VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Roger Pouget : « Mon handicap n’en a jamais été un »
À 75 ans, le Villeneuvois Roger Pouget, après une longue et riche carrière qui l’a vu passer par l’horlogerie, le monde du luxe et celui de la radio à Avignon, retrace son parcours dans un livre : « Châtelain à 14 ans, quand le handicap devient un privilège ».
C’est l’histoire d’un gamin d’une famille modeste de Carpentras, qui attrape la poliomyélite à 2 ans à peine. « Dans ma rue, on était neuf à l’avoir eue », se souvient-il. Si les huit autres enfants s’en tirent bien, Roger Pouget se retrouve paralysé des jambes au tout début de l’année 1950. À cette époque, les enfants touchés par la « polio » sont envoyés à l’hôpital. Roger Pouget atterrit dans un institut tenu par des bonnes soeurs à Palavas. « C’était très dur, les séances électriques, les massages », rejoue-t-il, témoignant d’une époque révolue mais pas si lointaine qui avait aussi ses bons moments.
Il sort de cet institut à 11 ans, « presque analphabète, on ne se préoccupait pas tellement des études des enfants dans ces endroits », commente-t-il. Son père le verrait bien réparateur de machines à écrire ou cordonnier, mais l’adolescent, qui ne veut pas avoir les mains sales, se rêve « artiste, acteur de théâtre. » Pas un vrai métier aux yeux de ses parents, qui lui dégottent une école horlogère ouverte aux handicapés à Paris. « On était 120 gamins dans un château de 40 pièces qui avait été donné à l’Association des paralysés de France », pose-t-il, se rappelant « des gens extraordinaires, une ambiance drôle, intelligente, subtile », sur place.
« Je me suis construit à l’hôpital et dans cette école », affirme-t-il, justifiant la place donnée dans son livre à ces deux lieux. Puis, pas encore majeur, il part à Annecy pour devenir « horloger le jour, animateur de cabaret la nuit », puis s’installe en Suisse, à Genève, pour travailler chez Patek Philippe grâce à des papiers falsifiés. « Et entretemps je faisais des spectacles, notamment un stage avec le mime Marceau », sourit-il.
« Un danseur de rock’n’roll avec une jambe raide »
Cependant, il commence à s’ennuyer dans son métier. De retour en France, il devient le premier commercial des montres Cartier, gagne très bien sa vie, avant de se faire virer et monter un magasin de montres dans un centre commercial à Nice. Au bout de quatre ans, l’ennui revient. Roger vend son affaire, fait un peu de commerce de diamant, avant d’avoir un jour une révélation dans un avion. « Je vois un mec avec un papier sur lequel il y a écrit ‘NRJ’, il me dit qu’il cherche des franchises en Province », rejoue-t-il. Roger Pouget choisit Avignon, non loin de ses parents. Nous sommes au mitan des années 1980, les radios libres sont en plein boom, et il monte donc une antenne NRJ dans la cité des papes qu’il finit par revendre au groupe NRJ en 2000, pour aller monter une radio en Côte d’Ivoire puis tenter une expérience en tant qu'importateur d’oeuvres africaines. Deux échecs. « On apprend plus des échecs que des succès », martèle-t-il.
Et le handicap dans tout ça ? « Mon handicap n’a jamais été un handicap, pour moi ça a même été un privilège », estime-t-il, se rappelant de son passé de « danseur de rock’n’roll avec une jambe raide ». En tout cas, son handicap n’a jamais limité ce séducteur invétéré : « J’ai voyagé, joué au golf, traversé deux fois l’Atlantique en voilier, fait le rallye du Maroc en quad », énumère-t-il. Du reste, il continue à se balader avec sa grosse moto à trois roues aujourd’hui, malgré son âge et un handicap plus présent qu’auparavant.
Même si son livre est un retour vers le passé, « ce qui m’intéresse, c’est demain », affirme Roger Pouget. Et notamment de transmettre son parcours à son petit-fils de tout juste un an. Un récit inspirant, que Roger Pouget dédicacera à l’occasion de deux rencontres, le lundi 12 juin de 18 heures à 21 heures au troquet de la Tour, place Charles-David à Villeneuve, et le jeudi 15 juin de 18 heures à 21 heures au bar la Comédie place Crillon à Avignon. Le livre sera en vente à ces deux occasions au prix de 10 euros. Il l’est aussi par correspondance en écrivant à Roger Pouget : pougetro@yahoo.fr.
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