’est un sujet brûlant pour les familles. Les parents d’enfants en situation de handicap connaissent les plus grandes difficultés pour trouver des places en institut médico-éducatif (IME). Il n’y en a tout simplement pas assez. En fin d’année, nous avons voté une délibération importante. En lien avec le foyer de vie Galaxie de Nîmes, nous avons lancé un projet expérimental pour revoir la prise en charge des jeunes adultes relevant de l’amendement Creton (adultes qui sont maintenus dans des établissements pour enfant, NDLR).  

Propos recueillis par Coralie Mollaret et Abdel Samari

Coralie Mollaret

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