Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 02.03.2024 - Louis Valat - 4 min  - vu 583 fois

ALÈS La mixité scolaire au cœur d'un débat organisé par le Parti socialiste

Yannick Trigance (à gauche) et Arnaud Bord (à droite). 

- Photo Louis Valat

Ce vendredi soir, la section alésienne du Parti socialiste a organisé un débat public à l'Espace Cazot d'Alès. Animé par Yannick Trigance, secrétaire national du PS chargé de l’Éducation, le sujet principal de la soirée : la mixité scolaire et sociale.

Conseiller régional d'Île-de-France et membre de la commission des politiques éducatives, Yannick Trigance est un ancien député de la première circonscription de Seine-Saint-Denis. En charge du pôle éducation pour la campagne de François Hollande en 2011, il a été nommé, en 2014, chevalier de la Légion d'honneur dans la promotion Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche. Yannick Trigance démontre un intérêt manifeste pour les questions relatives à l'éducation, à l’enseignement et à la formation, probablement nourri par ses vingt-cinq années d'expérience au titre d'enseignant, notamment en zone d’éducation prioritaire à Épinay-sur-Seine. Bref, l'éducation, ça le connaît ! Le socialiste était invité hier soir à Alès, aux côtés de Christiane Thomas, secrétaire de la section d’Alès du Parti socialiste et d'Arnaud Bord, élu municipal d'opposition alésien.

"La mixité scolaire, un enjeu moral et d'éthique"

Par définition, la mixité sociale se réfère à la cohabitation d'individus de diverses origines ethniques, sociales, culturelles différentes dans une même zone géographique, tandis que la mixité scolaire, par extension, implique cette même diversité au sein d'un établissement éducatif. Et la non-mixité scolaire et sociale est le fait de créer des espaces réservés à une catégorie de personnes. Yannick Trigance critique fermement cette non-mixité scolaire, la qualifiant de véritable rupture d'égalité entre les élèves, allant "à l'encontre du principe fondamental d'une société républicaine".

Il reproche notamment à Emmanuel Macron, depuis sa prise de fonction en 2017, de ne pas avoir mis en place la moindre politique de mixité sociale, arguant que ce concept semble être même ignoré par les gouvernements successifs qu'il a nommés : "Pour lui (Emmanuel Macron, NDLR), la mixité scolaire et sociale n'existe pas, c'est la raison pour laquelle vous n'entendrez jamais ce terme de sa bouche. Nous avons eu à la tête de l'un des plus grands ministères (celui de l'Éducation nationale, NDLR), que des personnalités pour qui, l'école de la République, ne veut rien dire. Bien au contraire." Un sujet particulièrement d'actualité, amplifié par les récentes controverses autour de la décision de l'ancienne ministre de l'Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, d'avoir choisi l'enseignement privé pour la scolarisation de ses enfants.

Yannick Trigance (à gauche) et Arnaud Bord (à droite).  • Photo Louis Valat

Pour appuyer ses arguments, Yannick Trigance souligne les disparités marquées entre l'enseignement privé et public, en citant des statistiques : le privé accueillerait 40 % d'enfants issus de milieux très favorisés, contre seulement 18 % d'enfants issus de milieux défavorisés. Tandis que dans le public, ces chiffres seraient respectivement de 19 % et 42 %. Une tendance qui, selon Yannick Trigance, ne cessera de s'accroître au vu des annonces faites pour la rentrée 2024 et la mise en place de groupes de niveau pour les 6e et 5e, une décision qu'il juge être une "hérésie", fortement contestée également tant par les pédagogues que les équipes éducatives et les syndicats. Il critique également l'introduction de l'uniforme scolaire par le gouvernement Attal, affirmant que celui-ci "privilégie les dépenses pour des uniformes" au détriment des aides aux élèves issus de milieux défavorisés, qu'il "diminue", à l'instar des fonds sociaux destinés à payer la cantine des élèves dans le besoin. 

