Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 02.12.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 769 fois

MARCOULE Fermeture du Visiatome : l'intersyndicale du CEA Marcoule se mobilise

L'intersyndicale du CEA Marcoule se mobilise contre la fermeture du Visiatome. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Il y a quelques semaines, nous vous annoncions que le Visiatome allait fermer ses portes définitivement à l'été prochain. Une annonce qui a suscité l'indignation des membres de l'intersyndicale du CEA Marcoule (CFE-CGC, CFDT, CGT, FO et CFTC) qui veulent éveiller les consciences localement. Une pétition a été lancée ce week-end.

Le Visiatome est un espace de découverte sur les enjeux énergétiques qui a été ouvert en 2005 par le CEA sur le site de Marcoule. En 15 ans, le lieu a accueilli pas moins de 300 000 visiteurs. Il renferme une exposition permanente, une salle de conférence et des ateliers pédagogiques prisés par les collégiens et lycéens des établissements du Gard, de Vaucluse, de la Drôme et de l'Ardèche.

Depuis le 1er confinement débuté en mars, le musée n'a pas rouvert et ne rouvrira pas. Du côté de la communication du CEA, on justifie cette fermeture par l'obsolescence de l'espace d'exposition ainsi que l'incompatibilité avec les nouvelles normes sanitaires. Une décision qui passe mal auprès des représentants syndicaux du CEA Marcoule et des élus du CSE (comité social et économique).

La gestion du Visiatome était gérée par une équipe de sept personnes

Alors que plusieurs musées ont pu rouvrir après le premier confinement, ils ne comprennent pas pourquoi il n'en a pas été de même pour le Visiatome. Cédric Garnier, chef de la communication du CEA, nous avait expliqué que l'exposition comportait de nombreuses surfaces interactives (boutons, manettes, leviers...) constituant autant de points contacts ne permettant pas "accueillir les visiteurs dans des conditions satisfaisantes", en temps de covid.

La gestion du Visiatome était assurée par une équipe de sept personnes, par l'intermédiaire d'un contrat de sous-traitance. Elles demeurent toutes en chômage partiel depuis le début du premier confinement. L'intersyndicale s'inquiète du sort de ces sept personnes "au pire moment d’une crise sans précédent avec comme unique perspective le licenciement."

Le week-end dernier, l'intersyndicale a décidé de lancer une pétition pour dire "non" à la fermeture du musée. Déjà près de 600 personnes l'ont signée. "Une des raisons serait aussi financière. Réactualiser le Visiatiome coûterait trop cher", atteste Patrick Revol, secrétaire du CSE Marcoule et membre l'intersyndicale. En effet, "cela fait des années qu’un projet de jouvence du Visiatome est dans les cartons, afin d’accompagner les changements inévitables qui se sont produits en 15 ans".

"Un véritable outil pédagogique"

Alors que l'ouverture du Visiatome avait été également financée par le fonds européen FEDER, la Région Languedoc-Roussillon et le conseil général du Gard, Patrick Revol s'étonne "que les collectivités locales et européennes ne soient pas sollicitées pour le fonctionnement du site." Même si, selon l'intersyndicale, le fonctionnement du Visiatome ne représenterait que 1/500e du budget du CEA Marcoule, qui pèse 500 millions d'euros par an. Et le projet de réactualisation du musée 2/500e.

Pour eux, difficilement concevable de fermer "un des rares musées français sur la vulgarisation nucléaire". Il avait été créé suite à la loi Bataille relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs. Pour les représentants syndicaux, le Visiatome aurait le potentiel pour devenir "un musée régional des énergies" et "une vitrine technologique du démantèlement", vulgarisant les énergies de demain. D'autant que le CEA s'ouvre à toutes les énergies et pas qu'au nucléaire. "C'est paradoxal de se priver de cet outil", tonne Stéphane Chaud, délégué syndical CFDT, élu au CSE du CEA Marcoule.

L'objectif de l'intersyndicale : éveiller les consciences des élus, des parents d'élèves et des citoyens en général. "Sur 24 000 visiteurs par an en moyenne, la majorité sont des scolaires des écoles environnantes qui l'utilisent comme un véritable outil pédagogique", rappelle Stéphane Chau, délégué syndical CFDT, élu au CSE du CEA Marcoule. Il termine : "Si on n'a pas de musée, on ne peut pas créer de vocation, on a tout perdu."

Marie Meunier

Contacté par Objectif Gard, Cédric Garnier, du service communication du CEA Marcoule, a affirmé que les 7 personnes qui s'occupaient du Visiatome avaient été informées bien en amont de la fermeture du musée par le biais de leur employeur. "Le CEA a pris l'engagement de les accompagner dans leur recherche d'emploi sur le bassin. Ce sera fait consciencieusement."

Il confirme que la possibilité de rénover le musée avait été mûrie ces dernières années mais "ce type d'exposition vieillit toujours trop vite et les modes de communication sont en train de changer". La direction a jugé, en concertation, garder le musée tel qu'il est, même réactualisé, "n'était pas le mode le plus approprié où l'on souhaite s'engager dans les années à venir". Il rappelle que la vocation première du CEA n'est pas d'exploiter un musée mais avant tout de faire de la recherche sur la thématique du démantèlement et au-delà. 

Même si l'exposition ne rouvrira pas, la mission de culture scientifique sera maintenue auprès des publics scolaires, la rappelle Cédric Garnier. Les établissements intéressés peuvent organiser des ateliers en classe. "Dès la rentrée de septembre, on espère retrouver notre format habituel avec la reprise des ateliers à Marcoule", avance-t-il. Les conférences scientifiques seront aussi reconduites au Visiatome, dès que le contexte le permettra. 

En plus de la culture scientifique, le CEA souhaite élargir ses missions en proposant des actions envers les jeunes pour la poursuite de leurs études et leur orientation professionnelle. Il y a deux ans déjà, des challenges sur le démantèlement sont organisés de concert avec le lycée Einstein. Cet hiver, le challenge Academ prendra une dimension nationale en s'adressant à toutes les écoles d'ingénieurs du pays. Ce format dématérialisé permettra à des étudiants de travailler par groupes sur des thèmes qui sont ceux du bassin d'emplois de Marcoule.

Marie Meunier

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