Après une belle carrière à Chambéry et en équipe de France, l’ancien pivot nîmois est revenu dans son club formateur en 2021 et il vient d’être nommé entraîneur de l’USAM Nîmoises pour la saison qui débutera en septembre. Si l’homme est réservé et discret, le technicien est déterminé tout en restant humble face à son nouveau défi. Rencontre avec un enfant de Nîmes qui n’a rien oublié des belles années de Pablo-Neruda, de la coupe d’Europe dans les arènes et de ses copains chez les Verts.
Un jour de 1993, dans un Pablo-Neruda incandescent, l’USAM remporte le titre de champion de France et terrasse son grand rival, l’OM Vitrolles. « Les Nîmois fous de joie, les Marseillais foudroyés », s'emporte Max Provence, le journaliste du service public. Parmi la foule en liesse de cette salle mythique, se trouve un jeune garçon âgé de 12 ans, qui vit un moment gravé à jamais : « Je me souviens du but de Saracevic qui donne la victoire à l’USAM. Je me rappelle de l’action de ma joie et celle de mes copains. C’était un sentiment d’appartenance à un groupe ». Le témoin en question, c’est Grégoire Detrez qui a connu une brillante carrière de handballeur et qui est le nouvel entraîneur de l’USAM Nîmoises. Dans les années 1990, c'est dans un environnement sportif que le Nîmois se construit. Avec un père international du rugby et qui évolue au RCN et une maman handballeuse, Grégoire grandit avec des ballons de toutes formes.
« L’un de mes meilleurs souvenirs est le titre de champion de France cadets »
« Je faisais parfois les déplacements avec mon père. Je partais le matin en bus avec les joueurs, je mangeais avec le groupe et je me cachais dans les vestiaires pour écouter les discours. Cela a développé chez moi mon envie de vivre le sport au niveau collectif ». Le jeune garçon touche à la natation et au football, mais la bascule se fait en 1992 quand sa mère l’oriente vers le handball à l’USAM. C’est le temps des premières émotions : « J’étais dans les arènes de Nîmes quand l’USAM a affronté Benfica, mais ce sont surtout les matchs à Pablo-Neruda qui m’ont marqué. » En équipe jeunes, Grégoire évolue et progresse avec Arnaud Vielzeuf, Jean-Philippe Haon et Bertrand Vial. « L’un de mes meilleurs souvenirs est le titre de champion de France cadets ». Tous joueront en professionnels et le tour de Grégoire arrive en 1999 : « C’était contre Angers et Boro Golic, l’entraîneur, avait fait appel à moi en raison d’une blessure de Christophe Chagnard. À l’époque, j'étais en première au lycée Daudet. »
« Nous étions en vert et contre tous »
À ce moment-là, au poste de pivot, il y a déjà Jérôme Chauvet qui n’a pas l’intention de laisser sa place : « Quand je l’ai vu arriver, j’ai vu un gros concurrent, mais j’ai vite compris que ma dernière mission de joueur était d’accompagner cette pépite », se souvient celui qui est désormais le manager général de l’USAM. À partir de là, le pivot porte le maillot Nîmois jusqu’en 2008. « On avait le plus petit budget. Nous étions en vert et contre tous », formule joliment Detrez. Au Parnasse, le Nîmois bénéficie du soutien de Jérôme Chauvet et de Yann Balmossière qu’il retrouve aujourd’hui. C’est à Nîmes que Grégoire décroche ses premières sélections en équipe de France, mais pour franchir un cap, il faut couper le cordon avec la cité des Antonin, les copains et la famille. C’est à Chambéry, entraîné alors par l’ancien usamiste Philippe Gardent, que le Nîmois pose ses valises dans l’un des deux meilleurs clubs français du moment, avec Montpellier.
« J’étais ému et très triste de quitter ma vie nîmoise »
« J’étais ému et très triste de quitter ma vie nîmoise, mais je suis parti pour jouer la Ligue des champions. À Chambéry, j’ai consolidé ma place en équipe de France et j’y ai trouvé au niveau du handball ce que je cherchais. Cependant, je me sentais toujours nîmois, car même si je suis né à Clermont-Ferrand, je suis arrivé dans le Gard à l’âge d’un an. Je suis entièrement Nîmois ». Grégoire vit de grands moments avec les Bleus, mais son statut n’y est pas le même qu’en club. « C’était l’équipe qui gagnait tout. Déjà, être dans le groupe, c'était beau. Je jouais un rôle secondaire, que je ne remets pas en cause. Mais ce que je conserve le plus, c’est la vie dans les clubs de Nîmes, Chambéry et Chartres ». Après presque dix ans en Savoie, l’international français change de cap et il part à Chartres en D2. « Je n’y ai fait qu’un an, mais ça s’est très bien passé. Jérémy Roussel était un super entraîneur. Ce qu’il proposait me plaisait bien. Il savait nous surprendre. Le club était familial et en construction. On n’est pas monté en D1, mais je me suis réconcilié avec le handball après une dernière année à Chambéry qui ne s’était pas bien terminée ».
