Publié il y a 1 an - Mise à jour le 10.07.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 492 fois

MONT AIGOUAL La forêt d'exception se trouve de nouvelles raisons de résister

La haute vallée de l'Hérault, vue du belvédère de la Serreyrède

- François Desmeures

Labellisée forêt d'exception en 2019, la forêt domaniale de l'Aigoual révise son programme d'actions, qui doit être réécrit tous les cinq ans pour conserver le label. La prise en compte du changement climatique se place au sommet du suivi réalisé par l'Office national des forêts (ONF), qui assure les actions préconisées par le comité de pilotage. Des actions de valorisation du patrimoine sont également prévues. 

Valère Marsaudon, responsable de l'unité territoriale Aigoual • François Desmeures

Sur les environs 50 000 hectares de forêt que compte le massif de l'Aigoual, 16 000 sont gérés par l'Office national des forêts, au sein de la forêt domaniale. C'est celle-ci, et quelques rares forêts communales, qui sont concernées par le label forêt d'exception. Une démarche dans laquelle l'Aigoual s'est inscrit dès 2013 pour aboutir à une labellisation en 2019. Le contrat de projet contient lui-même un plan d'actions. Communautés de communes, parc national, offices de tourisme, associations environnementales ou liées à la chasse, syndicats d'exploitants, etc., composent le comité de pilotage. 

"Sur les 16 000 hectares de forêt domaniale, 70 % sont dans le Gard et 30 % en Lozère, précise Valère Marsaudon, responsable de l'unité territoriale Aigoual pour l'ONF. La répartition entre forêts privées et domaniale est assez simple, "à l'époque, ils avaient choisi de reboiser plutôt les plateaux, quand les versants et les vallées relèvent plutôt de la propriété privée". Plus accessible, la partie publique est logiquement celle où l'activité de production de bois est la plus intense. Ce qui n'empêche pas de compet parmi les 17 forêts françaises exceptionnelles. 

Les plateaux et les forêts les plus hautes en altitude sont celles concernées par le label forêt d'exception mais aussi par l'exploitation • François Desmeures

"L'idée, avec ces dix-sept forêts, est d'avoir une espèce de vitrine du patrimoine domanial français, expose Valère Marsaudon. Certaines y sont parce qu'elles sont historiques, comme Compiègne, Verdun, ou Tronçais pour la qualité du bois. D'autres sont périurbaines, comme Fontainebleau. On trouve aussi la Sainte-Baume ou la forêt de la Grande chartreuse." L'Aigoual y figure notamment pour "l'exemplarité de son reboisement", initié par Georges Fabre à la fin du XIXe siècle. Un reboisement dont l'intention tombe à pic, alors qu'après la surexploitation des arbres cévenols, succède une baisse de la demande entre 1875 et la Première guerre mondiale. "Moins de demande, et moins de moutons", abonde Valère Marsaudon, pour qui une part de la réussite du reboisement des débuts peut aussi s'expliquer, en partie, par la déprise agricole. 

"À 95%, ce sont les arbres qui se ressèment naturellement"

Valère Marsaudon, ONF

Avec un peu moins de 150 ans de vie, la forêt de l'Aigoual reste jeune et soumise au prélèvement des bûcherons. "Dans le plan de gestion, on traite de 11 000 hectares, dont 8 000 peuvent être en production." Le prélèvement est donc raisonné, assure Valère Marsaudon : "Sur la partie gardoise, on travaille en futaie irrégulière, qui permet une regénération naturelle. À 95 %, ce sont les arbres qui se ressèment naturellement." Un travail qui mélange l'âge des arbres à abattre, "donc les classes et les diamètres (...) On exploite, ici, 30 000 m3 de bois par an. C'est aussi ce que produit la forêt chaque année", explique Valère Marsaudon. 

La hêtraie-sapinière des hauteurs du mont Aigoual • François Desmeures

Depuis quelques temps, sous l'effet  de la sécheresse de 2017, la canicule de 2019, la sécheresse et la canicule de 2022, la forêt donne quand même quelques signes de souffrance. "On voit des dépérissements à la suite du déficit pluviométrique. Des épicéas sèchent, des pins sont touchés, des sapins rougissent... On essaie de les exploiter assez rapidement... et de laisser faire la forêt pour voir si elle se régénère, avoue Valère Marsaudon. Ce sont plutôt des hêtres et des sapins qui repoussent. Au-dessus de 1 000 mètres, d'ailleurs, on trouve surtout de la hêtraie-sapinière. Mais on est en limite sud de l'aire de répartition." La crainte serait donc, à terme, de voir ce type de forêt manquer de résistance face aux températures que subit l'Aigoual. "On espère que le mélange d'essence et d'âges va "tamponner" ce risque", lâche Valère Marsaudon. 

Le programme d'actions prévu pour le renouvellement de la labellisation vise donc à "valoriser la forêt, quand le premier programme tournait beaucoup autour de l'accueil du public". Une action de valorisation du patrimoine, donc, portera sur l'arboretum de l'Hort de Dieu, avec une application pour smartphone et une reprise du chalet. "On mènera un travail sur la transmission et l'explication de la gestion forestière." Des études devraient être menées sur le patrimoine bâti du territoire, ainsi que sur les zones humides. 

Le label sera ensuite délivré par un comité composé de chercheurs, personnels forestiers, d'historiens, du réseau des grands sites, de l'association France Nature environnement, etc. Qui viennent d'ailleurs, une fois le label attribué, vérifier à mi-parcours si les intentions se concrétisent, si le dialogue est réel sur le terrain, si la démarche coïncide avec les autres réglementations en application. Étant donné le nombre de réglementations et protections environnementales qui s'entrecroisent sur l'Aigoual, ce volet-là ne devrait pas poser de gros problèmes. 

François Desmeures

François Desmeures

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