"Aujourd'hui, l'éducation prioritaire représente 1,7 millions d'élèves en France, pour un budget total de 37 millions d'euros. Si on fait le calcul, l'État investit 18,80 euros pour chaque élève par an. Si je prends le budget des classes préparatoires soient 85 000 étudiants, le budget alloué est de 78 millions d'euros, ce qui fait par étudiant 843 euros. Où mettons-nous l'argent public ?"

Yannick Trigance, Secrétaire national du Parti socialiste à l'Education

Une fois le tableau dressé par Yannick Trigance de la situation actuelle et de la politique menée par le gouvernement Attal et les anciens en matière d'éducation, Christiane Thomas est revenue, juste avant de donner la parole à l'assemblée présente, sur la poursuite du chantier pour la refonte de la carte scolaire des collèges destinée à répondre à cet enjeu.

La carte scolaire comme solution ?

La carte scolaire est un système d'affectation des élèves dans les écoles, collèges ou lycées publics en fonction de leur lieu de résidence géographique. Dans le Gard, le Conseil départemental mène un chantier sur cette question depuis près de dix ans, ce qui permet de revoir la sectorisation des collèges en favorisant la mixité des origines et des profils sociaux, comme l'explique Christiane Thomas, secrétaire de la section PS d'Alès. Ce travail a débuté à Nîmes et malgré les obstacles posés par la crise sanitaire et "la politique capitaliste de Droite", selon Laurence Baldit, maire communiste de La Grand'Combe et principale du collège Henri-Gamala, la question de la mixité sociale reste toujours largement en suspens.

Mais après l'expérimentation nîmoise - qui se poursuit toujours suite à la fermeture du collège Diderot à Valdegour en 2018 et au déplacement des élèves dans différents établissements de la ville, ainsi que la reconstruction récente d'un collège dans le quartier du Chemin-Bas-d'Avignon - des projets similaires sont actuellement en cours dans les collèges d'Anduze, de Saint-Jean-du-Gard et de Saint-Hippolyte-du-Fort, comme l'a indiqué Christiane Thomas. Ces initiatives ont pour objectif de veiller à ce que la mixité sociale ne soit pas négligée. Néanmoins, leur mise en œuvre est reportée à 2025 en raison de la "complexité" et de la "sensibilité" de cette question.

Les collèges alésiens concernés par ces questions de mixité scolaire

Le collège Alphonse Daudet à Alès. • Photo Elodie Boschet

Une fois ces projets réalisés, les collèges d'Alès suivants seront concernés par ce chantier : Diderot, Jean-Racine, Jean-Moulin et Alphonse-Daudet, car la question de la mixité sociale se pose dans ces quatre établissements publics. L'indice de position sociale - qui permet d'évaluer le statut social des élèves en se basant sur les professions et catégories sociales (PCS) de leurs parents - a été mesuré : en moyenne nationale dans les collèges, cet indice est de 103. À titre de comparaison, le collège Jean-Racine d'Alès a un indice de position sociale de 109, dépassant ainsi la moyenne nationale. En revanche, le collège Jean Moulin affiche un indice de seulement 72,5, ce qui représente un écart considérable de pratiquement 50 %, tandis que Daudet et Diderot se situent entre 80 et 86 sur l'échelle de l'indice de position sociale.

Pour parvenir à une réussite de ce chantier, il faut de la concertation entre tous les acteurs comme le souligne Christiane Thomas mais aussi des financements apportés par l'État : "Nous sommes le seul pays au monde, pratiquement, qui finance son principal concurrent à savoir le privé, à hauteur de 73 %, soit 8 milliards d'euros par an. Nous allons vers une vraie dérive de l'école de la République", estime Yannick Trigance. Selon le socialiste, la promotion de la mixité sociale doit être principalement soutenue par une politique gouvernementale orientée dans cette direction, mais également par la mobilisation des élus locaux, qui jouent un rôle essentiel sur leurs territoires. 

Louis Valat

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