ALÈS EN FERIA Carlos Olsina au son des clarines

Carlos Olsina sort en triomphe après une belle prestation alésienne (Photo Anthony Maurin)
Corrida du Curé de Valverde pour Javier Cortés (silence et salut), Luis Gerpe (silence et oreille) et Carlos Olsina (oreille et deux oreilles).
La volonté du délégataire était de « maintenir notre engagement indéniable vers des spectacles authentiques et originaux suscitant de l'émotion aux spectateurs en faisant du toro le fondement de son projet. »
Pour y parvenir, Didier Cabanis et les siens ont pris l’option d’une grande journée du samedi avec deux corridas à l’ordre du jour. Celle de la matinée, puis celle de la tarde avant demain dimanche en fin de matinée la novillada sans picadors.
Une feria « rématée » avec goût et panache.
L’aficion était venue en nombre pour voir les curés et les piétons qui étaient opposés à eux. Il faut dire qu’ici, les « Curé » ont connu de nombreux succès et continue d’écrire son histoire sur le sable des arènes du Tempéras.
Javier Cortés et ses 15 ans de doctorat n’étaient pas de trop face à un premier de présentation correcte comme l’aficion y est habituée. Souvent sur sa main gauche, l’Espagnol est simple, sans fioritures mais plutôt efficace. Il pousse un peu trop sa faena, l’allonge un chouïa mais le public en est plutôt satisfait et ira même jusqu’à pétitionner après une déroute aux aciers. Silence.
Avec son second Curé, le natif de Getafe qui a ses habitudes à Alès n’a pas démérité. Il saluera à l’issue de sa prestation après avoir toréé comme on le connaît et le reconnaît. Ce garçon, quand il use de la ceinture, est incroyable ! Classieux, solennel, précis. Hélas pour lui l’opposant avait moins de race que son prédécesseur sans avoir de vice. Encore une pétition, un peu plus fort qu’au premier, salut.
Deuxième en piste, un maestro qui s’est donné le droit de revenir après sa prestation de 2024 au Tempéras, Luis Gerpe. Il fête ses dix ans d’alternative, doctorat qu’il a pris dans les arènes de Las Ventas, quand même ! Comme l’an passé, on voit le Tolédan plutôt à son aise avec ce type de cornu. Mieux, Luis Gerpe est volontaire comme aiment les tendidos alésiens. Il montre qu’il essaie mais il ne peut rien tirer de son toro à peine piqué. Silence après de nombreux envois à l’épée.
Né à Seseña, coincé entre Toledo et Madrid, le jeune a toujours été tiraillé. Cette fois, Alès sera généreuse avec lui en lui octroyant l’oreille de la valeur qui compense un chouïa le silence du premier. Ce curé avait du mordant, lié à une faena avec du relief Gerpe aurait même pu espérer triompher. Oreille qu’il obtient peut-être aussi sur un coup d’épée fulgurant et en bonne place, choses toujours appréciées en terre cévenole.
C’est Swan Soto qui a pris en charge la carrière du Biterrois Carlos Olsina. Lui aussi il revient avec envie après une course, ici en 2024, durant laquelle il avait montré de belles choses. Il avait coupé une oreille, rebelote en 2025 ! Charles Pasquier, parce que c’est son nom, a su se livrer, se libérer. Pourtant, il est tombé sur la cathédrale du jour, un toro armé de poignards, un bicho digne d’une peinture mais qui n’aurait pas pu prendre plus d’une pique tant la fragilité de l’animal paraissait délicate. Dans les bons sitios, sérieux, appliqué, donnant de la voix et du geste, Carlos Olsina se met les tendidos dans la poche, sans tricher.
Dernier toro à lidier pour cette matinée et seconde sortie en piste pour le Biterrois, c’est dans ces moments que l’on voit un torero. Après trois années d’alternatives, il a compris le truc. L’engagement, total. Le risque est là, on le fait voir mais on ne s’en soucie pas. Facile à dire… Et pour lui, facile à faire ! Même si les deux mouchoirs sont « généreux » (comment peut-on l’être avec une telle course ?), c’est rassurant de savoir que deux oreilles peuvent encore être coupées aux arènes du Tempéras sur une corrida dite dure ! Peut-être que ça encouragera les autres toreros à faire ce que le bon Charles a fait cet hiver, appeler Alès et voir. Il a vu ! Deux oreilles devant un toro qui, finalement, n’a pas transmis autant qu’on l’espérait mais devant lequel Carlos Olsina a pu dérouler son toreo avant de tuer comme un maestro.