Publié il y a 9 mois - Mise à jour le 26.07.2023 - Abdel Samari - 4 min  - vu 3271 fois

SÉCURITÉ CIVILE Un rapport sénatorial préconise un élargissement de la Base de Nîmes pour en faire un hub européen

Les Canadairs de la Sécurité Civile

- Photo Archives Anthony Maurin

Le sénateur Les Républicains Jean Pierre Vogel vient de présenter à la commission des Finances du Sénat le 5 juillet 2023, son rapport d’information sur la flotte de bombardiers d'eau de la sécurité civile. Il préconise un renouvellement à accélérer et une gestion à optimiser.

Après les incendies nombreux de l'été 2022 provoquées par le réchauffement climatique, la question d’un renforcement des moyens aériens de lutte anti-incendie est dans toutes les têtes. Face à ce constat, et en sa qualité de rapporteur spécial des crédits du programme « Sécurité civile », le sénateur Jean Pierre Vogel a souhaité réaliser un contrôle budgétaire sur la flotte d'aéronefs bombardiers d'eau de la sécurité civile.

Les travaux du rapporteur spécial ont mis en évidence la nécessité d’un renouvellement complet de la flotte vieillissante de Canadair et de son extension à 16 appareils à l'horizon 2027, contre 12 actuellement. Et compte tenu de la décision tardive du constructeur De Havilland de relancer la chaîne de production. En effet, « les délais de production de ces avions demeurent particulièrement incertains, et la France ne peut en tout état de cause espérer obtenir la livraison de plus de deux appareils dans les cinq prochaines années » explique le sénateur qui estime qu'une réflexion doit être engagée au niveau national voire européen sur la constitution d'une capacité de production d'un avion bombardier d'eau capable de concurrencer les Canadair à moyen terme. « La direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) aurait identifié plusieurs projets industriels d'intérêt, mais qui sont à ce stade embryonnaires et ne pourront dès lors pas renforcer la flotte avant plusieurs années. »

En droite ligne avec l'ambition de Franck Proust

En ce qui concerne la question du renforcement de la flotte, le sénateur LR estime qu’elle doit être « étroitement liée à celle du dimensionnement des infrastructures susceptibles d'accueillir les aéronefs et de les maintenir en condition opérationnelle. La quasi-totalité des moyens aériens de la sécurité civile est concentrée sur la base aérienne de la sécurité civile (BASC) de Nîmes. Dans le cadre de la saison des feux 2022, beaucoup d'observateurs ont appelé à la création d'une nouvelle base aérienne de la sécurité civile, plus particulièrement dans le Sud-Ouest de la France, afin d'assurer une meilleure couverture du territoire par les forces aériennes dans le contexte d'extension territoriale du risque « feux de forêt ». Le ministre de l'intérieur a par ailleurs annoncé dans le cadre de la présentation de la LOPMI, que le Gouvernement étudiait l'opportunité de la création d'une seconde base aérienne, afin de pouvoir intervenir au plus vite lors des départs de feux. La piste d'une future base implantée dans la zone Sud-Ouest a été confirmée dans le cadre du déplacement du ministre de l'intérieur à La Teste-de-Buch le 11 avril 2023. »

Pour le rapporteur spécial, tout cela crée « une ambiguïté toutefois sur la dimension de cette nouvelle base, et sur son caractère permanent ou non. » Il ressort des auditions du rapporteur spécial, et notamment de son déplacement du 13 octobre dernier à la BASC, que la création d'une deuxième base permanente, dont le dimensionnement serait comparable à celle de Nîmes, ne serait pas pertinente. L'ouverture d'une telle base serait de nature à démultiplier les coûts de maintenance et les dépenses en ressources humaines. « La BASC de Nîmes avait en outre nécessité en 2017 un investissement de 17 millions d'euros, alors même qu'elle bénéficiait déjà d'installations aéronautiques. Ces installations, telles que des parkings et hangars, seraient donc également à prendre en compte dans l'évaluation des coûts et délais de création d'une éventuelle nouvelle base permanente. »

Une appréciation en droite ligne avec l’ambition du président de Nîmes métropole Franck Proust qui milite depuis des années pour la création d’un Hub européen de la Sécurité civile et des moyens en conséquence.

Et le sénateur de confirmer que « cette option apparait d'autant plus contestable dans un contexte où la LOPMI a consacré l'ambition de faire de la BASC de Nîmes un « hub européen de la sécurité civile ». Un élargissement de la base, estimé à 35,5 millions d'euros sur six ans, est actuellement envisagé par le Gouvernement afin de lui permettre d'assurer à l'avenir le redimensionnement de la flotte. Cet engagement financier comprend notamment la rénovation et l'extension des parkings aéronautiques, la construction d'au moins un hangar pour permettre la maintenance des aéronefs supplémentaires, et le redimensionnement des infrastructures pour l'accueil des nouveaux hélicoptères commandés dans le cadre de la LOPMI. Ce projet d'agrandissement permettra ainsi d'héberger les aéronefs qui pourraient être acquis dans les prochaines années pour renforcer la flotte. »

Le positionnement des moyens aériens doit être adapté à l'extension géographique du risque incendie

À cet égard, la solution qui apparaitrait la plus équilibrée selon le rapporteur spécial, tant sur le plan budgétaire que sur le plan de l'efficacité opérationnelle, « consisterait à prévoir des détachements systématiques de moyens aériens pendant l'été sur certains territoires dont l'exposition aux feux de forêt devrait se systématiser, tels que le Sud-Ouest. Cette stratégie impliquerait nécessairement le développement d'infrastructures susceptibles d'accueillir ces appareils pendant deux à trois mois. Si la maintenance lourde des appareils serait toujours réalisée pendant l'hiver à la base de Nîmes, le « petite et moyenne » maintenance permettant d'assurer le MCO des avions pendant la saison « feux de forêt », pourrait être faite, par exemple, sur la base aérienne de Bordeaux-Mérignac en cas de détachement permanent. Cette base aérienne a en effet été identifiée par les pilotes du GASC comme une base secondaire potentielle, qui pourrait, moyennant des investissements complémentaires dans les locaux déjà existants, accueillir plusieurs aéronefs dans le cadre de ces détachements. »

Abdel Samari

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