Actualités
Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 20.10.2020 - anthony-maurin - 5 min  - vu 792 fois

FAIT DU JOUR Éducation : au pays de la Palotchka...

Atelier métal et yeux grands ouverts (Photo Anthony Maurin).

Les jeunes de l'école, les encadrants et les salariés d'AE3 (Photo Anthony Maurin).

La Palotchka ! Déjà, il fallait trouver le nom ! Le but premier de cette école privée nîmoise (*) - hors contrat avec l'Éducation nationale - est le respect de chacun. Ici, pas d'âge, juste une compréhension de l'autre. La bienveillance est toute naturelle dans un tel environnement. Elle est même obligatoire. Ici, chacun avance à son rythme, l'essentiel est de faire un pas vers l'avant et/ou vers l'autre.

La Palotchka est donc une école où l'enfant est respecté et considéré comme une personne à part entière. Ainsi, chacun est responsable et libre de son destin. Ici, on encourage la créativité, la coopération, l’expression de soi mais on apprend aussi à gérer positivement les conflits.

Quelques fois dans l'année, les enfants décident de sortir de leur zone de confort et d'aller à l'extérieur. En ce jour de la mi-octobre, ils sont chez Alain Jeanmet, le patron de la société AE3. Créée en 1985 et refondue en 2012, AE3, mais nous y reviendrons plus tard, est spécialisée dans la scénographie et la muséographie. C'est elle qui a fabriqué le mobilier très apprécié du Musée de la romanité par exemple !

À l'intérieur, d'autres habitations sont en cours de préparation (Photo Anthony Maurin).

Dans le jardin, deux choses attirent l'oeil. Deux sortes d'abris de jardin agrandis et réaménagés, revus et corrigés. Une cellule de travail, l'autre de vie et de repos. Deux bulles destinées à des résidences de créateurs qui plaisent forcément aux enfants qui sont en visite et qui ont pique-niqué entre les deux structures. Cette drôle de société est largement connue et reconnue au plan national et dans le Gard. Outre à Nîmes, vous pouvez observer son travail au Seaquarium du Grau-du-Roi, au Musée du bonbon ou encore à Maison rouge. Le Musée de l'Arles antique a lui aussi été habillé par AE3.

Claude évite le drame en éloignant les jeunes de la scie (Photo Anthony Maurin).

C'est Stéphane qui connaît le mieux l'école car elle la fait vivre depuis sa création. " Nous sommes ici car je connais bien Alain, c'est un ami. Son atelier nous parle. Ça ressemble beaucoup à notre école. Les décisions sont prises de manière horizontale et toujours en commun. C'est un vrai plaisir de venir et revenir ici. Les enfants aiment la construction et la recherche. Nous sommes là toute la journée et ils font plein de découvertes ! "

Sortir pour mieux rentrer

Il est certain que le changement de décor permet aux enfants les plus introvertis de sortir de leur coquille. C'est important qu'ils puissent parler à des professionnels. Ils posent beaucoup de questions, ils sont curieux. " C'est la première fois que je viens ici mais je suis à fond depuis ce matin. J'ai fait une épée et je vais faire un arc. On s'amuse bien et moi, j'aime le bois ! ", annonce Arthur.

Une belle relation (Photo Anthony Maurin).

" Moi, ça m'a plu ! J'ai fait plein de trucs et je me suis amusé avec des chèvres... J'ai passé du temps sur les matières comme le bois et le fer. J'ai appris des choses. J'ai fait un logo et quand on a mangé ensemble à midi, c'est moi qui ai fait le barbecue ! ", explique fièrement Nolan, 11 ans.

" J'ai tout mis de côté pour ne pas que les enfants se blessent !, explique Claude, employé d'AE3 depuis plus de 25 ans. On s'occupe d'eux, on essaie de répondre à leurs questions, d'être didactique... Tout cela leur donne une finesse d'esprit, de travail et un peu plus de culture générale. L'an dernier nous nous sommes bien amusés, cette année aussi ! " Il paraît même qu'un match retour est prévu à la Palotchka où les enfants vont s'atteler en cuisine pour recevoir le mieux du monde les salariés d'AE3 !

