Gwennaëlle, Rudy Balcerek et leurs enfants, Jules et Hugo, sont sur le départ. Le 7 juillet 2025, ils s’envoleront pour l’Afrique du Sud, première étape d’un tour du monde qui durera un an. Un projet de longue date imaginé par le couple, mais écrit et construit à huit mains depuis plusieurs mois.
Des projets, tout le monde en a plein la tête. Trop bien rangés dans les tiroirs du cerveau ou enfouis sous les banalités, les tracas du quotidien ou les excuses. Ce n’est pas le bon moment… Le train passe et le temps avec. Tant pis, tant mieux. Et puis parfois, certaines épreuves de la vie font voler en éclats toutes les craintes, les prétextes. Gwennaëlle et Rudy peuvent en témoigner. Un dimanche de novembre 2023, le trentenaire est hospitalisé au service de réanimation du CHU de Nîmes. « Ça a commencé comme une grippette, il souffrait de maux de tête, il toussait », rembobine son épouse. Suite à une consultation d’urgence dans une maison médicale, l’homme est mis sous oxygène et transporté à l’hôpital. « À 18h, je reçois un appel d’une infirmière qui me dit que l’état de mon mari s’aggrave, qu’il faut le transférer en réanimation. »
Gwennaëlle se souvient très exactement de ce moment : « Mes fils jouaient et riaient dans la salle de bain. » Face à elle, la vie. À l’autre bout du fil, la mort. Car le pronostic vital de Rudy est engagé. Le patient, alors âgé de 37 ans et sans antécédents médicaux, subit toute une batterie de tests. « Ce n’était pas le Covid, pas la grippe. Ils éliminaient au fur et à mesure les pathologies sans trouver ce qu’il avait. » Les heures défilent, la maman s’organise, à la fois morte de trouille et solide comme un roc. « On n’est jamais préparé à ce genre de choses, explique-t-elle. Le cerveau se déconnecte, une carapace se forme, on entend des choses mais on n’imprègne rien. » Et en même temps, on s’accroche au moindre petit signe, de ceux qui vous convainquent de garder espoir. Ce petit signe, Gwennaëlle l’a aperçu, simplement en tournant la tête : « Le service de réanimation est au même niveau que celui de l’Assistance médicale à la procréation. » Une autre épreuve traversée par ces deux Gardois, quelques années plus tôt. « Prêts à tout pour devenir parents », tel est le titre du livre sorti en 2021, écrit par la jeune femme « comme un exutoire et afin d’exprimer des choses ressenties, pas forcément compréhensibles pour l’entourage », expliquait-elle il y a quatre ans dans nos colonnes. Un texte nécessaire aussi pour aider et accompagner les couples engagés dans ce processus de PMA, ne rien leur cacher.
Après 48 heures d’angoisse, le diagnostic tombe. Rudy souffre d’une infection pulmonaire due au mycoplasma pneumoniae, une bactérie parasite. « L’un des poumons n’était plus qu’à 50 % de ses capacités, rapporte la Nîmoise. Par chance, le traitement antibiotique qu’ils lui donnaient était compatible avec cette bactérie. Au bout de cinq jours, dont deux passés à l’unité des maladies infectieuses et tropicales, il était sorti d’affaire. » Le dénouement de cette parenthèse douloureuse est heureux. Le couple peut en ouvrir une autre, plus joyeuse, avec la complicité de leurs enfants, Jules, âgé de 9 ans et Hugo, 3 ans. La famille, davantage soudée, écrit en ce moment même un nouveau chapitre, hors des sentiers battus. « Le premier soir d’hospitalisation de Rudy, le dimanche, quand je suis rentrée à la maison, je me suis assise sur mon canapé, j’ai regardé tout autour de moi et je me suis dit que tout ce que j’avais, une jolie maison, une belle voiture, etc., sans mon mari, tout ça ne valait rien. »
Alors les Balcerek ont décidé de tout plaquer pour s’offrir les biens les plus précieux à leurs yeux : des souvenirs, des instants de partage, de complicité. Et cela grâce à un tour du monde qui durera un an. La maison est vendue, la voiture le sera. Lui, employé dans le secteur commercial, renonce à son CDI, elle, salariée à l’École supérieure des beaux-arts à Nîmes, se met en indisponibilité… « C’est un projet de longue date qui se concrétise et que nous organisons avec nos enfants. » Jules, qui plus grand souhaite devenir vétérinaire, rêve d’un safari. Le point de départ de ce grand voyage sera donc l’Afrique du Sud. Puis direction l’Amérique du Sud, le Brésil, le Pérou, la Colombie. La famille poursuivra son chemin en Polynésie française, avant de parcourir l’Asie et de découvrir le Japon, la Chine, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, la Malaisie, le Sri Lanka, Singapour et l’Indonésie. Le quatuor, équipé de sacs à dos, prévoit de passer environ un mois dans chaque pays. « Mais nous n’avons pas pris nos billets à l’avance, nous nous adapterons, on veut garder de la flexibilité, n’avoir aucune obligation ni frustration », souligne Gwennaëlle.
La jeune femme passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, suit des familles déjà sur le terrain, à l’affût du moindre petit conseil, des erreurs à ne pas commettre. « Déjà, on s’enrichit de tout ça, je passe des soirées à échanger avec des familles, on a créé des liens, c’est une communauté que j’avais sous-estimée. » Communauté à laquelle les Balcerek, surnommés la Cat Family, appartiennent désormais : @cat_family_autourdumonde. Bien sûr, les aventuriers raconteront leur périple sur la toile : leurs découvertes, leurs rencontres, leurs galères aussi ; ils ne se font pas d’illusions. Dans ces moments-là, ils pourront compter sur leur sens de l’humour, mis à l’épreuve lors de l’hospitalisation de Rudy mais toujours présent. Gwennaëlle s’y était raccrochée, pour son mari, ses enfants, pour elle. Dès qu’elle le pourra, la famille laissera une trace de son passage en différents points de son itinéraire, grâce à des autocollants qu’elle a fait faire à son effigie.
Et l’école dans tout ça ?
« Je savais que vous me poseriez la question, tout le monde me la pose ! », s’amuse la trentenaire. À la « rentrée » de septembre, Jules sera en CM2, et Hugo en moyenne section de maternelle. Pour ces deux garçons, l’école se fera sur la route, et la maman tiendra le rôle de maîtresse pendant quelques mois. L’aîné, scolarisé à l’école Notre-Dame à Caissargues, mènera un projet de classe, faisant découvrir à ses camarades gardois toutes les beautés, les spécificités et les spécialités culinaires des différents pays qu’il traversera. « Nous voulions que Jules garde un lien avec ses copains. Lorsque j’ai évoqué notre projet auprès de sa maîtresse, elle s’est montrée véritablement enthousiaste et a même décidé d’adapter certains de ses cours à ce tour du monde », se réjouit Gwennaëlle. Et elle poursuit : « Ce voyage, ce n’est pas un caprice d’adultes, mais je pense que c’est un beau cadeau que nous nous faisons, que nous faisons à nos enfants, pour qu’ils s’épanouissent et qu’ils gagnent confiance en eux en découvrant autre chose. » Le départ est prévu le 7 juillet 2025.