ALÈS EN FERIA La jeunesse vibre et fait vibrer le Tempéras

Matias accueille son opposant face au toril (Photo Anthony Maurin)
Novillada sans picadors de Roland Durand, Barcelo et La Suerte pour Santiago Lopez Ortega (oreille), Isaac Galvin (oreille), Manuel Fuentes (silence), Bautista Angosto (oreille), Matias (deux oreilles).
Des quites, de l’engagement, des poseurs de banderilles, de la musique, du soleil et des jeunes toreros, voilà ce qu’est devenu le dimanche matin de la feria d’Alès. Et c’est très bien ainsi ! Les arènes du Tempéras vivent une seconde jeunesse et laissent la place à la génération montante après une journée du samedi remplie par deux corridas.
Un becerro de la ganaderia de La Suerte s’étant blessé le matin-même, l’organisation a décidé de le remplacer par un exemplaire de Barcelo.
Le prix du meilleur erral de la matinée est allé à celui de La Suerte, le 3e trophée Gard Cévennes Camargue va à Isaac Galvin et le 6e trophée des révélations Porte du Tempéras à Santiago Lopez Ortega.
Santiago Lopez Ortega connaît Alès, l’année dernière il était déjà de la partie et avait marqué les esprits, tout comme il les a une nouvelle fois marqué à Vauvert le mois dernier. Genoux au sol, c’est ainsi que l’apprenti torero entame la matinée et reçoit son opposant, son Roland Durand. Une séquence précieuse au capote, une gestuelle suave et rondelette, douce est empreinte d’émotion pour le jeune issu de l’école de Joselito (Citar). Intelligent dans son placement, rarement débordé par les assauts de son assaillant, Lopez Ortega propose une tauromachie propre et léchée. Il n’hésite pas, en fin de faena, à se remettre à genoux et à haranguer les tendidos. L’émotion, l’épée, l’oreille, le sourire.
Isaac Galvin a gagné son paseo alésien en remportant le bolsin Pepe de Montijo de la Primavera de la tauromachie de Bellegarde en mars dernier. Depuis ? On l’a revu à Vauvert, début mai, pour le bolsin de la Journée de l’Avenir où il avait été un peu moins pertinent dans sa proposition taurine. Avec son becerro de Barcelo, on le voit à son aise au capote, prêt à plaire aux étagères mais surtout à se faire plaisir. Comme son prédécesseur, il use d’une gestuelle souple et bien placée et partage le tercio de banderilles avec Lopez Ortega. Avec la muleta, à droite comme à gauche, le jeune montre des choses, une forme de sérieux, de profondeur. Il fait passer le cornu entre lui et les planches, suggère une belle série de manoletinas resserrées du plus bel effet. Oreille.
Manuel Fuentes s’est expatrié outre Rhône et maintenant est à l’école taurine d’Arles. Il touche la pupille de Joe Gabourdes, un bel exemplaire de La Suerte. Il l’accueille au capote par quelques passes précieuses et des chicuelinas dignes d’être montrées à l’école. Les aciers lui feront perdre le bénéfice acquis au des minutes, y compris muleta en main où il a également montré de belles dispositions. Silence.
Baptiste Angosto est devenu Bautista Angosto, peu de changement mais quand même. De l’école taurine de Béziers, il est à Alès chez lui. Lui aussi il y a déjà toréé et connaît l’enjeu d’un tel rendez-vous. Il hérite d’un exemplaire de chez Durand et prouve une élégance certaines quand il a le capote dans les mains. Sa vision de la charge du toro est bonne, il écoute Thomas Cerqueira, son apoderadso et ancien matador de toros à la lettre ce qui lui permet de voir encore plus clair dans cette affaire. De belles courbes tracées sur le sable et une série de manoletinas tout aussi belle que celle de Galvin. Oreille.
Matias est quant à lui issu des aficionados practicos de Nîmes mais il a de la famille en Cévennes et semble se plaire au Tempéras. Il veut triompher, sans aucun doute. Alors que fait-on quand on veut triompher et qu’on est novillero sans picadors ? On s’en donne les moyens ! Son Barcelo ? Il le reçoit face au toril, les genoux vissés dans le sable du Tempéras et sous un soleil de plomb. Son adversaire déboule et lui saute dessus abîmant au passage le costume (il finira sans chaquetilla). Le saisissement étant passé, place au toreo. Des débuts un peu confus, des séries incomplètes mais une faena qui monte crescendo jusqu’à une belle lame et deux oreilles, généreuses pour certains, pour Matias qui est heureux de les prendre devant son clan venu (en fait deux clans) en nombre pour le soutenir.