Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 09.01.2024 - Thierry Allard (avec Corentin Corger et Sacha Virga) - 5 min  - vu 441 fois

FAIT DU JOUR Dans le Gard aussi, les cinémas ont retrouvé des couleurs en 2023

Photo d'illustration

- Photo d'archives Objectif Gard

Il y a quelques jours, le Centre national du cinéma (CNC) dévoilait ses chiffres pour l’année 2023. Ils sont bons, avec une fréquentation en hausse de 18,9 % par rapport à 2022 au niveau national. Et dans le Gard ? Objectif Gard a posé la question aux principaux intéressés.

« Oui, nous avons ressenti la hausse », pose le patron du cinéma CGR de Nîmes, Évrard Zaouche. Comment l’expliquer ? « 2023 a été une bonne année car on a eu un premier semestre exceptionnel avec la continuation d’Avatar, Alibi.com 2, Astérix, Super Mario… Et au début du second semestre, Oppenheimer et Barbie », avance-t-il. Même constat à Bagnols, où le cinéma le Casino a lui aussi vécu une année 2023 plus porteuse que les précédentes : « C’est mieux que 2022, même si on est encore un peu loin des chiffres d'avant covid. Ça remonte, mais doucement », note la directrice du cinéma bagnolais Anne-Marie Duffès.

Des blockbusters mais pas que

Là aussi, l’offre est mise en avant : « Elle a été plus riche en 2023, tant en films français qu’américains, affirme Anne-Marie Duffès. Le plus gros succès chez nous a été Super Mario, puis Astérix, et Barbie a été la bonne surprise de l’été. » Des gros films donc, signe d’une tendance lourde pour Évrard Zaouche, qui estime que « le comportement des clients est en train de changer, ils veulent des blockbusters. Il faut que les Français se mettent à en faire pour qu’on attaque les Américains sur ces gros films. C’est ce que fait Pathé avec les Trois mousquetaires en deux parties ou Astérix. Car ce qui a marché en français, ce sont aussi ces blockbusters. »

Le directeur du cinéma CGR de Nîmes Evrard Zaouche • Photo d'archives : Philippe Gavillet de Peney

Pas forcément, à en croire le codirecteur du cinéma Le Sémaphore, à Nîmes. Un cinéma d’art et essai, qui ne projette pas lesdits blockbusters, donc, mais qui enregistre en 2023 « un rebond d’environ 15% », précise Daniel Vidal, même si « de manière générale, on reste encore loin de la fréquentation d’avant la pandémie ». Reste que le Sémaphore profite lui aussi de ce retour dans les salles, alors que « nous concernant, les films mis à l’honneur et salués par le public sont plutôt des films européens ou français, rappelle Daniel Vidal. Avec une programmation différente de nos confrères nîmois, le public plébiscite des films qui sont d’autres horizons et pas qu’américains. C’est le propre des salles d’art et d’essai comme la nôtre. On fait beaucoup dire au public français qu’il boude les films européens et français. Nos chiffres montrent le contraire. »

L'entrée du Sémaphore, à Nîmes • Photo : Corentin Corger

Lui y voit un signe que « le public a retrouvé le chemin des salles des cinémas ». Une tendance propre à la France, le CNC affirmant que « la France est l’un des territoires où la reprise de la fréquentation est la meilleure ». « Il est incontestable que la France reste le pays d’Europe qui réalise le plus d’entrées par habitant », abonde le co-directeur du Sémaphore. Et ce alors qu’après le covid et avec en plus l’émergence de nombreuses plateformes de VOD, beaucoup prédisaient la mort des salles de cinéma.

Pour 2024, « tout va dépendre du succès des comédies françaises »

« Je suis dans le cinéma depuis toujours, et à l’époque de Canal +, des vidéo-clubs, du DVD et maintenant des plateformes, on nous a dit à chaque fois que le cinéma était mort, mais il est toujours là », se marre Évrard Zaouche pour illustrer la résilience des salles de cinéma. Ce qui ne veut pas dire que le public n’évolue pas. « Le comportement des clients a changé depuis le covid. Maintenant quand ils viennent, ils savent ce qu’ils vont voir et si c’est complet, qu’ils arrivent en retard, ils ne se reportent pas sur un autre film comme ils le faisaient avant, expose le patron du CGR. Donc, on est plus dépendants qu’avant de la programmation. » « Le cinéma est une activité liée à l’offre », confirme Daniel Vidal. Et donc aussi tributaire des studios touchés par la grève des scénaristes aux États-Unis.

Anne-Marie et Mathieu Duffès sont à la tête du cinéma familial Casino de Bagnols depuis 1983. (Marie Meunier / Objectif Gard)

« Il y a eu des films américains repoussés suite à la grève des scénaristes et des acteurs, d’autres qui ont préféré attendre et sortiront en 2024 », confirme Anne-Marie Duffès. « La grève des scénaristes aux États-Unis cause quelques décalages. Les films vont sortir à partir d’avril, abonde Évrard Zaouche. Pour Noël, en blockbuster on n’a eu qu’Aquaman. » De quoi lui faire dire que le cru 2024 dépendra peut-être plus de la bonne forme des films français : « J’espère avoir quelques bonnes surprises. Tout va dépendre du succès des comédies françaises. »

« Chaque année il y a des films très attendus qui ne font pas ce qu’on était en droit d’attendre, et des bonnes surprises », affirme, philosophe, Anne-Marie Duffès, qui se refuse à tout pronostic sur 2024. D’ailleurs, « l’année dernière, personne n’avait vu venir le succès de Super Mario, glisse Évrard Zaouche. Et ça a été le film numéro 1 de l’année. »

Sur la polémique autour des « Segpa au ski »

Sorti le 27 décembre dernier, le long-métrage d’Ali et Hakim Bougheraba a fait polémique ces derniers jours, certaines des séances ayant été émaillées d’incidents et incivilités. Non loin du Gard, une séance a dû être interrompue dans le cinéma Le Clap, à Bollène (Vaucluse), et certaines salles déprogramment le film. « On ne le diffuse pas, et on ne le diffusera pas, on n’a pas envie de se faire mal, affirme Anne-Marie Duffès, du cinéma le Casino à Bagnols. C’est regrettable. Certes, le film fonctionne, mais ce n’est pas dans ma nature ni dans mes compétences de faire garde-chiourme. » Évrard Zaouche du CGR Nîmes est quant à lui sur une position inverse : « On n’a pas du tout eu de problèmes à déplorer. C’est un film qui plaît à des gamins de 14, 15 ans. Il faut les tenir, sinon c’est fini. Il y avait beaucoup de monde au début, alors je mettais un agent de sécurité dans la salle. Ça les a calmé, et ils se le disent. Mais ça a toujours existé, il n’y a pas d’épiphénomène. On doit passer tous les films, la culture c’est la culture. »

Et le spectacle vivant ?

À Alès, la co-directrice du Pelousse Paradise, Élisa Massart, a passé une bonne année 2023. « On a une fréquentation encore meilleure qu'avant covid au Pelousse Paradise, affirme-t-elle. Concernant Avignon, on fait notre meilleur chiffre d'affaires pendant le festival. » La salle alésienne a diversifié son offre, en proposant notamment des spectacles pour enfants. De quoi lui permettre de présenter de bons chiffres : « Cette année on avait 160 spectacles et on a fait 16 000 spectateurs, une moyenne de 100 personnes par spectacle. »

Thierry Allard (avec Corentin Corger et Sacha Virga)

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