ALÈS Les salariés de l'ex-Cora mobilisés pour réclamer une intégration au groupe Carrefour
Ce vendredi matin, une soixantaine de salariés de l’ancien hypermarché Cora, devenu Carrefour le 20 novembre dernier, se sont rassemblés devant leur magasin à Alès. Soutenus par l’Union locale de la CGT, ils dénoncent une inégalité de traitement avec les employés du groupe Carrefour et craignent une possible franchise à terme.
L’inauguration du nouvel hypermarché Carrefour avait pourtant démarré sous les meilleurs auspices. « Aucun licenciement, aucune crise à gérer », s’était félicité Max Roustan, maire d’Alès, lors de l'ouverture, en grande pompe (relire ici). Et, de fait, aucun poste n’a été supprimé. Ce jour-là, les employés avaient accueilli les clients dans une belle ambiance, ponctuée même d’applaudissements. Mais derrière cette apparente satisfaction, la réalité serait tout autre, selon Philippe Milesi, délégué syndical CGT et employé au service après-vente. « Cora est passé sous enseigne Carrefour, mais nous, les salariés, n’avons pas les mêmes avantages que ceux du groupe Carrefour », déplore-t-il.
Un différentiel salarial et social dénoncé
À l’origine de leur colère : le maintien des salariés de l’ex-Cora dans une entité juridiquement distincte du groupe Carrefour France Hypermarché. Selon la CGT, cet arrangement engendre des écarts significatifs en termes de rémunération et d’avantages sociaux. « Il y a une différence de 2 100 à 3 400 euros nets par an, primes incluses, pour un salarié à temps plein de niveau 2B entre Cora et Carrefour », souligne Philippe Milesi. L’écart du taux horaire serait de 8,3 %.
Les salariés déplorent également l’absence de certains avantages, tels que le 14ᵉ mois basé sur l’ancienneté ou une couverture plus favorable en cas de maladie. « Nous avons une carence d’une semaine avant d’être indemnisés, ce qui n’est pas le cas des salariés intégrés dans le groupe Carrefour », ajoute Philippe Milesi. À cela s’ajoute la suppression d'une remise sur achat de 12% sur le carburant dont ils ne bénéficient pas.
Un premier débrayage
Ce vendredi matin, les employés ont alors mené un débrayage de 9 à 11 heures, une première action symbolique pour alerter sur leur situation. Parmi leurs principales revendications : l’intégration donc des salariés et des magasins ex-Cora dans le périmètre direct du groupe Carrefour France Hypermarché, avec l’alignement des avantages sociaux et des conditions salariales. Au-delà des disparités actuelles, les salariés s’inquiètent pour l’avenir. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a annoncé en début d'année une stratégie visant à franchiser davantage de magasins dans les années à venir. « Ce qu’on craint, c’est qu’au bout de 15 mois, on devienne franchisés. Cela voudrait dire qu’on sortirait du groupe et qu’on perdrait encore plus d’acquis sociaux », avertit Philippe Milesi. Pour l’heure, la mobilisation reste limitée, mais les employés n’excluent pas d’amplifier leur mouvement si leurs demandes ne trouvent pas d’écho.
Dernière minute
Réactif, le groupe Carrefour a souhaité réagir : « Depuis le rachat de Cora par Carrefour, tous les emplois en magasin ont été maintenus et les activités exercées restent inchangées. Nous sommes déterminés à accompagner chaque collaborateur dans cette transition et à créer un environnement de travail où chacun est fier de contribuer à ce nouvel ensemble. Le dialogue social engagé depuis juillet avec les instances représentatives s'est révélé constructif, et nous avons l'intention de le poursuivre dans cette dynamique. »