Le 7H50 de la vice-présidente Nathalie Nury : « Concernant les collèges, le Département a fait beaucoup ! »
Élue en 2015 sur le canton de Roquemaure, Nathalie Nury s’est occupée ces cinq dernières années des collèges gardois. Une expérience qui, confie-t-elle, l’a faite « grandir politiquement et humainement ». Rencontre.
Objectif Gard : Le conseil départemental est en charge des collèges. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Nathalie Nury : D’abord, le Département gère la carte scolaire (affectation des élèves dans un collège, ndlr) en collaboration avec l’État, la Région et les communautés de communes. Quand j’ai démarré en 2015, j’ai demandé à Denis Bouad (le président de l’époque, NDLR) d’avoir aussi la gestion des bâtiments : 53 collèges pour 38 000 élèves. Chaque année, nous mettons 6 M€ dans l’entretien des bâtiments. Nous gérons également le personnel, soit plus de 500 agents. Ce sont souvent des personnels en contrats précaires qui s’occupent du nettoyage, de la pause méridienne et de la maintenance.
Sur les 53 collèges, seuls 13 disposent d'une halle des sports. Comment font les élèves ?
Lorsque c'était l’État qui construisait les collèges, certaines communes ont réalisé elles-mêmes des gymnases, avec des financements de l'État. À présent, lorsque le Département construit un collège, il le fait systématiquement avec un gymnase, comme ça a été le cas à Bellegarde.
Collèges : bilan et perspectives
Votre mandature s’achève. Quel bilan faites-vous de l’action du Département relative aux collèges ?
Concernant les collèges, le Département a fait beaucoup ! Mon souvenir le plus prégnant est la fermeture de Diderot, dans le quartier de Valdegour, à Nîmes, pour améliorer la mixité scolaire. Des élèves issus de quartiers populaires ont été transférés dans des établissements plus aisés, comme le collège Jean-Rostand. Ce travail n’a pu s'effectuer qu’avec le soutien du rectorat et de la ville de Nîmes. Au début, les réunions d’information avec les parents et enseignants étaient parfois compliquées. Il y a aussi la construction du collège Ada-Lovelace au Mas de Mingue où de nouveaux bâtiments, modernes et tournés vers le numérique, ont attiré de nouvelles familles. Deux belles réussites.
Comment expliquez-vous les réticences des parents à la mixité scolaire ? Et comment les avez-vous désamorcées ?
C’est la peur. La peur de l’inconnu. Comme les professeurs étaient anxieux, les parents d’élèves ont suivi. Certains ont d’ailleurs une imagination débordante ! Avec l’Éducation nationale, la ville de Nîmes et le Département, nous sommes restés droits dans nos bottes. La mixité scolaire favorise la réussite car nous nous enrichissons de nos différences. Quand vous avez une classe de bons élèves, il n’y a que des bons. Si vous mélangez les bons et les moins bons, les moins bons progresseront et les bons viseront l’excellence !
À Nîmes, d’autres chantiers sur la mixité reste à ouvrir : Condorcet à Pissevin, Capouchiné et Romain-Rolland au Chemin-Bas. Que comptez-vous faire ?
Sur Condorcet et Capouchiné, nous avons lancé une étude approfondie. Le problème, c’est que nous sommes dans des quartiers où il n’y a pas de foncier disponible. À Capouchiné, on va essayer de faire des travaux pour créer un collège plus sûr et convivial. Surtout que nos études ont constaté un pic de hausse des effectifs en 2022.
Le Département pourrait-il fermer Condorcet ?
Non, on ne peut pas. Où iraient les enfants ? Dans la Vaunage ? Le problème, là-aussi, c'est que les familles du quartier de Pissevin n’ont pas les moyens de payer 3,50€ par jour et par enfant pour la cantine. Il faut espérer que la rénovation urbaine fasse quelque chose. Mais en combien de temps ?
Pour 2021, quels seront les projets du conseil départemental ?
D’abord, on met l’accent sur la pénibilité au travail de nos agents. Notre personnel n'est pas vieux - la moyenne d’âge est de 54 ans -, mais leur travail use les corps. Nous sommes en train d’acheter des chaises et de la vaisselle plus légère. Ça paraît rien comme ça, mais quand vous le faites tous les jours, l’impact sur le corps est important. Parallèlement, le nouveau collège de Remoulins sera bientôt livré. Là-aussi, il est très attendu. Nous avons également lancé des études pour la reconstruction des collèges de Saint-Gilles, Pont-Saint-Esprit, Salindres et une extension est prévue à Villeneuve.
Quels collèges seront priorisés ?
Il faut d’abord du foncier, trouver un terrain. À Saint-Gilles, la commune est mobilisée et à Pont-Saint-Esprit, l’EPF (Établissement public foncier) y travaille. Sur ce genre de dossier, l'appartenance politique ne compte pas.
« Je suis de Gauche mais je veux rester libre »
En parlant de politique, aujourd’hui sans étiquette, vous êtes une ancienne membre du Parti socialiste. Quel est votre rapport avec le parti ? Serez-vous candidate aux prochaines élections départementales ?
Pour les élections, je ne sais pas encore. En politique, il faut avoir du recul. Quant au parti, je n’ai pas repris ma carte. Il y a des choses propres à notre fonctionnement interne qui m’ont déçue. Moi, je suis de Gauche mais je veux rester libre. Vous savez, je suis arrivée au conseil départemental en 2012 lorsque Patrice Prat, dont j'étais la suppléante, a été élu aux Législatives. J’ai commencé à m'occuper de la délégation de l’Insertion puis, en 2015, Denis Bouad m’a permise de m’occuper des collèges. C’était une formidable expérience qui m’a fait grandir politiquement et humainement.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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