DURFORT Des Lucioles citoyennes ont allumé une centrale solaire sur une ancienne décharge

Initié en 2016, le projet de parc photovoltaïque sur l'ancienne décharge de Durfort est né de l'engagement de quelques précurseurs, couplé à l'appel à projet de la Région Occitanie qui permettait une financement partiel. Après nettoyage, terrassement, et beaucoup d'huile de coude, le parc produit du courant depuis le mois d'avril. Il y avait donc une inauguration à fêter, le 16 mai dernier, entre coopérateurs.
C'était une préconisation qui venait d'en haut : les équipements photovoltaïques devaient viser une implantation sur du bâti ou des terrains dégradés, du type ancienne carrière ou ancienne décharge. Cette préconisation, des citoyens coopérateurs s'en emparent bien mieux que ne le font les grosses entreprises énergétiques ou les services administratifs. Dernier exemple en date, le site de l'ancienne décharge de Durfort, sur l'ancien chemin de Quissac.
Les Lucioles citoyennes, association à l'origine du projet, ont vu le jour en 2016, avec seulement six personnes. Objectif Gard s'était fait l'écho du projet en mai 2022 dans son magazine, au sein d'un dossier consacré aux coopératives citoyennes productrices d'énergie. En juin de la même année, en pleine canicule, l'association lançait sa collecte de fonds, avec un objectif de 250 000 € à trouver, boostée par l'aide régionale de 1€ par euro investi, dans la limite de 100 000 €. "Le plus difficile a été de convaincre les citoyens d'investir", confiait un coopérateur, vendredi soir, lors de l'inauguration. Au final, 291 personnes sont devenus sociétaires.
Et 45 d'entre elles ont usé de leur force pour réaliser physiquement le parc, en six week-end de quatre jours, après avoir fait faire le nettoyage du terrain, terrassé avec du tout-venant, et acheté des gabions en Espagne pour assurer la stabilité des 630 panneaux de 395 Wc, sur 1 205 m2. Si le parc fonctionne déjà à plein, il reste à installer une citerne sur place, pour couvrir le risque incendie, à protéger l'arrivée de gaines ou à sécuriser les panneaux.
L'électricité produite est ensuite vendue à la coopérative Enercoop, qui assure le débouché financier du projet. Et rachète l'électricité produite, autour de 10 centimes du kWh, un montant supérieur au prix du marché, pour rendre l'entreprise viable. Le tout sans emprunt bancaire, chaque coopérateur pouvant prêter de l'argent à la société, sur 15 ans. Une forme de production électrique en circuit-court, pour une population équivalente à 300 personnes (hors chauffage et eau chaude) et - dans la mesure du possible - avec des panneaux photovoltaïques provenant de France ou de l'Union europenne.
"Les citoyens interessés peuvent s'impliquer dans plusieurs coopératives", argumente Simon Cossus, directeur général d'Enercoop Languedoc-Roussillon, qui précise que dix-huit coopératives sont actives dans le Gard, pour une vingtaine de projets. Côté Lucioles citoyennes, après le toit de l'école de Saint-Jean-de-Serres et, donc, l'ancienne décharge de Durfort, deux projets existent sur le territoire du Grand pic Saint-Loup et sur la commune de Sauve. Car il en reste à bâtir en matière d'énergies renouvelables, avant de couvrir les besoins...