Une année au poste d’adjoint d’Antoine Soulier
Après cette ultime pige et à 37 ans, Grégoire Detrez tourne la page de sa carrière de joueur. « Je ne voulais plus entendre parler de handball », confesse-t-il. Mais il se ment ou il se trompe. Et après avoir repris pendant trois ans des études de psychologie à la Fac de Nîmes, Grégoire revient à ses premières amours. En 2021, il pousse les portes de l’USAM. Il y entraine d’abord la deuxième équipe des U18 et en parallèle les Cheminots Nîmois en régional. L’ancien pivot des Verts fait ses gammes avec les jeunes avant de passer un nouveau palier. « Au bout de deux ans, j'ai fait la demande au club d’intégrer une équipe de performance et je suis rentré dans le staff des Nîmoises la saison dernière en N1. J’étais entraîneur adjoint d’Antoine Soulier, chargé de la défense, de la remontée de balle, des -22 ans et de l'analyse vidéo ». L’année est formatrice et couverte de succès puisque l’équipe féminine de l’USAM monte en D2F et remporte la coupe de France fédérale.
Le pivot nîmois avec l'équipe de France
• Photo ; maxppp
« Il va écrire de grandes pages dans le handball féminin ou masculin »
Mais l’entraîneur des Nîmoises ne possède pas les diplômes indispensables pour le deuxième niveau du handball français et il est orienté vers les équipes jeunes masculines. Pour le remplacer, c’est donc Grégoire Detrez qui est choisi. « Il va devenir un grand entraîneur. Il est malade du travail et il va écrire de grandes pages dans le handball féminin ou masculin », explique Jérôme Chauvet. Le nouveau coach va connaître son premier poste d’entraîneur principal au haut niveau, mais il n’arrive pas en terre inconnue : « Les joueuses connaissent ma manière de travailler. Je suis rigoureux sur l’aspect tactique, mais j’ai aussi envie que les joueuses apportent de la liberté et de la compétence. » Au mois de septembre, et 26 ans après ses débuts de joueur, Grégoire Detrez va se lancer dans une nouvelle aventure avec le soutien de son président : « Derrière ce côté extrêmement timide et discret, il y a un monstre de travail et une grande dimension humaine. C’est un enfant de l’USAM, un féru de tactique, de finesse et de stratégie. »
Grégoire Detrez arrive déterminé, mais avec beaucoup d’humilité. « J’ai hâte d’y être ». Comme une passerelle entre la section masculine et la féminine, l’arrivée de l’ancien pivot à la tête des Nîmoises est l’illustration que le passé peut parfois aider à construire l’avenir.
Né le 22 mai 1981 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Poste : Pivot. Clubs USAM Nîmes Gard (1999-2008), Chambéry Savoie HB (2008-2017) et Chartres MHB (2017-18). International français de 2005 à 2013 (55 sélections). Palmarès : vainqueur du championnat de France de D2 en 2001 (avec l’USAM), élu meilleur pivot du championnat de France en 2011, vainqueur du trophée des champions en 2013 (avec Chambéry) et champion d’Europe des Nations en 2013 (avec l’équipe de France).
L’USAM Nîmoises 2025-26
Le staff : Grégoire Detrez (entraîneur principal), Elvine Granier (entraineur adjointe), David Morel (préparateur physique), Karine Zucker et Loic Reynard (entraîneurs des gardiennes) et Thierry Pachaire (intendant).
L’effectif : Les gardiennes de but : Laurie Carretero-Fontaine et Louane Degermann.
Les arrières gauches : Anna Hantz, Marjorie Demunck et Kincso Gerhath.
Les demi-centres : Juliette Biscuit et Mouna Chebbah.
Les arrières droites : Leslie Renault, Sam Priou et Kafiné Bamba
Les ailières gauches : Lily Baldet, Lola Brun et Léa Biscuit.
L’ailière droite : Noémie Artaud.
Les pivots : Chloé Roelandt, Melissa Curabec et Zeïna Raymond-Harek