FAIT DU JOUR Saint-Sauveur-des-Pourcils, joyau agricole et forestier, cherche manifestations d'intérêt

Le hameau, à l'arrivée des deux routes forestières
- François DesmeuresSi Camprieu s'appelle intégralement Saint-Sauveur-Camprieu, il le doit à cette église située dans le hameau de Saint-Sauveur-des-Pourcils. Hameau agricole à sa fondation, il fut racheté par les Eaux et forêts pour servir de pépinière et de base logistique au reboisement de l'Aigoual. Le PETR (1) souhaiterait faire revivre les lieux, qui appartiennent encore à l'Office national des forêts. Sans moyen financier, il invite à découvrir les lieux ce week-end, pour inciter des porteurs de projets à se manifester.
"C'était un domaine agricole, sur la route commerciale entre les causses et la plaine." Ingénieur forestier sur l'Aigoual, Valère Marsaudon est un peu, avec ses collègues de l'ONF, le protecteur des lieux. Soit, une église et un cimetière, propriétés de la commune de Saint-Sauveur-Camprieu, un pigeonnier rattaché à un manoir - l'ensemble étant surnommé le château - un gîte, une habitation et une magnifique grange à la façon caussenarde, qui ne demande qu'à être restaurée. Entre tous les bâtiments, les états de conservation sont différents.
"Le hameau fut racheté par les Eaux et Forêts en 1880", poursuit l'ingénieur de l'ONF. Les alentours sont alors bien moins boisés qu'aujourd'hui. Cette corniche, orientée plein sud, trouve rapidement sa fonction : pépinière et base logitstique du chantier pharaonique de la replantation du massif de l'Aigoual, qui durera environ jusqu'en 1914. D'où la création sur place - et encore visible aujourd'hui - de l'un des sept arboretums de l'Aigoual, le plus ancien du massif.
"Avec des essences européennes connues, explique Valère Marsaudon. Mais Georges Fabre s'était aussi dit qu'il serait peut-être intéressant d'aller chercher des essences en Amérique et en Asie, pour voir comment les arbres s'acclimataient." Finalement, les essences des arboretum "n'ont pas vraiemnt été utilisées dans le reboisement, parce que les premières essences plantées avaient déjà poussé".
Au bas du hameau coule l'eau fraîche du Bramabiau. Le Trévezel est un peu plus bas. "Les trois quarts des arbres de l'Aigoual sont passés par ici", poursuit Valère Marsaudon. Mais, dès 1915, l'ONF abandonne petit à petit le hameau, qu'on peut encore rejoindre, en véhicule, via une route forestière de trois kilomètres, que ce soit en venant de plus haut (au départ de la RD 986, entre Camprieu et Meyrueis), ou de plus bas (au départ de la RD 157 entre Calmprieu et Trèves). "Plus tard, un agent du Parc national des Cévennes a été logé ici. Et dernièrement, un technicien de l'ONF a vécu dans la grange."
Le "château" a abrité des familles des Eaux et forêts, quand l'Aigoual voyait passer de nombreux agents. La maison forte est aujourd'hui la plus délabrée, avec des infiltrations et des planchers qui s'effondrent. Dans les pièces figurent encore quelques décorations, façon fresque, pour orner une cheminée ou un angle. Des peintures qui pourraient être de la main de l'épouse de Charles Flahaut. Le gîte, lui, servit longtemps de lieu de villégiature à des agents de l'ONF. Et on les comprend.
L'église et le cimetière sont propriété communale. Et ce dernier est multiconfessionnel, de par l'histoire singulière des lieux : catholiques et protestants y on trouvé leur place, ainsi qu'une famille juive. Mais aussi, plusieurs familles de musulmans, puisque le hameau minier de Villemagne, à proximité, accueillit une communauté de harkis après l'exode d'Algérie, à la fin de la guerre d'indépendance. Les tombes courent de 1913 à 2021. Avec, au coeur, la tombe d'Alphonse Boyer, "membre du réseau Alliance Nuit et Brouillard", fusillé le 1er avril 1944 à Karlsruhe... Le cimetière fait se rencontrer l'histoire des lieux avec la grande Histoire, qui résonne aussi à Saint-Saveur-des-Pourcils.
(1) PETR, pôle d'équilibre territorial et rural. Il réunit les communautés de communes du Pays viganais et de Causse-Aigoual-Cévennes (relire ici et ici).
Un Appel à manifestation d'intérêt pour sauver et exploiter le site
Samedi 28 et dimanche 29 juin, la revitalisation du hameau sera le thème de deux journées "insolites", au hameau de Saint-Sauveur-des-Pourcils. Une convention sera signée entre les deux communautés de communes, l'ONF, le Parc national des Cévennes et la commune de Camprieu signeront une convention de partenariat et lanceront l’appel à manifestation d’intérêt ayant pour objectif de solliciter des porteurs de projets.
"Le parc natinal a un plan de gestion, l'ONF aussi, détaille Jeanne Clavière, cheffe de projet Avenir montagnes au PETR. Mais on ouvre ainsi, plus largement, aux porteurs potentiels de projets à qui on n'avait pas pensé. Cela passera par un bail, et on sera là pour de l'aide ou de l'accompagnement. Mais c'est un peu expérimental." Le but restant à vocation touristique, avec l'ambition de participer au développement du tourisme 4 saisons.
Programme
Samedi 28 juin : 9h, départ des balades à pied vers le hameau ; 10h, départ des balades à vélo ; 10h15, visite théâtralisée de l’arboretum par Léa Chaumont ; 11h30, spectacle de danse ; 12h30, discours de bienvenue ; 14h, échanges sur les avancées du « projet pilote » ; 16h, conférence de Frédéric Fesquet de l'association des Amis du musée Cévenol ; 17h30, spectacle de danse "L'Instant"
Dimanche 29 juin : 10h, départ des balades à pied vers le hameau ; 10h, départ des balades à vélo ; 11h, balade thématique sur le reboisement et l’arboretum ; 15h, visite du hameau par André Boudes ; 16h40, spectacle de danse "Hors sol".
Buvette et petite restauration sur place (pensez aussi à des gourdes, le hameau n'a pas d'eau potable).
Tout au long de la journée : balades à vélo et à pied sur sentiers balisés, topo guide et accompagnateurs, accès à l’expo hors les murs du Musée Cévenol "Les Plantes qui soignent" (relire ici), ateliers créatifs l’après-midi.
À noter que le vélo sera à l'honneur, avec la Bike' Aigoual, courses mythiques de vélo (route VTT et gravel) au départ de l'Espérou.