Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 25.09.2025 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 1753 fois

FAIT DU JOUR Andrée, 86 ans : la maison de ses rêves vire au cauchemar

Devant la maison d'Andrée avec sa fille, Patricia

Devant la maison d'Andrée avec sa fille, Patricia

- Coralie Mollaret

Depuis presque quinze ans, Andrée et sa fille vivent un véritable enfer. Construite sur un terrain argileux, sa maison se fissure au gré des sécheresses et des pluies. En pleine bataille avec son assurance, l’octogénaire lance un appel de détresse. 

Sa maison de plain-pied, Andrée et Pierre-André L’Épée, « le grand amour de sa vie », l’ont rêvée. Arrivés à Saint-Hippolyte-de-Montaigu en 1995, l’avocat retraité et sa femme, qui était aussi sa secrétaire, recherchaient une maison pour savourer leur retraite. « On en a visité une centaine ! Pierre-André voulait une maison de plain-pied pour vieillir paisiblement… » Le coup de foudre arrive chemin des Sources : une villa des années 80, d’un peu plus de 100 m², face à un terrain non constructible. Banco ! Le couple saute sur l’occasion. Ils posent leurs valises, réalisent quelques travaux et, ensemble, écrivent un nouveau chapitre de leur histoire.

Une maison « lézardée »

« On appelle ce chemin ‘chemin des Sources’ parce que l’on peut voir des sources jaillir lorsqu’il pleut », raconte la fille d’Andrée, Patricia. Un détail qui a son importance... En 2009, la retraite rêvée tourne au cauchemar… Un épisode de sécheresse s’abat sur le Gard. Saint-Hippolyte-de-Montaigu « est classée en catastrophe naturelle par un arrêté », indique Patricia. Construite sur un terrain argileux, la bâtisse se met à se lézarder : « Sous la maison, c’est de la glaise qui a fortement rétréci pendant la sécheresse et gonfle lors des pluies. »

À ce phénomène naturel s’ajoute une problématique plus technique : « La dalle de la maison n’est pas solidaire des fondations… », soupire son gendre, Dominique. Du coup, « c’est comme un ascenseur. Le sol est poussé par la glaise. Selon la météo, il monte et descend. Sauf que les murs, eux, ne suivent pas, entraînant de grosses fissures. » À l’intérieur de la maison, ces brèches glacent le sang. Lors des averses, l’eau s’infiltre dans les murs, les portes… « Je ne peux même plus fermer la porte des toilettes », poursuit l’octogénaire.

Échec des premiers travaux de consolidation

En 2011, leur compagnie d’assurance finance des travaux de consolidation et d’embellissement pour combler les fissures. Leur montant : autour de 170 000 €. Andrée et sa famille pensent être alors tirés d’affaire. Mais quelques mois plus tard, le cauchemar recommence… Joint par nos soins, l’assureur soutient : « Les travaux n’ont pas été correctement effectués et les dégâts de la maison n’ont pas été stabilisés. »

Quelques mois plus tard, de nouvelles fissures apparaissent. L'enfer urbanistique recommence. « J’ai tellement pleuré… Maintenant, j’ai peur, mais je suis aussi déterminée », confie-t-elle. Deux ans plus tard, en 2013, la compagnie d’assurance finance de nouveaux travaux, réalisés cette fois par des entreprises « qu’elle nous a conseillées », pense bon de préciser Patricia. Les travaux de carottages et les micropieux sont installés plus en profondeur. Mais rien n’y fait… Quelques mois plus tard, rebelote : de nouvelles fissures apparaissent.

« Ces seconds travaux ont été stoppés lorsque toutes les parties ont été assignées par l’avocat de notre assurée, en 2022, au motif que la maison serait construite en béton cellulaire et que la seule solution est une démolition et une reconstruction », avance l’assurance. Andrée et sa fille poursuivent : « La compagnie veut que nous signions la fin du chantier pour démarrer les travaux d’embellissement. Nous refusons de le faire. Ça ne sert à rien de dépenser de l’argent pour des murs qui se fissurent à nouveau », poursuit sa fille.

Un rapport de l’expert au 31 décembre

Entre-temps, une triste nouvelle s’abat sur Andrée : le décès de son époux, Pierre-André. À 86 ans, cette femme de caractère est plus que jamais déterminée : « Il faut que ça bouge. Il faut que la compagnie démolisse et reconstruise la maison, c’est la seule solution. Ici, c’est chez moi. J’ai tous mes souvenirs. Je vis avec mes souvenirs », lance-t-elle, droite, appuyée sur sa canne, les yeux tournés vers la multitude de photos de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants. En l’absence de consensus, Andrée et son avocat ont demandé l’intervention d’un expert auprès du tribunal de Nîmes.

Le rapport définitif doit tomber avant le 31 décembre. « La situation de notre assurée est dépendante de cette expertise », poursuit son assureur qui, après notre sollicitation, a proposé une solution de relogement à Andrée. En attendant, son avocat, Me Gregory Hanson rappelle : « Andrée vit une vraie souffrance. Nous avons une personne âgée qui ne va pas en rajeunissant. Sa maison est dans un état lamentable. Ce qui ne l’aide pas, tant au niveau de sa santé physique que mentale. » L’assureur va-t-il trouver une solution ? Affaire à suivre.

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Coralie Mollaret

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