William à l'atelier métal (Photo Anthony Maurin).

De son côté, Léo n'aime pas le jeu Fortnite au point qu'il a voulu créer " une ligue anti Fornite ! Ce jeu est nul, les joueurs aussi. C'est le début du mouvement mais si je suis connu avec Instagram et que j'arrive à avoir de l'argent grâce à une cagnotte, je ferai des choses anti Fortnite. Je vais placarder ma création sur la Tour Eiffel, louer un hélicoptère pour l'y afficher. Je veux être connu ! "

Une école équilibrée

William, salarié d'AE3, s'occupe quant à lui de l'atelier métal. Louka est arrivé cette année à l'école avec pas mal de troubles divers. Son petit frère est lui aussi à la Palotchka. " Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous sommes une école différente. Nous ne sommes pas des soignants. Les petits apprennent à s'adapter mais on les voit rapidement évoluer. Tout le monde fait des compromis et les jeunes évoluent ensemble ", poursuit Stéphane.

Un peu de soudure (Photo Anthony Maurin).

Cette année, et c'est une première, l'école a un petit groupe d'instruction en famille qui vient d'Avignon. Ils sont trois et ont sept ans. " Nous sommes bien équilibrés cette année. Les ados sont là pour de bonnes raisons. Ils s'investissent et veulent passer les diplômes. À leur demande nous avons mis en place des cours formels, on s'adapte ! Jamais je n'aurais cru mettre en place des cours formels à la Palotchka ! Les élèves peuvent aussi travailler en autonomie avec Schoolmouv, une plateforme de cours en ligne ", ajoute Stéphane.

Le confinement a également permis à l'école de créer des ateliers récurrents comme celui qui se déroule en cuisine pour préparer tantôt une sauce tantôt un petit plat. Même l'économie interne est en passe d'être revue. Certains ont créé la Palotch, une monnaie locale qui comme toute monnaie fait partir tout le monde en vrille ! " Ils ont vu que c'était compliqué de créer une économie... " On parle maintenant d'écrire une constitution !

On est même allé voir les chèvres (Photo Anthony Maurin).

Si une chose pouvait être corrigée par Stéphane, quelle serait-elle ? " Il y a tellement de choses qui pourraient être améliorées ! Nos motivations diffèrent souvent de celles des enfants et j'aimerais qu'on puisse se rencontrer sur plus de choses. Il faudrait aussi améliorer l'ambiance générale à l'école, qu'il y ait moins d'embrouilles... On doit trouver plus de sérénité car elle est impérative au bon fonctionnement. "

Des choses à savoir

L'école se porte bien, six personnes sont intégrées à l'équipe encadrante, trois sont constamment à l'école mais cela ne représente que l'équivalent d'1,5 poste rémunéré. Il y a 17 enfants âgés de 4 à 15 ans et Stéphane ne veut pas faire n'importe quoi. " On a des demandes mais nous voulons être très clair sur le fait qu'ici les enfants sont libres de faire ce qu'ils veulent. Il faut que les parents le sachent ! "

Au boulot ! Les petits sous l'oeil des plus grands (Photo Anthony Maurin).

" Nous sommes une équipe ouverte. Les nouveaux sont très motivés, les jeunes suivent et s'investissent à fond dans tout ce que l'on fait. L'école ne vit que par les enfants et leurs envies. Ça fait du bien de voir que certaines décisions viennent d'eux. C'est ambitieux ! ", conclut Stéphane.

Un beau coeur ! (Photo Anthony Maurin).

* École Palotchka. 15, Rue Alexandre-Pieyre. 30900 Nîmes. Tél : 04 48 68 31 47. Le montant des frais de scolarité est de 3 500 euros par an et par enfant.

Anthony Maurin

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio